Dans le dernier numéro de l’Appel de Chartres (n°273, décembre 2023), le RP Martin, de l’Abbaye Sainte Marie de La Garde, évoque le mystère de Noël :
La célébration du mystère de Noël est une occasion unique pour contempler avec émerveillement et gratitude quelques bienfaits de la venue du Verbe de Dieu dans la chair !
Premier bienfait
En bonne théologie thomiste, il est la raison d’être de l’Incarnation : « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1, 14) pour nous sauver en nous réconciliant, nous pécheurs, avec Dieu. Par suite du péché originel, si la nature humaine, notre nature personnelle, n’est pas entièrement corrompue, elle est pourtant terriblement blessée dans ses forces même naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance et au pouvoir de la mort. Elle est inclinée au péché. Qui ne sent en lui-même cette inclination ? Nous avons donc un besoin absolu d’un rédempteur, qui expie et répare cette faute originelle, et tous nos péchés personnels. La sainte Écriture le dit sans ambages : « C’est Dieu qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. » (1 Jn 4,10).
Deuxième bienfait
Pour que nous connaissions l’amour de Dieu. L’Incarnation rend visible l’amour personnel de Dieu pour tout homme venant en ce monde. Il désire faire de chaque être humain un fils adoptif ; il désire l’appeler non plus serviteur mais ami ! « En ceci s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. » (1 Jn 4, 9) Et il nous a aimés jusqu’à l’extrême, jusqu’au don le plus précieux : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle ! » (Jn 3, 16).
Troisième bienfait
Pour être notre modèle de sainteté. Non pas selon notre imagination ou nos caprices. Regardons-le, et laissons-le peu à peu nous remodeler intérieurement et extérieurement.
Faisons nôtre cette bonne vieille prière : « Adorable Jésus, divin modèle de la perfection à laquelle nous devons aspirer, je vais m’appliquer, autant que je le pourrai, et avec l’aide de votre grâce, à me rendre semblable à vous : doux, humble, obéissant, chaste, zélé, patient, charitable et résigné comme vous ! ». Sa charité est la norme de la Loi nouvelle : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12), un amour qui implique l’offrande effective et totale de nous-même, à sa suite.
Quatrième bienfait
Pour nous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1, 4). Dieu, par son Fils, est venu nous tirer des abîmes du péché et de la mort, pour nous entraîner avec lui jusqu’au sein de sa vie intime et bienheureuse dans la gloire ! Ce dessein divin doit habiter notre cœur et notre âme, nous préservant d’un horizon de vie étriqué, sans élan, sans désir de dépassement ! Qu’est-ce qu’un homme véritable ? Sinon un être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, restauré par grâce dans sa beauté et sa dignité originelle, et plus encore : élevé à la dignité de fils adoptif du Père, de frère et membre de Jésus-Christ et temple de l’Esprit Saint ! Un être vivant, pleinement conscient de cette vie divine déposée en lui !
Au cœur de la liturgie de Noël, il y a cet « admirabile commercium — l’admirable échange. » Saint Thomas d’Aquin le ramasse dans un raccourci saisissant : « Le Fils unique de Dieu, voulant que nous participions à sa divinité, assuma notre nature, afin que Lui, fait homme, fit les hommes dieux ! » Seule notre foi catholique enseigne et propose cette vérité à tout homme venant en ce monde. Par le baptême et les autres sacrements, nous participons déjà à la nature divine ! Nous vivons de la vie même de Dieu déjà sur cette terre d’exil, avant-goût de la plénitude qui nous attend dans la vie éternelle : « Dieu tout en tous ! » dans une grande communion d’amour avec Dieu, Un et Trine, et entre nous !
Repassons dans notre âme, au pied de nos crèches, en compagnie de Marie et de Joseph, ces quatre bienfaits de la venue dans la chair du Fils éternel de Dieu. Les voici à nouveau : « Le Fils de Dieu s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie par l’opération du Saint-Esprit, pour nous les hommes et pour notre salut, pour nous réconcilier, nous pécheurs, avec Dieu, pour nous faire connaître son amour infini, pour être notre modèle de sainteté, et pour nous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1, 4) » (Abrégé du Catéchisme de l’Église Catholique, n° 85), puis laissons éclater le cri de réjouissance que le bon peuple chrétien poussait autrefois pour saluer un événement heureux : « Noël, Noël ! »
RP Martin (osb) de l’abbaye Sainte-Marie de La Garde
Rappelons que Notre-Dame de Chrétienté a lancé un péléthon pour être en mesure d’accueillir plus de Pèlerinage à la prochaine Pentecôte.