M. l’abbé Duboscq a été rappelé à Dieu le 28 septembre 2022 dans la 72ème année de son sacerdoce. Ses obsèques auront lieu le Vendredi 7 Octobre à 14h en l’église Notre Dame des Armées (Versailles).
Né en 1926, ordonné prêtre en 1951, voici des extraits de son autobiographie dans la tourment post-conciliaire :
En 1972, je prends RDV avec Mgr Frossard, prélat auxiliaire de Paris chargé des nominations : il me demande ce que je souhaiterais comme poste :
”Je voudrais bien que la liturgie ne change pas d’une paroisse à l’autre, qu’on ne ferme pas l’école dont on me charge ; je suis contre la lutte des classes.”
Mgr Frossard me répond :
”J’admire ton courage. Ce n’est pas facile de te trouver un poste ; en attendant, donne-moi ton n° de CCP pour que je te fasse virer ton traitement”.
Je suis donc resté canoniquement prêtre du diocèse de Paris, mais en 1972, sans poste, sans paroisse, je suis hébergé chez des amis (d’abord à Châtillon chez Benjamin Guillemaind, puis à Boulogne chez M.Mme Rostand). Je m’occupe du M.J.C.F, je célèbre la messe traditionnelle lorsque des groupes me le demandent. Finalement, en 1972, Mgr Ducaud-Bourget, prélat parisien resté attaché à la messe de St-Pie V, me suggère d’ouvrir une chapelle privée à Boulogne, installée rue Thiers, dans un sous-sol de 40 m².
Au bout d’un an, je me présente à mon supérieur hiérarchique, le Cardinal Marty, et me mets à nouveau à sa disposition : réponse évasive, malgré une apparente bienveillance. Une autre année s’écoule et le Cardinal me reçoit :
”Où dites-vous la messe ? Vous avez la réputation d’être un peu raide au plan traditionnel !”
Et pour finir, je reste sans poste. Toutefois, longtemps après, à l’occasion d’une intervention chirurgicale que je dois subir, je reçois un mot paternel de Mgr Lustiger, devenu en 1981 archevêque de Paris. Il n’avait pas oublié son ancien vicaire. Dès son arrivée, il me recevra très paternellement un jour à l’Archevêché. Je me disais à l’époque :
”Pas de poste, mon évêque ne veut pas de moi. Que faire ? Je confie tout cela à la Providence, et j’attends qu’elle me donne un signe.”
En 1973, j’assure l’aumônerie des messes de classes à l’Ecole St Pie X tenue par les Dominicaines (de Pontcallec) à St-Cloud (Hauts de Seine).
St-Nicolas du Chardonnet est ”libéré” le 27 février 1977. Après trois mois d’hésitation, je vais seconder Mgr Ducaud-Bourget qui est débordé. J’y reste un an environ. A partir de septembre 1978, et jusqu’en septembre 1981, à la demande de Gérard Molin et de l’association ADECOR (Association de Défense des Catholiques de Conflans et de sa Région), je viens assurer un ministère complet auprès de la communauté traditionaliste de Conflans Ste Honorine, qui a ouvert en trois mois deux chapelles, l’une à Pontoise, l’autre à Conflans, après l’éviction de Mgr Léon Gillet. […]
En 1981, je me remets à la disposition de mon évêque, Mgr Lustiger. Nous ne nous sommes pas rencontrés depuis dix ans. Je suis invité à dîner à l’évêché le 29 juin. Mgr Lustiger se montre chaleureux :
”Ta place est parmi nous…”.
Il me fait parler de la messe, de Mgr Lefebvre, s’informe sur le mouvement traditionaliste. Il me ”tire les vers du nez”. Il prétend ne pas connaître le dossier de Mgr Lefebvre, mais ajoute :
”Si Mgr Lefebvre s’était incliné, il se serait grandi, comme St-Jean-Baptiste de la Salle ou Olier”.
Mgr Lustiger me déclare :
”Je préfère que tu dises la messe de St Pie V plutôt que de prêcher qu’il y a un seul Dieu en 4 personnes… En septembre, je t’envoie une proposition”.
Mais en septembre 1981, aucune proposition, ni plus tard. En octobre 1981, je téléphone à l’abbé Aulagnier, alors Supérieur du District de France de la FSSPX. Fin 1981, je retourne seconder le clergé de St-Nicolas.
Pour la nouvelle année 1982, j’adresse mes voeux à Mgr Lustiger, qui me répond :
”Mon cher Gilles, merci. Prions, en attendant que Dieu nous montre le chemin !”.
Et c’est tout…
En 1982, je seconde les prêtres de la FSSPX dans la desserte des chapelles de Pontoise et Conflans Ste-Honorine, et en 1983 j’ouvre une chapelle dans le 18e arrondissement de Paris, rue Firmin Gémier, dans un local tout neuf, trouvé grâce à une demande faite par mon frère, homme politique, au Maire de Paris, et grâce à l’intervention de Mme Bernardette Chirac, qui m’adressa une lettre favorable. […]
Fin 1988, après le sacre de quatre évêques par Mgr Lefebvre, l’abbé Veuillez quitte l’abbé Serralda : ce dernier, qui est alors âgé de 80 ans environ, dessert en permanence la chapelle Ste-Germaine, et chaque dimanche la salle Wagram, située dans le même immeuble. Bien que très chargé en ministère (la chapelle de la rue Firmin Gémier, celle de la rue Gerbert et celle de Courbevoie), j’accepte d’aller le seconder. Arrivé pour un dépannage, j’y resterai 7 ans, jusqu’à la mort de l’abbé Serralda en 1996, date à laquelle la chapelle Ste-Germaine sera reprise par la FSSPX. L’abbé Néri était aussi venu seconder l’abbé Serralda. Pendant la maladie de l’abbé Serralda, l’abbé Néri et moi-même assurons le service. […]
En 1998, sur la suggestion de Mgr Aumônier, évêque auxiliaire de Paris, je me présente à Mgr Lagrange, évêque de Gap. Il avait déjà accueilli la jeune communauté assez traditionnelle des Chanoines de la Mère de Dieu. Il me conseille de prendre contact avec les bénédictines de Rosans (Hautes-Alpes). Cette communauté de Rosans est la première fondation de l’abbaye de Jouques. Son histoire est ancienne et intéressante : elles furent fondées après la révolution française par Louis-Adélaïde de Bourbon-Condé, et installées dans les locaux de l’ancienne prison du Temple, où elles priaient pour les victimes des massacres révolutionnaires. Après la démolition du Temple, elles s’installèrent rue Monsieur jusqu’en 1930 ; puis elles fondèrent Limon, près de Saclay, non loin de Paris. La communauté se scinda en deux après la crise due au concile : l’Abbesse et 15 soeurs partirent pour faire la fondation de Jouques, près d’Aix en Provence. Il leur a fallu ensuite 10 ans pour construire le monastère de Rosans, consacré à Notre-Dame de Miséricorde. Ces religieuses ont bien voulu m’accueillir comme aumônier depuis fin 1998 jusqu’en 2002. J’y suis resté 4 ans, profitant de leur charitable hospitalité et du bon air de la montagne. Cette communauté est ”biritualiste”, mais préfère, autant que possible, que leur aumônier célèbre la messe de St Pie V. Elles ont adopté le nouveau calendrier qui ajoute une troisième lecture le dimanche. Le 29 septembre 2001, j’ai fêté mon jubilé sacerdotal en la basilique ND du Laus, accueilli par le Recteur, et entouré de plusieurs prêtres venant de divers horizons : du Barroux, des Chanoines de la Mère de Dieu, du diocèse de Gap, de la FSSPX, dont l’abbé Boubée et l’abbé Cottard qui faisait office de diacre, rassemblement unitaire aussi réjouissant que rarissime. Ce fut une très belle cérémonie.
En 2003; me sentant mieux, j’éprouve la nostalgie de la région parisienne. Je vais vers mes 80 ans. Je rends des services ponctuels, mais je ne désire plus loger à Paris où l’on étouffe. Des amis me confient leur maison de Vendôme, où l’air est meilleur. Quarante minutes de TGV permettent d’atteindre Paris. En 2004, la Fraternité St-Pierre me contacte : les trois prêtres desservant ND des Armées s’apprêtaient à quitter la Fraternité St Pierre. Cette église, gérée par l’AVANDA, ayant depuis toujours bénéficié d’un statut d’indépendance, allait donc revenir à sa situation antérieure à la venue de la Fraternité St Pierre. M. l’abbé Morandi était parti aider la Fraternité St Pie X. A ND des Armées, il y a 5 messes chaque dimanche ; 3000 personnes environ fréquentent l’église ; il y a beaucoup de familles nombreuses, 350 scouts.
J’accepte donc un mi-temps à Versailles ; je suis logé dans l’appartement où demeurait le chanoine Porta, tout près de l’église. Il faut que je me ménage, car je commence à avoir des problèmes circulatoires sérieux. Je viens les vendredis, samedis, dimanches ; je célèbre la messe le vendredi, le samedi et le lundi à 7h30, ainsi qu’une ou deux messes le dimanche ; j’aide à distribuer la communion ; et surtout j’assure des confessions. J’y suis pour 3 ans, le diocèse de Paris m’ayant détaché à Versailles. Enfin, l’évêque ayant accepté, je suis désormais resté à Versailles pour le temps que Dieu voudra, au titre de ”prêtre retraité”. […]