De passage à Rome, le nouvel abbé de Solesmes, Dom Geoffroy Kemlin, a été reçu par le pape François le 5 septembre. Il a été interrogé dans Famille chrétienne, notamment sur la messe traditionnelle et sur les vocations :
J’étais venu avec quelques questions concernant la liturgie après la publication du Motu priorio Traditionis custodes en 2021. Il m’a éclairé sur un certain nombre de points et je suis satisfait. Concernant la manière de faire chez nous, à Solesmes, sa réponse a été intéressante. Il m’a dit : « Moi, je suis à 2.000 kilomètres de ton monastère. Toi, tu es moine, et le discernement est le propre des moines. Je ne te dis ni “oui” ni “non” mais je te laisse discerner et prendre ta décision ». Ce conseil, que le pape avait déjà confié à des évêques français venus le voir, est très paternel. Je me sens donc très libre et rassuré. En décidant, je sais que je ferai ce que désire le pape François.
Avez-vous senti que le pape était conscient des turbulences que Traditionis custodes avait pu provoquer dans certaines parties de l’Église ?
Je lui ai présenté comment ce texte avait été perçu en France et pourquoi il avait pu susciter de l’incompréhension chez des catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite romain. Il m’a expliqué comment les choses s’étaient déroulées. Il ne m’a pas paru découvrir la situation et m’a même assuré que ce que je lui disais était déjà remonté par d’autres canaux. Je suis sorti rassuré de cette rencontre et renforcé dans mon rôle d’abbé pour discerner les situations. Cette confiance du Saint-Père est très appréciable. […]
L’Eglise en occident traverse une crise. Le nombre de baptêmes diminue inexorablement ainsi que le nombre de vocations sacerdotales. On a toutefois parfois l’impression que cette crise épargne les monastères. Qu’en est-il ?
À Solesmes, nous nous rendons peut-être moins compte de cette crise. Notre hôtellerie est pleine et nous avons du monde à la messe le dimanche. Mais cela n’a rien à voir avec les années 1960 où il fallait réserver pour venir à la messe. On m’a raconté qu’il y avait une queue jusque dans la rue. Si nous n’observons pas de baisse de fréquentation au niveau de l’hôtellerie, nous constatons une baisse au niveau des recrutements. La crise des vocations ne s’est pas vraiment faite sentir dans les années 1970, où nous étions perçus comme des monastères « conservateurs ». Nous n’avons pas connu les turpitudes de l’après Concile. Mais à partir des années 1990, les choses ont commencé à baisser. En 1995, il y avait peut-être 25 novices ; aujourd’hui nous en avons 4. Nous sommes actuellement 42 frères en tout. C’est un nombre important mais nous étions une centaine il y a une quarantaine d’années. […]