Si l’on en croit Jean-Marie Guénois dans Le Figaro. Quand on sait que certains prêtres sont persécutés car ils ne concélèbrent pas la messe chrismale mais qu’un évêque peut inviter en toute connaissance de cause à cette même messe un évêque qui s’est rendu coupable d’avoir commis un sacrilège avec le sacrement de confession, on se demande quel sens a la communion ecclésiale :
[…] L’épiscopat est très embarrassé par cette affaire et à double titre. Le premier est qu’elle touche pour la première fois en France le comportement personnel d’un ancien prêtre, devenu évêque. Et non plus, comme ces dernières années, la couverture de prêtres pédophiles par des évêques. Et à un second titre : elle dévoile une forme de couverture de l’affaire Santier par le vice-président de l’épiscopat lui-même, Mgr Dominique Blanchet, 56 ans, qui a remplacé Mgr Santier à Créteil.
Il se trouve en effet qu’une fois le signalement déposé en 2019 par les plaignants, Mgr Santier a été convoqué par l’archevêque de Paris, hiérarchiquement supérieur. Mgr Santier a alors reconnu les faits devant Mgr Aupetit qui a engagé la procédure romaine conduisant le pape à accepter la démission de Mgr Santier en janvier 2021. Pour l’Église en effet, manipuler le sacrement de confession, fondée sur la confiance du fidèle envers le prêtre, est l’une des plus graves fautes que puissent commettre un prêtre et l’une des plus lourdement sanctionnées. Mais c’est là qu’un scandale dans le scandale s’installe : l’évêque de Créteil, dans sa lettre publique d’adieu au diocèse en juin 2021 cache aux fidèles la vraie raison de son départ :
«Voyant, écrit-il , que je n’aurai pas les forces physiques pour poursuivre mon ministère parmi vous jusqu’à 75 ans et ayant traversé d’autres difficultés, en fin d’année 2019 (…) j’ai écrit au pape François pour lui remettre ma charge (…)».
La formule ambiguë éveillera quelques soupçons mais le silence sur la vraie raison de son départ sera bien gardé par l’épiscopat. Au point que notre confrère Libération, relève sur son site, le 20 octobre, un fait que Le Figaro a pu vérifier : malgré la sanction canonique qui le frappait, Mgr Santier a été admis par son successeur, Mgr Blanchet à venir célébrer – en connaissance de cause – la messe chrismale à Créteil, le 14 avril 2022, Jeudi saint. Cette messe réunit tous les prêtres et bon nombre de fidèles comme dans tous les diocèses.
Lettre ouverte mensongère
Dans la ligne mensongère de la lettre ouverte de Mgr Santier de juin 2021 expliquant sa démission à son diocèse, il a alors été une nouvelle fois caché aux braves fidèles et aux prêtres – mais avec cette fois la complicité active du nouvel évêque – les sanctions canoniques romaines très graves qui frappaient l’ancien évêque. Ce qui revenait, en pleine semaine sainte, à tromper une nouvelle fois, sciemment et publiquement, les fidèles présents et le diocèse tout entier. Mgr Blanchet, vice-président de l’épiscopat, a expliqué le 20 octobre son choix du silence à Libération :
«Dès lors que des mesures disciplinaires n’étaient pas rendues publiques par Rome et par Michel Santier lui-même, j’ai considéré que lui imposer d’être absent susciterait plus de difficultés sur le moment que sa présence.»
Interrogé par Famille Chrétienne, le 14 octobre, le même Mgr Blanchet affirmait pourtant :
«Servir la vérité est nécessaire, afin que tous puissent garder confiance dans l’Église». Par conséquent «il ne peut pas y avoir d’exception à l’exigence de vérité et de justice».
[…] Vendredi 21, le président de la Conférence des évêques, Mgr Éric de Moulins- Beaufort, a donc publié un communiqué où il reconnait «le choc» sur «de nombreux fidèles» provoqué par ces «faits graves» qui ont été révélés «dans la presse» . Le prélat assure :
« Le sentiment de trahison, la tentation de découragement sont autant d’émotions que je comprends et qui nous traversent, tout comme l’incompréhension et la colère de beaucoup devant les actes eux-mêmes.»
Il garantit :
« il ne peut y avoir d’impunité dans l’Église, quelle que soit la fonction de la personne mise en cause».
Et reconnait pour la première fois que «Mgr Michel Santier a été sanctionné par l’autorité du Saint-Siège».
Mais pas un mot sur l’attitude de Mgr Blanchet, pourtant vice-président des évêques, sur le fait qu’il ait caché publiquement lors de la messe chrismale de 2022 la sanction canonique qui avait frappé son prédécesseur à Créteil, lequel célébrait à ses côtés. Ce qui laisserait entendre que l’épiscopat français, à son plus haut niveau, assume comme anodine ce type de conduite de dissimulation et qu’il n’envisagerait même pas l’hypothèse, pour l’intéressé, de la démission de sa charge de vice-président de la conférence des évêques. […]
Et à l’automne 2021, Mgr Blanchet, en tant que vice-président de la CEF, participait à l’opération “transparence” avec la plénière consacrée au rapport de la CIASE, non sans avoir l’air – comme Mgr de Moulins-Beaufort, gêné, béat voire ahuri lorsque (de rares) journalistes osent poser des questions vraiment gênantes lors de la conférence de presse de clôture.