La Fraternité Saint-Vincent Ferrier a accueilli 3 postulants en octobre au Couvent Saint Thomas d’Aquin.
Les frères donnent la parole à un de leur frère, le frère François, rentré au Couvent il y a quelques années déjà après être sorti de Saint-Cyr :
Frère François, comment êtes-vous arrivé à Chémeré-le-Roi ?
J’ai grandi à Tours. Après une prépa scientifique au prytanée national militaire de la Flèche, j’ai intégré l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en août 2017. J’y ai obtenu mon diplôme d’officier. À la fin de ma formation, je suis entré au postulat de la FSVF.Depuis mon enfance, je songeais à être religieux – davantage qu’au sacerdoce qui m’apparaissait plutôt comme un complément normal de la vie religieuse. Toutefois ces pensées sont passées au second plan après mes années de lycée. J’appartenais à un petit groupe d’amis qui étions tous très attirés par l’idéal de la vie militaire, avec l’exigence et le don de soi qui la caractérisent. Tout en poursuivant cette orientation, je n’oubliais pas entièrement mon idée de vie religieuse, qui demeurait latente… mais très étouffée par les efforts que demande la préparation aux concours. La deuxième année en école a laissé plus de loisir à une réflexion. Je me suis finalement dit : « Avant de me lancer dans la vie professionnelle et de choisir définitivement un état de vie, je dois être fixé sur ce que le Bon Dieu attend de moi. »
Qu’est-ce qui vous a conduit à choisir la vie religieuse dominicaine ?
Suite à ces réflexions, j’ai décidé de faire une retraite de discernement au Couvent Saint-Thomas-d’Aquin en 2019. Cette retraite a lieu pendant la Semaine Sainte, ce qui permet de profiter de la liturgie du Triduum pascal, si évocatrice des mystères de notre foi. Pendant la messe vespérale du Jeudi saint, Dieu m’a alors « saisi ». Je me suis dit à moi-même : « Souviens-toi ce que tu voulais quand tu étais enfant. » En même temps, en voyant ces religieux, exemples concrets d’un tel choix, je me suis dit : « Pourquoi pas moi ? »
Il y a pourtant d’autres communautés…
C’est vrai. Mais ce qui m’a conquis dans l’idéal de saint Dominique, c’est la mission de défendre la foi, de promouvoir et de faire aimer la vérité. Ce besoin se fait tellement sentir au milieu de la confusion intellectuelle et religieuse de notre temps ! Pouvoir bénéficier d’une ligne claire en s’appuyant sur une grande tradition est source de vraie joie.
Pourquoi alors être frère convers ?
Les frères convers se dévouent davantage aux tâches matérielles de la maison et coopèrent à l’apostolat des pères. Actuellement, je reçois une formation d’organiste qui me permettra d’accompagner la liturgie. Mais mes tâches consistent principalement à faire la cuisine, à entretenir le jardin et le parc (soin des bêtes et du bois). C’est beaucoup de travail, mais qui est récompensé par un cadre de vie propice à la contemplation. Le convers ne prêche pas à la messe, n’écrit ni n’enseigne (sauf le catéchisme, ou quelques vidéos), mais il est prêcheur par son existence. Prêcher, en effet, ce n’est pas autre chose qu’exprimer extérieurement des convictions et des idées, dans le but de mener les hommes au Christ. Une vie donnée et unie à Dieu est en elle-même une prédication. De plus, comme membre d’un corps qui a pour fin la prédication en vue du salut des âmes, le frère convers est pleinement prêcheur.