Le cardinal Barbarin a donné un entretien à La Nuova Bussola Quotidiana pour revenir sur son épreuve médiatico-judiciaire. Extrait de la traduction réalisée par le site Benoît-et-moi :
Dans quelle mesure votre participation active à la saison de la Manif pour tous a-t-elle influencé le lynchage médiatique dont vous avez été victime ? Vous ont-ils fait payer ce succès?
Beaucoup de choses ont été dites, mais qui peut le prouver ? Certains articles « de soutien » ont fait le lien. Tout d’abord, je tiens à préciser que je suis l’ami de nombreuses personnes homosexuelles; beaucoup d’entre elles accepteraient de témoigner. Comme tous ses disciples, le Seigneur me demande d’aimer et de servir tous ceux qu’il met sur mon chemin, sans juger personne. Mais si le premier livre de la Bible nous dit que « l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils seront une seule chair », je ne vois pas pourquoi un Parlement a brusquement le droit de changer le sens du mot « mariage ». J’avais dit, comme d’autres, que si on touchait à ce bastion du mariage, toute la société serait bouleversée. Certains se sont moqués de cette déclaration qui était considérée comme « alarmiste » à l’époque. Moins de dix ans plus tard, nous constatons que les décisions de justice normalisent les situations de « multiparentalité » et que la maternité de substitution est à nos portes. Par ailleurs, je garde à l’esprit que nous sommes en démocratie et que, dans ce contexte, nous avons le droit d’exprimer notre accord ou notre désaccord sur un projet de loi, voire sur une loi en vigueur. Il arrive que les députés eux-mêmes souhaitent modifier une loi, même récente. C’est le cas actuellement, à l’Assemblée nationale, de la loi sur l’euthanasie, votée à l’unanimité par le Parlement français il y a tout juste quinze ans et que de nombreux députés veulent aujourd’hui modifier.
N’avez-vous jamais eu l’impression que l’Église était plus au banc des accusés que Barbarin ?
Depuis le début, l’Église est sur le banc des accusés. Lorsqu’en 64 le grand incendie a éclaté à Rome, les chrétiens venaient d’y arriver et Néron a décidé que c’était leur faute: ils devaient payer. Mais les accusations ne sont pas toutes des injustices et des mensonges. C’est ce que démontre, malheureusement, le travail effectué ces derniers temps sur les crimes pédophiles perpétrés par des prêtres et des laïcs, dans l’Église et dans le reste de la société. Ma présence sur le banc des accusés n’est qu’un épiphénomène qui ne change rien à l’ensemble du chemin parcouru par l’Église dans son processus de purification et de réforme. Le cœur de ce voyage est encore en devenir. L’essentiel est encore à venir. C’est ce que nous disons dans le Credo : après de nombreux « credo », nous terminons par un merveilleux « j’attends ». Oui, « la résurrection des morts et la vie du monde à venir » est toute notre espérance ! […]