Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon et membre du conseil pour la communication de la CEF, défend dans Famille chrétienne les travaux de l’épiscopat quant au synode tout en regrettant l’absence de participation de certains chrétiens :
[…] La raison de cette faible participation d’une génération n’était pas toujours liée à une différence de sensibilité ou à un refus du processus. Certains n’étaient pas au courant, et beaucoup n’avaient pas le temps. J’ai entendu de nombreuses fois des personnes me dire : « j’ai 4 enfants, un métier et une vie éreintante. Désolé mais je ne pourrai pas venir. » Certains ont été déçus que leur parole n’ait pas été accueillie, d’autres sont partis de telle ou telle réunion sur la pointe des pieds, ne se sentant pas concernés. Mais une chose est sûre, l’ensemble du peuple de Dieu n’était pas représenté. La lettre des évêques l’a souligné. Ce qui ne disqualifie pas pour autant la parole des autres.
On sent monter une certaine colère chez ceux qui se sentent éloignés des travaux synodaux…
La discussion mais aussi le débat dans l’Église, non seulement sont normaux, mais ils sont bienfaisants. Le refus du conflit fait naître la violence. Dans l’Église, il est normal qu’on écoute la parole de ceux qui ne pensent pas comme nous, de ceux qui ne sont pas de la même génération. Évitons surtout la globalisation : les jeunes pensent, les prêtres disent, les femmes souffrent. Cette façon de voir la réalité, c’est l’esprit du monde, du monde des réseaux en particulier, qui exclue et refuse la complexité de la réalité. La parole des anciens ne doit pas être raillée parce qu’ils sont vieux, la parole des jeunes ne doit pas être exclue parce qu’ils ne pensent pas comme nous. Il y a eu de nombreux conflits dans le collège des apôtres, des oppositions des jalousies. Jésus les a accueillies, écoutées. Il y a répondu avec douceur, et surtout il a cheminé pendant trois ans avec ses apôtres. La synodalité ne peut être refusée en tant que telle : c’est la façon de faire de Jésus, ce doit être le mode habituel de fonctionnement de l’Église. Mais à condition d’écouter tout le monde, d’accepter de faire droit au point de vue de l’autre et de faire confiance.
Que répondez-vous à ceux qui craignent que le Synode convoqué à Rome l’an prochain accouche de décisions contestables ?
Le pire serait que le synode soit confisqué par les uns et refusé par les autres. Le plus important dans cette démarche synodale, ce n’est pas le résultat, ne n’est pas le texte final dont chacun voudrait qu’il corresponde à ses propres idées. Le plus important c’est la démarche elle-même : la relation personnelle à Jésus, le cheminement avec lui, la communion fraternelle. A la fin le Christ est victorieux ! Même si apparemment les apôtres sont dispersés. Il saura à nouveau les réunir au cénacle pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint. L’Église n’est pas une association humanitaire, ni une assemblée parlementaire qui devrait composer avec différentes tendances politiques, elle est une communion. L’Évangile ne doit pas être au service de mes idées, mais bien mes idées au service de l’Évangile. Je connais déjà la conclusion du synode d’octobre 2023. Jésus, d’une manière ou d’une autre nous redira ce qu’il a dit lors du synode primordial : « Vous allez recevoir une force, quand l’Esprit Saint viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre » Nous ne sommes qu’au milieu de ce processus synodal, peut être confronté au mystère de la croix, mais ayons confiance, Il est là !
Est-il permis de refuser un processus de manipulation des foules ? Quand Mgr Gobilliard dit qu’il est normal qu’on écoute la parole de ceux qui ne pensent pas comme nous, est-il prêt à écouter ceux qui ont des choses à dire sur la messe réformée, sur le Concile Vatican II, sur la concélébration, sur le dialogue inter religieux, etc. ?