Une récente étude du Pew Research Center fait le point sur la manière dont, à l’échelle mondiale, sur 198 pays et territoires, les pouvoirs publics ont traité le fait religieux dans le contexte de la pandémie de 2020. Dans près d’un quart des cas, l’Etat n’a pas hésité à user de la force afin d’empêcher les rassemblements religieux. Et souvent, dans la plupart des pays sécularisés, la religion s’est effacée – parfois volontairement – devant la nouvelle doxa sanitaire.
- dans 46 pays, ce qui représente 23% des territoires étudiés, l’Etat a usé de la force à l’égard des différents cultes, procédant à des arrestations qui ont mené parfois à des peines de prison, afin de faire respecter sa politique de confinement. A l’extrême, les forces de sécurité ont usé de violence : en Inde par exemple, deux chrétiens ont été battus à mort pour avoir violé le couvre-feu pour des raisons religieuses.
- dans 54 pays, soir 27% du total, des groupes religieux ont intenté des actions en justice, arguant du fait que les lieux de culte étaient traités de manière discriminatoire en comparaison avec d’autres formes de rassemblements profanes, tels les supermarchés : ainsi en France, plusieurs associations catholiques ont intenté des actions devant le Conseil d’Etat.
- Le troisième résultat de l’enquête met en relief l’hostilité de plusieurs groupes religieux par rapport aux restrictions sanitaires : ainsi, dans 69 pays ou territoires, soit 35% à l’échelle mondiale, les règles de santé publique édictées par les gouvernements ont été contournées, voire défiées.
- dans près de la moitié des pays étudiés, 47% exactement, les responsables religieux ont emboîté le pas à l’Etat, quand ils ne l’ont pas précédé, dans la mise en place de mesures drastiques de restrictions.
- dans 18 pays, soit 9% du total, les pouvoirs publics ou certaines communautés n’ont pas hésité à faire le lien explicite entre la diffusion de la pandémie et la pratique de la religion, engendrant une pratique discriminatoire des groupes concernés. Ainsi, en Turquie, les chrétiens arméniens ont été accusés d’avoir apporté le coronavirus dans le pays. De même en Egypte. En Argentine et en France, c’est la communauté juive qui a fait l’objet de semblables attaques sur les réseaux sociaux gangrénés par le communautarisme.
A travers les résultats de cette enquête, on note la prétention grandissante des Etats à gouverner la sphère religieuse ; dans beaucoup de cas, la santé physique est devenue l’un des nouveaux articles de foi du credo de la sécularisation. Quant à l’Eglise catholique, elle n’en sort pas forcément grandie puisqu’elle a laissé bafouer la liberté religieuse. Et en France, il semble que 25% des pratiquants aient cessé de pratiquer…