Le Père Guinot, né en 1958, ordonné prêtre en 1985 pour le diocèse de Sens-Auxerre, après avoir suivi un premier cycle de séminaire à Dijon, puis la suite au Séminaire des Carmes (Institut Catholique de Paris), termine sa mission de formateur au séminaire inter-diocéain d’Orléans. Il explique :
Le plus important dans les responsabilités de formateur de séminaire, c’est l’accompagnement de la progression des séminaristes, à tous les niveaux : humain, spirituel, intellectuel (tutorat notamment), pastoral, et dans la vie communautaire. Tout cela suppose, sans entrer dans le détail, des compétences spécifiques pour lesquels les formateurs sont eux-mêmes formés.
Un formateur de séminaire doit particulièrement être attaché à son Église, fidèle à sa vocation, et doit essayer de montrer un bon exemple. Et il faut être soi-même, ne pas jouer artificiellement un personnage. C’est vrai pour tout prêtre, mais ça l’est d’autant plus fortement lorsqu’il est formateur de futurs prêtres. L’attention personnelle à chaque séminariste est fondamentale, en étant à l’écoute, rassurant lorsqu’il le faut, aidant tel ou tel à progresser dans sa vocation, parfois à modifier son orientation de départ. Ce qui veut dire être pour chacun à l’écoute de l’Esprit, car il n’existe jamais deux trajectoires identiques.
Voici, selon lui les défis auxquels font face les séminaristes aujourd’hui :
Un premier enjeu, celui de la diversité culturelle croissante dans la communauté du séminaire, mais aussi dans nos paroisses. C’est un vrai défi à relever, par ailleurs passionnant. Autre enjeu, la formation doit aider chacun à bien se connaître lui-même, dans un monde aux innombrables sollicitations de toutes sortes.
Autre enjeu encore, développer une vision plurielle de l’évangélisation et de la mission, car dans une société où la pratique religieuse et la culture chrétienne ont reculé, le témoignage de foi est plus important que les méthodes pastorales, fussent-elles bonnes, car si le témoignage s’exprimait toujours sur les mêmes modes, il ne pourrait pas rejoindre toutes les « périphéries ». Autre enjeu enfin (j’en oublie sûrement), la crédibilité de notre attachement au Christ passe par une formation philosophique et théologique solide pour tous, même si tous ne sont pas d’abord des intellectuels.
Et voici ses conseils aux futurs prêtres :
Ce qui me vient à l’esprit, c’est : garder de vrais amis, pas nécessairement chrétiens pratiquants, et leur être fidèle ; garder si possible des liens avec sa famille ; avoir un accompagnateur spirituel, surtout dans les premières années de ministère ; autant que faire se peut, avoir une équipe de vie composée de quelques prêtres ; aimer les gens en général et le presbyterium en particulier… et écouter la sagesse des anciens, liée à leur expérience ; demeurer fidèle à la liturgie des heures, quitte à tâtonner un peu au début (l’office célébré seul y oblige) ; prendre un engagement dans la société, dans un esprit de gratuité (vie associative par exemple), sans pour autant se laisser manger… ; lire régulièrement ; s’octroyer quelques loisirs, qui obligent à bouger physiquement. Tenir tout cela est une question d’équilibre de vie sous le regard du Seigneur, donc de discipline et d’exigence personnelles.