Dans les colonnes d’Ouest-France, le “sociologue des religions” et très soixante-huitard Jean-Louis Schlegel règle ses comptes, notamment vis à vis des catholiques traditionnalistes, tout en reconnaissant l’échec des conciliaires à se perpétuer. Cependant, le quotidien rennais a oublié de faire une petite précision, importante néanmoins.
Comme le rappelle Denis Sureau sur le Forum Catholique, Jean-Louis Schlegel est un prêtre défroqué – entré chez les Jésuites en 1965, il l’a quittée en 1985 après divers ministères. C’est une période dont il ne se cache pas, mais qu’il évoque rarement – préférant se présenter désormais comme sociologue des religions.
Néanmoins on peut souligner la partie de l’article liée à la génération conciliaire, et à son déclin :
“L’autre courant – conciliaire – n’est-il pas en voie de disparition ?
Bien sûr. D’abord, il s’est écoulé plus de cinquante ans depuis Vatican II. La génération conciliaire est maintenant septuagénaire… pour les plus jeunes. Et elle ne s’est pas beaucoup reproduite par les enfants dans ses convictions (elle n’est pas la seule…). Mais il faut quand même dire que Jean Paul II – le pape des droits de l’homme, mais aussi un conservateur incroyable – puis Benoît XVI non seulement n’ont fait aucune réforme, mais ont tenté de restaurer l’ancien ou fait du surplace. Conséquence : nombre de conciliaires déçus sont partis sur la pointe des pieds au fil des décennies.
Que sont-ils devenus ?
Une partie d’entre eux ne sont plus pratiquants, ou occasionnellement. Mais beaucoup se sont investis dans le caritatif au sens large : associations solidaires, ONG comme le CCFD, le Secours catholique ou le Secours populaire, engagements politiques « de service » (maires ou conseillers municipaux) dans la vie publique locale, sans oublier parfois le service de… la paroisse“.
Quant aux raisons, les voici pour Schlegel :
“Je fais partie de ceux qui pensent, comme le théologien Hans Küng, un ami que j’ai traduit et édité, et beaucoup d’autres, qu’il n’y a pas eu « trop de concile », mais trop peu, qu’en fait il n’a pas été réellement appliqué. Il a produit des textes magnifiques, dynamisants, libérateurs, mais après, il fallait passer à des réformes concrètes, par exemple quant à la place des femmes, à l’ordination d’hommes mariés, au mode de nomination des évêques, etc. Non pas pour « sauver l’Église », mais parce que ces réformes correspondent à une vérité et une demande « démocratique » de notre temps. Mais il n’y a pas eu ces suites pratiques. Au contraire, tout a été freiné. Sans compter l’encyclique Humanae vitae , en 1968 : en condamnant la contraception (contre la majorité de la commission théologique qu’il avait créée), Paul VI a créé un porte-à-faux terrible car les catholiques se sont mis à vivre dans le mensonge. La plupart des femmes, y compris dans les couples restés catholiques, ont en effet pris la pilule, pour des bonnes raisons, contre la loi de l’Église“.
Autrement dit, si le Concile n’a pas fonctionné, c’est qu’il fallait plus de concile. Un argument souvent évoqué… par les tenants des idéologies totalitaires de gauche.
Ben, voyons !