Le 12 février, Mgr Jean-Paul Vesco est devenu le nouvel archevêque d’Alger. Il déclare à Cath.ch :
Du fait de sa situation en terre musulmane, notre Église est sans cesse interrogée sur les raisons de sa présence. Pourquoi l’Église est-elle présente ici, dans un pays quasiment sans chrétien? Le 31 mars 2019, assis dans la cathédrale de Rabat, le pape François a rappelé que notre mission de baptisés n’était pas déterminée par l’espace que nous occupions, mais par la capacité que l’on a de susciter changement et compassion, par la manière dont nous vivons comme disciples de Jésus. Ainsi que l’a rappelé le pape Jean Paul II, «on ne demande pas à un signe de faire nombre». En d’autres termes, le nombre n’est pas l’indicateur de la fécondité d’une présence. Ou, pour le dire autrement, le problème n’est pas d’être peu nombreux; le problème serait de devenir insignifiant’.
Vous faites la distinction entre une Église confessante et une Église prosélyte. Pouvez-vous nous l’expliquer?
Nous sommes là, à la suite du Christ. Nous sommes confessants parce que nous ne cachons pas qui nous sommes: nous confessons l’existence de notre présence, dédiée en grande partie au service des autres. Mais, je tiens à souligner cette différence: nous ne sommes pas une ONG et nous n’avons pas d’action politique militante. Notre service aux autres se fait au nom de Dieu. […]
Nous rencontrons quotidiennement des personnes qui nous disent connaître notre religion et savoir pourquoi elle n’est pas un véritable chemin vers Dieu. Il est difficile d’entendre ces discours avec le Coran comme argument irréfutable. En retour, méfions-nous de nous chaque fois que nous sommes tentés de porter un regard négatif sur l’islam. Il faut parvenir à nous défaire de l’idée que nous devons évangéliser, faire accéder les autres à notre vérité et accepter simultanément qu’il est peut-être aussi, dans l’islam, une part de vérité qui nous échappe. […]
Un lecteur nous écrit :
Au moins depuis Assise 2011, je me pose la question de savoir ce qui nous vaut un tel partI pris de complaisance et de connivence, de la part de tant de théologiens et d’évêques, au bénéfice culturellement et sociétalement correct de la conception dominante des religions non chrétiennes et de ces religions. Pourquoi donc un tel parti pris, placé sous le signe de l’approbation presque inconditionnelle ?
Or, il se trouve que j’ai déjà eu l’occasion d’en faire l’expérience : les clercs catholiques n’apprécient pas du tout qu’on leur pose cette question.
Pourquoi donc le dialogue, dans l’acception non conciliaire de ce terme, est-il quasiment impossible, entre opposants et partisans de la survalorisation contemporaine du dialogue interreligieux, comme si celui-ci constituait un dogme auquel il convient d’adhérer, ou de se soumettre, sans la moindre interrogation, et sans la moindre interpellation des apparatchiks et de l’intelligentsia qui sont chargés de faire accepter, sinon approuver, ce dogme ?
Dans l’Eglise de François, on n’apprécie pas les dogmes, mais il se trouve que l’on adore le dialogue interreligieux comme si c’était un dogme. Pourquoi ?