Alors que des rumeurs sur une prochaine interdiction de la messe traditionnelle se répandent, le supérieur du district de France de la Fraternité Saint-Pie X, l’abbé de Jorna, évoque dans La Lettre aux amis et bienfaiteurs de juin 2024 d’éventuels sacres :
« le 30 juin 1988, Monseigneur Lefebvre réalisait « l’opération-survie » de la Tradition catholique en sacrant quatre évêques auxiliaires. Ces évêques, qui étaient assez jeunes à l’époque, le sont évidemment moins trente-six ans plus tard. La situation ecclésiale ne s’étant pas améliorée depuis 1988, il s’avère nécessaire de songer à leur donner des aides, qui deviendront un jour leurs remplaçants. Lorsqu’une telle décision sera annoncée par le Supérieur général, il faut s’attendre à un déchaînement médiatique contre les « intégristes », les « rebelles », les « schismatiques », les « désobéissants », j’en passe et des meilleures. A ce moment, nous aurons à affronter les contradictions, les injures, les mépris, les rejets, peut-être même des ruptures avec des personnes proches. »
Agé de bientôt 73 ans, l’abbé de Jorna est supérieur du district de France depuis le . Après ce mandat de 6 ans, il pourrait passer la main cet été. Au-delà de la probabilité qu’il y ait prochainement des sacres, qui finiront forcément par arriver puisque les évêques actuels ne sont pas éternels, et que de nouveaux sacres ne soient pas approuvés par Rome, ce qui est probable, mais incertain étant donné que le pape François est imprévisible, capable de tout et qu’il nous a déjà surpris par ses décisions en faveur de la FSSPX (baptêmes, confessions, mariages), l’enjeu pour la Fraternité Saint-Pie X est de ne pas les faire passer pour une normalité, comme si une Fraternité pouvait se donner des évêques, indépendamment de Rome. Depuis 1988, la situation canonique ne s’est pas normalisée, tandis que de nombreux fidèles n’ont connu que cette situation, risquant de verser dans un sédévacantisme de fait (certains parlent d’un ecclésiovacantisme).
L’abbé de Jorna s’adresse aux jeunes qui n’ont pas connu les temps épiques des bagarres et des divisions, des messes à des km ou des rares écoles attachées à la Tradition. Ces sacres, s’ils ont lieu sans mandat pontifical, ne peuvent pas apparaître aux yeux des fidèles comme une chose “normale” et la FSSPX ne peut banaliser cet acte, comme l’a fait à maintes reprises Mgr Williamson en sacrant quasiment à la chaîne (en 2015, l’abbé Jean-Michel Faure, en 2016, le Brésilien Miguel Ferreira da Costa, connu sous le nom de père Thomas d’Aquin, en 2017 le Mexicain Gerardo Zendejas, en 2021 l’abbé Giacomo Ballini, en 2022 l’abbé polonais Michał Stobnicki, puis fin 2023, sous condition Carlo Maria Viganò).
C’est pourquoi l’abbé de Jorna écrit :
“Pour eux, les évêques auxiliaires de la Fraternité Saint-Pie X sont une institution normale, ayant en quelque sorte toujours existé, sans qu’ils se posent la question de savoir quand et comment ils furent consacrés.”