Le site de La Croix publie cette tribune de Jean Bernard, chroniqueur à La Nef, suite au décret du pape en faveur de la FSSP. L’auteur estime que
la politique du Vatican pourrait aboutir à un résultat exactement contraire à celui escompté, à savoir à un renforcement des communautés traditionalistes et à un affaiblissement concomitant des diocèses.
Ce serait, selon lui, une mauvaise nouvelle :
C’est, d’une part, une mauvaise nouvelle pour les diocèses eux-mêmes, car l’application combinée de ces deux textes risque de conduire à une hémorragie des séminaristes et des fidèles vers les maisons de formation et les lieux de culte des instituts traditionnels. En effet, s’agissant des séminaristes, il n’est un secret pour personne que beaucoup d’entre eux présentent un profil classique et que, comme l’a souligné récemment Mgr Roche, préfet de la Congrégation pour le culte divin, une fois ordonnés, ils commencent presque aussitôt à célébrer la messe tridentine. Or, si beaucoup de jeunes continuaient, jusqu’à maintenant, à entrer dans les séminaires diocésains avec l’assurance qu’ils pourraient, une fois ordonnés, célébrer dans les deux formes, la quasi-disparition de cette possibilité (l’autorisation devra maintenant être demandée à… Rome) en incitera un certain nombre à rejoindre les instituts traditionalistes. Un phénomène parallèle pourrait également se produire avec les fidèles […].
Ces auteurs qui glosent à l’infini sur les textes du Vatican devraient plutôt se demander pourquoi des prêtres et des fidèles s’attachent à la messe traditionnelle. Mais non et notre auteur s’alarme de la seconde conséquence, concernant… l’héritage de Sacrosanctum concilium, la constitution conciliaire sur la liturgie :
si certains prêtres diocésains qui célèbrent la messe traditionnelle ont déjà mis en œuvre certaines des inspirations de cette constitution (comme l’unité liturgique entre l’action du prêtre et celle des fidèles), conformément à ce qui avait été souhaité par le pape Benoit XVI, la FSSP et d’autres instituts ont, jusqu’alors, opposé une fin de non-recevoir à toute évolution en ce sens.
Le reste relève du bricolage (“il appartient urgemment aux évêques de proposer une alternative crédible afin de retenir séminaristes et fidèles”). A quand une réelle interrogation sur la légitimité de la réforme liturgique, sur le massacre qui a consisté à supprimer des pans entiers du patrimoine millénaire de l’Eglise, sur les fruits de la messe réformée, et sur les défaillances intrinsèques de cette nouvelle messe ? Un sujet tabou.