Donner pour thème au pèlerinage de Pentecôte 2024 : « Chercher Dieu », voilà un vaste programme ! Y ajouter « avec saint Thomas d’Aquin », semble même relever du défi !
Comment peut-on demander à des pèlerins qui marcheront pendant trois jours, sous le soleil ou dans la pluie, de méditer sur la Somme, le Contra gentes et autres traités théologiques ? Ces fantassins de la Pentecôte sont certes généreux, mais ils ne sont pas armés pour les joutes théologiques.
Ainsi s’exprimeront les pusillanimes, inquiets de voir le pèlerinage changé en congrès itinérant ou en colloque ambulant, ponctué d’instructions devenues des dissertations…
Âmes de peu de foi ! « Chercher Dieu avec saint Thomas d’Aquin » vous semble un thème trop élevé pour vous ? Reconnaissez néanmoins ce fait incontestable : tout le monde cherche. Reste à savoir quoi !
Les cupides cherchent de l’or ; les scrupuleux cherchent la petite bête ; les compliqués cherchent midi à quatorze heures… Il y en a même qui se cherchent et se recherchent, oscillant entre narcissisme et nombrilisme.
Et puis il y a « ceux qui cherchent Dieu, ceux qui cherchent la face du Dieu de Jacob. » (Ps 23, 6). Saint Thomas d’Aquin est de ceux-là, lui qui répondit à la question que lui posait le Seigneur :
– Tu as bien écrit de moi, Thomas, quelle récompense veux-tu que je te donne ?
– Pas une autre que vous, mon Seigneur…
Notre quête nous définit mieux que notre carte d’identité, mieux encore qu’une carte de visite avec ces titres dont nous nous prévalons. Dis-moi ce que tu cherches, je te dirai qui tu es. Tant il est vrai que « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6, 21).
Saint Thomas nous invite à nous mettre en quête de Dieu « de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit ». (cf. Mt 22, 37) C’était un grand savant, mais avant tout un saint ardent. Il ne recherchait pas « la science qui enfle », mais « la charité qui édifie » (1 Co 8, 1). Éclairé par la foi, embrasé de charité, il était trop intelligent des mystères divins pour être un intellectuel desséché sur ses livres racornis.
C’est cette sagesse supérieure que le pèlerinage 2024 nous fait rechercher, afin qu’elle transforme profondément notre existence de chrétien moyen, bouscule notre prière par trop routinière et nous fasse désirer cet « amour essentiel, logique de la foi cordiale et vivace » (Paul Verlaine).
Pour que nous puissions au terme de notre pèlerinage terrestre, chanter avec saint Thomas d’Aquin : « O Jésus, que je ne puis voir en ce monde qu’à travers un voile, apaisez, je vous prie, l’ardente soif qui me dévore ; faites-moi voir votre face adorable et que je sois heureux de la contemplation de votre gloire. » (Adoro te devote)
« O Jésus que je ne puis voir en ce monde qu’à travers un voile,
apaisez je vous prie, l’ardente soif qui me dévore ;
faites moi voir votre face adorable
et que je sois heureux de la contemplation de votre gloire » !
Comme c’est beau et magnifique ! Quel élan de l’âme et d’amour !
… Voilà qui est l’inverse du jeu de chaises conciliarobergoglien du synode sur la synodalité à se regarder en rond le nombril sujet hautement privilégié !