En mars dernier, le Vatican a confirmé la révocation du curé de trois paroisses du diocèse de Papeete (Tahiti), le père Ato, suspendu par le diocèse pour abus de confiance et détournements de fonds.
Comme le rappelle la presse locale, “l’affaire a débuté en 2022 par des plaintes de fidèles issus des trois paroisses la presqu’île, celles de Taravao, de Toahotu et de Vairao, pour des soupçons de mauvaise gestion du budget. Ils ont demandé l’intervention de l’Archidiocèse de Papeete, qui a mené une enquête en interne. Au cours de leurs investigations, d’autres pratiques déviantes ont été relevées, ce qui a mené à une première révocation du Père Ato en octobre 2022. Ce dernier a fait appel de cette décision“, que Rome a confirmé en tous ses points, notamment la suspense. Néanmoins, il reste prêtre.
Comme l’explique le prêtre de la cathédrale de Papeete, “c’était une mesure [contre le Père Ato NDLR] qui avait été prise dans le diocèse il y a quelques mois, qui a été annoncée. Et dans l’église comme dans la société civile, un prêtre a le droit de faire un recours. […] Donc il a fait recours à Rome et Rome et bien là, a confirmé la décision de l’Archidiocèse. […] Ce sont des mesures dans l’église qui sont des mesures médicinales. C’est-à-dire qu’une sanction qui est donnée, elle n’est jamais définitive. Elle est dans l’espoir que la personne revienne dans un meilleur sentiment. Ce qui fut par exemple le cas du Père Colette en 1875 qui, quelques années après, reprend les baptêmes, reprend sa place dans l’église. Donc voilà donc c’est une mesure un petit peu extrême, c’est-à-dire quand on arrive plus à s’entendre et donc cette mesure a été prise. Elle est confirmée. Puisqu’elle est confirmée, il est nécessaire qu’elle soit publiée, pour que les fidèles sachent que désormais que le prêtre ne peut plus célébrer les sacrements. Et que si les fidèles assistent tout de même à leurs sacrements et bien ces sacrements ils se mettent en dehors de l’Eglise, voilà. Il est important de le publier pour que les fidèles sachent”.
Au tribunal pour 108.000 euros et un véhicule détournés
Cette affaire va avoir une suite au tribunal le 25 février 2025 – le prêtre va être jugé pour le détournement de 13 millions de francs pacifiques (108.000 euros) dont il a fait profiter des proches : “le père Noël Ato Nohotemorea aurait détourné un peu plus de 13 millions de francs au détriment du Camica, le conseil d’administration de la mission catholique de Tahiti, a indiqué, ce mardi, la procureure de la République Solène Belaouar. Une manne dont il aurait fait profiter plusieurs de ses proches : 4 membres de sa famille et une amie.
L’ecclésiastique se serait aussi approprié le véhicule d’une paroissienne d’une valeur de 3,3 millions après avoir “manipulé” la victime présumée. Pour ces faits, il est convoqué le 25 février 2025 au tribunal pour y être jugé pour abus de confiance. Il encourt 5 ans de prison. Les 5 proches qui auraient bénéficié de ses largesses sont également convoqués pour « recel » d’abus de confiance“.
Il est aussi accusé dans un volet distinct de l’enquête d’agressions sexuelles sur une femme majeure qui était hébergée dans son logement – cette enquête se poursuit en préliminaire.