Ce n’est pas encore en France, mais en Suisse. Des prêtres contestent le Code de conduite destiné à lutter contre les abus dans l’Eglise, signé par le nouvel évêque de Coire, Mgr Joseph Bonnemain, le 5 avril, auquel se sont associés les vicaires généraux et les représentants des corporations ecclésiastiques du diocèse.
Le document a rencontré une forte opposition chez un certain nombre de prêtres qui l’accusent de violer la doctrine catholique sur plusieurs points. Un groupe de 43 prêtres du diocèse, auxquels s’ajouteraient 80 sympathisants s’est élevé contre plusieurs passages de ce Code de conduite. L’évêque, dans une lettre adressée à toutes les paroisses, a déclaré que ce Code serait « obligatoire pour tous les responsables et employés à partir du milieu de l’année 2022 ».
Le 28 avril 2002, ce Cercle sacerdotal de Coire (Churer Priesterkreis) a publié une prise de position pour mettre en garde sur les points contestés et pour demander à l’évêque de retirer sa signature, estimant que Mgr Bonnemain n’aurait jamais dû signer le document. Les prêtres décrivent le Code de conduite comme
« une tentative d’implanter l’idéologie LGBT dans l’Eglise sous le couvert de la prévention des agressions et de saper ainsi la doctrine de l’Eglise ».
Ils relèvent plusieurs passages qui « musellent la doctrine de la foi et des mœurs ». Ainsi le Code fait dire au signataire :
« Je renonce à des évaluations négatives globales de comportements prétendument non bibliques en raison de l’orientation sexuelle. »
Les prêtres soulignent :
« Celui qui signe cette phrase ne devrait plus (…) proclamer l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité tel qu’il est stipulé dans le Catéchisme de l’Eglise catholique ».
Par ailleurs, le Code stipule :
« Dans les entretiens pastoraux, je n’aborde pas activement les thèmes liés à la sexualité. Dans tous les cas, je m’abstiens de poser des questions dérangeantes sur la vie intime et le statut de la relation. Cela vaut également pour les entretiens que je mène en tant que supérieur hiérarchique. »
Cela interdirait au ministre de poser ces questions fondamentales dans la préparation au mariage : par exemple que celui-ci est constitué par la communauté entre un homme et une femme, ainsi que sur les mariages et les divorces précédents éventuels, ou des enfants issus de relations antérieures.
Quant à la formation des prêtres, il ne serait plus possible de veiller à écarter les hommes ayant des tendances homosexuelles de l’ordination, comme cela est stipulé par les textes du Saint-Siège.
« Si les prêtres, les diacres et les collaborateurs laïcs qui vivent des relations hétéro ou homosexuelles immorales ne peuvent plus être appelés à rendre des comptes et, si aucune amélioration n’est constatée, ils sont finalement renvoyés, une morale à double vitesse s’installera de deux manières. »
Enfin, le Code de conduite contient les affirmations suivantes :
« Je m’abstiens de toute forme de discrimination basée sur l’orientation ou l’identité sexuelle »
« Je reconnais les droits sexuels comme des droits humains, en particulier le droit à l’autodétermination sexuelle ».
Les prêtres indiquent qu’ils avaient déjà prévenu l’évêque :
« nous avons demandé à l’évêque diocésain, avant la publication du Code de conduite, de ne pas le signer. Comme il l’a entre-temps publié et signé, nous lui demandons à notre tour publiquement de retirer sa signature et de guérir ainsi le conflit de conscience qu’il a provoqué chez nombre de ses collaborateurs. »