Sous prétexte d’éviter à l’avenir des situations qui peuvent conduire à des abus sexuels, le diocèse de Coire en Suisse s’apprête-t-il à ordonner à ses prêtres de faire l’impasse sur l’enseignement de la Tradition de l’Eglise au sujet de l’homosexualité, voire au sujet du mariage ? Ces questions graves sont à l’origine d’un vent de fronde dans ce diocèse à l’histoire agitée, où une quarantaine de prêtres, soutenus par des dizaines d’autres, refusent de signer le code de bonne conduite que met en place l’évêque Mgr Bonnemain.
“Mgr Joseph Bonnemain, évêque de Coire, les trois vicaires généraux et les plus hauts représentants des sept corporations ecclésiastiques du diocèse, ont signé le 5 avril 2022 un Code de conduite sur la gestion du pouvoir (Verhaltenskodex).
Le sous-titre «Prévention des abus spirituels et de l’exploitation sexuelle» décrit l’objectif poursuivi par le diocèse. Le texte est destiné à guider le comportement des personnes assurant une fonction dans l’Eglise au niveau des relations inter-personnelles. Le Code de conduite se veut contraignant pour tous les aumôniers, collaborateurs et employés du diocèse et des corporations ecclésiastiques“, explique Cath.ch
Mgr Bonnemain a signé le codex en avril avec les sept églises régionales diocésaines des cantons des Grisons, de Zurich, de Schwyz, d’Uri, de Nidwald, d’Obwald et de Glaris.
Le code qu’il propose veut réduire au maximum les risques de ce genre, en particulier pour les prêtres. Des situations concrètes sont réglées. Les adultes et les enfants ne doivent pas dormir sous la même tente lors d’un camp. Les activités comme le sauna, le wellness ou les séances de massage sont prohibées. Il est interdit également pour un homme d’Église d’inviter un mineur à son domicile. Et même, pour éviter tout malentendu, ils doivent s’abstenir «de poser des questions offensives sur la vie intime» des personnes dont ils ont la charge”, développe Le Matin.
Selon l’hebdomadaire «Schweiz am Wochenende», une quarantaine de prêtres ont signé une lettre pour s’opposer à ce code, qu’ils refusent donc de signer. Ce n’est pas pour les précautions citées ci-dessus, mais pour la tolérance faite aux homosexuels dans le même document. Celle-ci est formulée ainsi: Je renonce à porter des jugements globalement négatifs sur des comportements présumés non bibliques en raison de l’orientation sexuelle“.
Pour les protestataires, “le code de conduite viole à plusieurs reprises l’enseignement et la discipline de l’Église catholique. De plus, cela conduit à un double standard institutionnalisé et donc à l’hypocrisie. L’évêque n’aurait “jamais dû signer” le document, comme l’écrit le cercle des prêtres de Coire. Parce qu’il restreint le partage de la doctrine de la foi et viole ainsi le droit canonique catholique”.
Ils relèvent aussi une phrase du code de bonne conduite qui a trait aux mariages : “Dans les discussions pastorales, je n’aborde pas activement les sujets liés à la sexualité. Dans tous les cas, je m’abstiens de poser des questions offensantes sur la vie intime et l’état de la relation”. Selon les protestataires, “quiconque souscrit à cette phrase n’est plus autorisé à signer un acte de mariage. Les pasteurs ou leurs représentants devraient demander aux futurs époux s’ils consentent à un mariage en tant que “communauté sacramentelle de vie et d’amour entre un homme et une femme”. Lorsqu’on leur demande explicitement, ils doivent s’engager à la fidélité, au mariage comme un lien à vie et à la volonté d’engendrer des enfants“.
Le nouvel évêque a été secrétaire de la commission d’experts de la [conférence d’évêques suisses] «abus sexuels dans le contexte ecclésial». Il doit rester en fonction pendant au moins cinq ans, malgré son âge avancé, avait précisé le pape François il y a un mois. Le Vatican prévoit de passer outre droit canonique qui prévoit qu’un évêque doit présenter sa démission à 75 ans. Le mandat de Mgr Bonnemain [devrait être] donc prolongé en été 2023″, précisait 24 heures.ch lors de son ordination.