Mgr Rougé, évêque de Nanterre, a été interrogé dans Valeurs Actuelles sur le rôle des catholiques dans l’élection:
Les catholiques ont à contribuer à la qualité du débat électoral pour qu’il n’en reste pas au niveau des polémiques superficielles, mais prenne en compte les sujets essentiels au bien commun, la dignité de toute personne humaine en particulier. Ils doivent faire en sorte que ce débat s’inscrive dans une perspective de moyen et de long terme.
Existe-t-il un vote catholique ?
Il n’y a pas de vote catholique mais de nombreux catholiques qui votent, dans un légitime pluralisme d’approches sur bien des sujets mais avec une même attention à la dignité humaine.
La foi doit-elle compter dans les enjeux politiques, et particulièrement au moment des élections ? Ou la raison doit-elle primer sur les convictions religieuses ?
Un chrétien est appelé à la cohérence: les conséquences morales et anthropologiques de la foi ne peuvent pas ne pas être prises en compte au moment d’un vote.
Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France propose une liste des thèmes de réflexion pour les catholiques avant de faire leur choix pour un candidat. Quels sont-ils ?
Nous avons voulu attirer l’attention de tous sur ce qu’implique la vie paisible en société, dans un contexte de fracturations croissantes, sur le respect inconditionnel de toute vie humaine, sur la place de la liberté (d’expression, d’association et d’éducation, en particulier), sur les conditions d’une juste laïcité, sur une écologie pleinement humaine, sur les enjeux internationaux et européens (remis au centre du débat par la crise ukrainienne) et sur les questions éducatives et culturelles.
Vous dites que l’Eglise n’a pas à intervenir dans le débat des élections et laisser la liberté à chacun de voter en son âme et conscience. Pourtant, le pape François évoque régulièrement les devoirs des Etats et des citoyens envers les migrants. Il se situe plutôt sur une position d’accueil de ces derniers. Cela doit-il guider le vote des catholiques ?
L’Eglise n’a pas à s’immiscer dans le débat partisan mais doit s’exprimer sur le plan éthique. Les appels prophétiques du Pape François sur l’accueil des migrants ont à se conjuguer avec la responsabilité des acteurs de terrain pour ouvrir des solutions nouvelles, dignes de tous et dignes de notre culture chrétienne.
Ne pensez-vous pas que les catholiques devraient faire barrage à des candidats portant des idées contraires aux valeurs chrétiennes ?
Le respect de la vie est stimulé par la foi mais fait partie d’un principe d’humanité que tous devraient partager. Il faut expliquer que nos positions sur la vie ne sont pas confessionnelles, ce qui justifierait pour certains leur marginalisation, mais tout simplement humaines.
Après le discours des Bernardins prononcé par Emmanuel Macron en 2018, certains ont dénoncé la vision communautariste prônée par le président. Qu’en pensez-vous ?
Ce discours élégant et chaleureux a fait croire à certains catholiques que le Président se ralliait à la plupart des positions de l’Eglise. En réalité, il y a une véritable distance entre l’anthropologie chrétienne et le progressisme radical tel qu’il a été théorisé par Ismaël Emelien et David Amiel, conseillers du Président sortant, dans Le progrès ne tombe pas du ciel. […]