Le père jésuite Dominique Peccoud, ancien directeur de l’école Sainte-Geneviève dans le diocèse de Versailles (1975-1982), puis de l’école agricole de Purpan dans le diocèse de Toulouse (1982-1990), a vu sa peine pour abus sexuels confirmée en appel, et alourdie quant à l’interdiction d’exercer des activités en contact avec des mineurs.
En première instance, il n’avait reconnu que des “massages sensuels“. Cependant, sur pression de sa hiérarchie, il avait écrit une lettre au procureur en 2008 où il reconnaissait neuf faits d’abus – en donnant les noms des victimes – tandis que son propre neveu l’accusait aussi. Mais seuls trois cas n’étaient pas prescrits au moment du jugement. Le parquet avait fait appel après que le tribunal l’ait condamné à deux ans avec sursis et cinq ans d’interdiction d’activité avec les mineurs – les réquisitions étaient de cinq ans de prison, dont deux ferme.
Le père Jean-Yves Grenet, provincial des jésuites pour la France, déclarait au JDD en 2016 : “Après la publication de l’interview de La Croix, j’ai rapidement rappelé le père Peccoud à l’ordre, explique avec embarras le père Jean-Yves Grenet, provincial pour la France. Il n’avait pas pris la mesure de son geste. Je regrette profondément que cela ait réveillé la souffrance des victimes. Par ailleurs, nous avions pris les mesures de précaution pour l’éloigner de mineurs dès que nous avons eu connaissance des faits et il a pour consigne stricte de se dispenser de toute proclamation publique. En 2012, on m’avait rapporté qu’il voulait célébrer un baptême. Je le lui ai immédiatement interdit. Pour le reste, nous attendons la condamnation définitive des tribunaux civils pour lancer une procédure canonique.”
Le JDD poursuivait : “la hiérarchie jésuite avait mené sa propre enquête dès 2007 sous la direction de François-Xavier Dumortier, ancien supérieur des Jésuites et actuel recteur de l’université grégorienne, à Rome. Ses conclusions, que le JDD a pu consulter, sont sans appel.
Le 23 avril 2008, c’est sous la pression de François-Xavier Dumortier que Dominique Peccoud a adressé des aveux circonstanciés au procureur de la République de Grenoble : “Je viens par la présente […] me dénoncer auprès de vous pour des actes commis à l’égard de plusieurs mineurs. Après m’être brièvement présenté, je vous exposerai d’abord en grands détails ce que furent mes relations à mon neveu [PC], car il fut le premier que j’ai blessé et celui grâce auquel je viens me dénoncer aujourd’hui de tous les agissements répréhensibles que j’ai pu repérer dans ma vie… Derrière un paravent de respectabilité, j’ai gravement fauté…” Au fil des ans, l’ecclésiastique a tenté de minorer la portée de ces aveux. Jusqu’à ce que son avocat demande une relaxe…
Dans cette confession, le père Peccoud livrait avec la précision d’un comptable l’identité de neuf adolescents qu’il avait “blessés”. Tous appartenaient à des familles bourgeoises, aisées et catholiques avec lesquelles il entretenait des liens amicaux et familiaux”.
La cour d’appel a confirmé la peine de deux ans avec sursis, assortie d’une interdiction définitive d’exercer une activité en contact habituel avec les mineurs et d’une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS).
A notre connaissance, il ne semble avoir jamais eu d’appel à témoignages parmi les anciens élèves de l’école Sainte-Geneviève, située dans le diocèse de Versailles.