L’Union Lex Orandi communique:
« J’étais dans la joie quand on m’a dit ‘’Allons à la maison du Seigneur’’ »
Psaume 121
Ce verset du Psaume 121 est répété à deux reprises lors de la messe de Laetare du IVème dimanche de Carême. Ce dimanche 19 mars, il a été chanté avec ferveur à la chapelle des franciscaines de Saint Germain-en-Laye par la communauté des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle. Ils sont désormais accueillis de manière stable, suite à une décision de Monseigneur Crépy, Evêque de Versailles, qui confie aux prêtres de la paroisse la mission de célébrer pour eux selon le Missel de 1962.
Cette décision fait suite à plusieurs mois de discussions entre l’Abbé L’Hirondel, Curé de Saint Germain-en-Laye, Monseigneur Marc Boulle, Vicaire Général, Monseigneur Crépy, qui s’est personnellement impliqué pour aboutir à cette solution, avec les représentants de l’association « Saint Germain Hors les Murs », affiliée à l’Union Lex Orandi. L’un des négociateurs de cet accord nous en raconte la genèse :
« Il y avait très longtemps que des demandes étaient faites pour que le motu proprio de Benoît XVI soit appliqué à Saint-Germain-en-Laye. Ces demandes ont toujours rencontré un refus catégorique de l’ancien Evêque Monseigneur Aumônier, qui, tout en étant bienveillant, ne souhaitait probablement pas voir la liturgie traditionnelle s’étendre dans le diocèse. Mais quand l’église de Port-Marly, desservie par l’Institut du Christ-Roi, a été en travaux pendant plus d’un an, la communauté a été accueillie dans une église inoccupée de Saint-Germain-en-Laye. Quand les travaux ont été terminés, un certain nombre de fidèles de Saint-Germain-en-Laye ont renouvelé leur demande, mais nous nous sommes heurtés à un refus catégorique. Nous avons alors voulu manifester notre détermination. Un prêtre a accepté de célébrer une messe un peu clandestine, le dimanche matin, dans une chapelle inoccupée. Quelques semaines plus tard, nous étions plus d’une centaine. Le diocèse s’en est aperçu et a fait fermer les portes de cette chapelle. Et depuis le 21 juin 2020, la messe était célébrée dehors, devant les portes closes. Puis Monseigneur Crépy a été nommé Evêque de Versailles. Nous avons rapidement eu des contacts assez prometteurs. Depuis le 15 octobre 2021, des rencontres régulières ont eu lieu avec les autorités religieuses. Le 9 décembre 2022, Monseigneur Crépy nous recevait et nous invitait à avancer avec confiance pour trouver une solution à cette situation regrettable. Par la suite, la messe de minuit et la messe du jour de Noël dans le rit traditionnel ont été célébrées dans la chapelle des Franciscaines par Monseigneur Boulle, vicaire général, et l’abbé Soulez, vicaire de la paroisse. »
Et près de deux ans après le début de la messe célébrée « hors les murs », une solution a été formellement adoptée le jeudi 15 mars 2023 : « à partir du dimanche de Laetare, 19 mars 2023, avec l’autorisation de Monseigneur Crépy, évêque de Versailles, une messe traditionnelle sera célébrée les dimanches et fêtes à 11h30 dans la chapelle des Franciscaines, 89 avenue du maréchal Foch à Saint-Germain-en-Laye par les prêtres de la paroisse (suspension des célébrations en juillet et août) pour une période d’évaluation d’un an. Un premier point d’étape sera mené en juin 2023. »
L’association Saint Germain Hors les Murs a publié un communiqué indiquant : « Que soient vivement remerciés en premier lieu les intercesseurs que nous avons invoqués depuis des mois (en particulier Notre-Dame de Pontmain, Saint Joseph, Saint François de Sales, Saint Louis). Mais aussi tous ceux qui ont permis par leur prière d’abord, par leur action ensuite, de parvenir à ce résultat. Nous tenons à la fois à exprimer notre gratitude aux prêtres qui nous ont soutenus et à ceux qui nous ont entendus. Notre reconnaissance s’exprime tout particulièrement à l’égard de monseigneur Crépy d’avoir autorisé cette célébration dans le contexte difficile que nous connaissons depuis le 16 juin 2021.
Laetare Jerusalem : et conventum facite omnes qui diligitis eam : gaudete cum laetitia, qui in tristitia fuistis: ut exsultetis, et satiemini ab uberibus consolationis vestrae.
Réjouis-toi, Jérusalem ! et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez : soyez dans le bonheur réjouissez-vous avec allégresse vous qui avez été dans la tristesse : vous pouvez bondir de joie et vous rassasier du lait de consolation qui est pour vous. »
Le diocèse a également communiqué sur cette décision en ces termes : « Depuis plusieurs mois, un dialogue cordial et franc s’est établi entre des représentants des fidèles demandant la célébration de la messe selon l’ancien missel à Saint-Germain-en-Laye, le Père Marc Boulle, vicaire général et délégué de l’évêque sur ce sujet, et le Père Bruno l’Hirondel, curé de la paroisse Saint-Germain. (…) Désireux de trouver un chemin d’apaisement pour mettre fin à une situation ancienne et douloureusement vécue de part et d’autre, nous nous réjouissons de ce signe fort d’unité et de recherche de communion ecclésiale. »
Cette décision est historique à plus d’un titre.
Tout d’abord, elle démontre que, sous le régime de Traditionis Custodes, un Evêque diocésain peut accorder aux fidèles qui le demandent le bénéfice de la messe traditionnelle. Cette démonstration devrait inspirer d’autres Evêques à qui les fidèles adressent la même demande depuis des mois, comme à Paris à la suite de la suppression de plusieurs messes dominicales, ou dans le diocèse de Belley-Ars où la seule messe célébrée a reçu un avis de suppression prochaine de la part de l’Evêque.
Ensuite, elle démontre la nécessité pour les fidèles de s’organiser pour manifester leur détermination. Sans ces messes « clandestines » célébrées depuis près de deux ans, sans la structuration du collectif « Saint Germain Hors les Murs », sans une communication médiatique qui a su attirer l’attention du public sur ces catholiques qui passaient la messe de minuit dehors à Noël, il est à craindre que la situation n’aurait pas eu la même issue.
Enfin, elle démontre que le dialogue porte des fruits quand il est mené entre personnes de bonne volonté. La confiance mutuelle est un pari. Les fidèles auraient pu renoncer à l’annonce d’une célébration dominicale qui exclu les dimanches d’été, ou pour l’exclusivité qui est faite aux prêtres diocésains pour célébrer cette messe. Ils ont au contraire choisi de démontrer leur amour de l’Eglise. Ce dimanche 19 mars, l’assemblée à la chapelle des Franciscaines était plus importante encore que lors de la messe de Noël qui y avait été célébrée avec l’accord de l’Evêque pour la fête de la nativité 2022. Cela est également vrai de la part du clergé et, après que le remplacement de l’ancien curé de Saint Germain-en-Laye et de l’Evêque diocésain aient eu lieu, l’accord bienveillant du nouveau curé et de ses vicaires pour célébrer selon le Missel de 1962, la médiation apaisante de Monseigneur Boulle et la bienveillance paternelle de Monseigneur Crépy ont permis cet accord. Il est, en quelques sortes, un succès posthume de Summorum Pontificum. Nul doute que le Saint Père Benoît XVI, de là où il repose désormais, aura intercédé pour cette heureuse issue.