Le cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral, a été interrogé sur le portail suisse Cath.ch. Extrait :
Le Synode est un merveilleux défi pour nous en tant qu’Eglise. Ce n’est pas un exercice facile, mais il vaut la peine d’apprendre ensemble comment nous pouvons mieux fonctionner en tant qu’Eglise pour remplir la mission que Jésus-Christ nous a confiée. […]
Pourquoi les femmes n’ont-elles alors pas la possibilité d’être ordonnées?
L’égalité des sexes dans l’Église ne vient pas de l’accès au sacerdoce, mais du baptême. Le baptême fait de nous des membres égaux de l’Église, égaux dans tous les aspects de la participation.
Cependant, les femmes qui en ressentent la vocation ne peuvent pas devenir prêtres.
Je crois qu’il y a toujours une idée démodée selon laquelle un prêtre ou un évêque est supérieur aux autres. Votre question est une question sociologique à laquelle l’Eglise ne peut donner qu’une réponse limitée qui ne vous satisfera probablement pas. Nous sommes désolés. Mais j’espère que vous apprécierez toujours davantage la vie réelle, la véritable Église, dans laquelle les hommes et les femmes ont la même dignité et collaborent sur un pied d’égalité.
Mais, alors que la vocation d’un homme pour la prêtrise est examinée par l’Église, celle d’une femme ne l’est pas. Il s’agit d’une discrimination structurelle.
Non, ce n’est pas une discrimination structurelle, c’est notre tradition que les femmes ne puissent pas devenir prêtres. Mais la tradition est dynamique. Elle est continue. Elle n’est pas statique. […]
Nous avons déjà de grandes différences au sein de l’Eglise universelle. Par exemple, les fidèles africains célèbrent l’Eucharistie différemment de ceux d’Europe. Le mot «catholique» implique que tout le monde est englobé. Il ne s’agit pas d’une uniformité. Il s’agit d’inclure tout le monde.
Comment est-ce possible?
Nous vivons déjà la dimension «catholique», qui est la diversité dans l’unité. Certaines différences vont peut-être s’accentuer à l’avenir et d’autres vont peut-être s’atténuer. Le Synode peut faire des propositions ou prendre des décisions à ce sujet. […]
Dans le Nouveau Testament, il y a l’apôtre Junia, transformée au Moyen Âge en un homme, Junas. Marie-Madeleine était appelée dans l’Église primitive «l’apôtre des apôtres» et le pape François l’a reconnue comme telle et l’a valorisée liturgiquement. En même temps, le Vatican dit qu’il n’y avait pas d’apôtres femmes. Qu’est-ce que cela signifie pour la femme d’aujourd’hui?
Quand on dit que Marie-Madeleine était «l’apôtre des apôtres», c’est tout un changement de perspective qui se reflète ainsi dans la liturgie. Le changement est donc en cours.
Le Concile Vatican II décrit l’Église comme semper reformanda. Ce principe est-il encore valable aujourd’hui?
Oui, l’Eglise est toujours en train de se réformer. Le programme de réforme n’est pas un moment où quelqu’un décide de changer une règle. Le programme de réforme est la croissance, la vie de l’Eglise elle-même, et cela se reflète dans son enseignement. La réforme n’a pas cessé, elle est en cours. Il y aura de nouveaux résultats. Mais quand on est au début d’un processus, comme le Synode sur la synodalité, on ne peut pas dire ce qui en sortira à la fin. […]