Le titre de cet article pourra en surprendre plus d’un. Enfants comme parents se tournent rarement vers le Scoutisme pour y trouver une école de contemplation, mais bien plutôt un exutoire pour canaliser l’enthousiasme débordant de notre jeunesse… Et ils n’ont pas tort : seul le sport peut rivaliser avec la Méthode à cet égard. Elle cherche bel et bien à former des adultes adroits, travailleurs, ardents ; elle initie à l’activité manuelle aussi bien qu’à l’exercice de l’autorité ; elle favorise en un mot les vertus actives plutôt que les qualités passives qui relèveraient de la contemplation. Certes. Mais ces vertus n’y ont-elles aucun rôle ?
Tout d’abord l’examen de la pensée du fondateur révèle une place très importante laissée à l’observation. De ses années de brousse et d’espionnage, B‑P a tiré personnellement une extraordinaire capacité à relever les plus petits détails, depuis ses croquis sur la faune dans le maquis entourant son école jusqu’à l’appréciation du caractère d’un inconnu en fonction de son allure et de sa démarche – ce qui fut du reste à l’origine de son propre mariage… B‑P reste intarissable dans ses œuvres sur cette capacité à rester aux aguets, à se laisser enseigner par l’environnement, à exercer sa mémoire à retenir d’infimes renseignements. Que l’on se rappelle, évidemment, l’exemple de Kim, sans cesse proposé, et bien sûr le jeu du même nom, incontournable même pour les plus jeunes.
La contemplation commence par cela : non pas une fermeture sur soi-même, une continuelle observation de son nombril, mais une ouverture à l’extérieur, pour se laisser emplir de tout ce que le monde a à nous apprendre… Ainsi, l’un des fondamentaux du camp n’est autre que l’Exploration, qui n’est pas une promenade touristique mais une véritable découverte de la région, de ses habitants, de ses ressources, de ses activités, de son architecture. Combien de rapports d’Explo se contentent d’une chronique de marche illustrée des blagues diverses du boute-en-train… ! A nous, les Chefs, d’apprendre à apprendre, à « ouvrir les yeux et les oreilles » comme le dit si bien la Loi de la Meute.
Abbé Louis-Marie Carlhian, FSSPX
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