Voici la Note d’information destinée aux prêtres et aux diacres sur la mise en application de la réforme liturgique dans le diocèse de Belley-Ars (le 11 octobre 2022, en la fête de saint Jean XXIII)
L’Eglise croit comme elle prie
Le 29 juin dernier, en la solennité des apôtres saint Pierre et saint Paul, le pape François a publié la lettre apostolique Desiderio desideravi sur la formation liturgique du peuple de Dieu. Celle-ci fait suite à la publication du motu proprio Traditionis custodes (16 juillet 2021) et des documents subséquents répondant à des questions suscitées par la lettre du pape. Il s’agit d’un acte du Magistère, que nous devons tous accueillir avec humilité et loyauté, si nous nous reconnaissons authentiques enfants de l’Eglise Catholique.
Garant de l’unité de l’Eglise, le successeur de Pierre avait affirmé il y a un an :
« Les livres liturgiques promulgués par les saints pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, sont l’unique expression de la lex orandi du rite romain ».
Il rappelle maintenant :
« J’ai écrit Traditionis custodes afin que l‘Eglise puisse élever, dans la variété de tant de langues, une seule et même prière capable d’exprimer son unité. Comme je l’ai déjà écrit, j’entends que cette unité soit rétablie dans toute l’Eglise de rite romain ».
Dans cette nouvelle lettre, le pape François attire notre attention sur la nature des enjeux de la liturgie et souligne la nécessité de nous former. S’il insiste sur l’unité du rite pour la célébration des sacrements, c’est en vertu du principe selon lequel la loi de la prière est la loi de la foi : l’Eglise croit comme elle prie. Il met en avant le sens théologique et ecclésiologique de la liturgie et nous invite à contempler la beauté et la vérité de la célébration chrétienne qui, dans la logique de l’Incarnation, permet une rencontre avec le Dieu vivant.
Fin d’une situation atypique
Ces dernières années, nous avons connu une situation atypique. Habituellement lorsqu’est promulgué un rite rénové, l’ancienne forme disparaît automatiquement (comme cela a été le cas pour le rite dit de saint Pie V). Par bienveillance pastorale, les papes successifs saint Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont exceptionnellement toléré une coexistence temporaire des deux formes, afin de faciliter la transition de l’une à l’autre.
Malheureusement cette mesure bienveillante et généreuse a été dévoyée par certains responsables qui ont visé à maintenir, voire promouvoir la forme ancienne et ont parfois été jusqu’à mettre en doute la validité et la légitimité des nouveaux rituels, défiant le Magistère authentique et semant ainsi le trouble chez les fidèles laïcs. Après avoir consulté les évêques et évalué la situation présente, le pape a donc décidé de mettre un terme à la coexistence des deux formes de l’usage du rite romain.
Dispositions pratiques pour le diocèse de Belley-Ars
Il n’est plus possible d’utiliser les livres liturgiques édités avant le concile Vatican II pour la célébration des sacrements dans les paroisses et chapelles du diocèse de Belley-Ars. Quelques prêtres ont obtenu la faculté de célébrer selon le rite du missel romain de 1962 dans leurs églises et oratoires propres ou pour une mission particulière confiée par leur évêque.
Ailleurs ils ne peuvent le faire sans le consentement de l’évêque du lieu. Je ne leur accorde pas cette faculté dans le diocèse de Belley-Ars.
Pour faire droit à la mansuétude vis-à-vis des personnes qui ont besoin d’encore un peu de temps pour adopter le rite romain promulgué par saint Paul VI et saint Jean-Paul II, j’autorise pour une période de trois ans encore la célébration de la messe selon le missel de 1962 dans la seule église saint Martin de Coligny par l’abbé Laurent Goy. Afin de manifester sans ambiguïté et très concrètement que les personnes qui participent à cette liturgie n’excluent pas la validité et la légitimité de la réforme liturgique, des préceptes du concile Vatican II et du Magistère, en communion avec les autres évêques de la Province ecclésiastique de Lyon, je demande, à compter de l’Avent prochain que le 1° dimanche du mois la messe soit célébrée exclusivement avec le missel en vigueur (en latin ou en langue vernaculaire, face à l’assemblée ou dos à l’assemblée). Les sacrements de baptême, mariage, pénitence, onction des malades, seront toujours célébrés selon les seuls rituels en vigueur.
Je demande à tous les membres du Peuple de Dieu, prêtres, diacres et fidèles laïcs, de lire et méditer la lettre apostolique Desiderio desideravi du pape François et de mettre à l’œuvre ce que celui-ci nous demande. Notamment que chaque liturgie soit célébrée avec dignité et fidélité aux livres liturgiques promulgués ; qu’un travail de formation sérieuse soit entamé, conformément à ce que demande le pape François.
Pour ce qui est du sanctuaire d’Ars
La règle est la même qu’ailleurs dans le diocèse : tous les sacrements sont célébrés selon le rituel en vigueur. Ils peuvent être célébrés en latin ou en quelque langue vernaculaire par tout prêtre du diocèse ou par un prêtre extérieur ayant produit un celebret valide. Par exception et jusqu‘au 31 décembre 2023 un prêtre seul peut être admis à célébrer une messe sans peuple avec le missel de 1962, exclusivement dans la crypte de l’église basilique.
Tous responsables de l’unité
Désireux que nous vivions en communion effective avec le pape François, successeur de Pierre, je compte sur votre compréhension et votre loyauté pour accepter les règles objectives et universelles. Je compte sur votre responsabilité pour ne pas encourager la propagation de pratiques, quelles qu’elles soient, allant à l’encontre de la communion objective demandée par le saint Père. Le subjectivisme, l’individualisme et le consumérisme menacent de nous diviser, alors qu’il est urgent d’annoncer la Bonne Nouvelle en donnant le témoignage de la communion fraternelle. Merci à tous de prier pour l’unité de de faire tout ce que vous pouvez pour la promouvoir. Comme l’écrit le pape François : « Abandonnons nos polémiques pour écouter ensemble ce que l’Esprit dit à l’Eglise. Sauvegardons notre communion. Continuons à nous émerveiller de la beauté de la liturgie. La Pâque nous a été donnée. Laissons-nous toucher par le désir que le Seigneur continue d’avoir de manger sa Pâque avec nous. Sous le regard de Marie, Mère de l’Eglise ».
+ Pascal ROLAND