Voici une lettre envoyée par un couple à Monseigneur l’évêque de Versailles à propos de l’indemnisation des victimes de la “pédocriminalité dans l’Eglise” :
Monseigneur,
Nous apprenons par voie de presse la levée de 20 millions d’euros par l’Eglise de France dans le but d’accomplir « un geste financier » pour les victimes d’abus sur mineurs commis par des clercs. Cette somme doit être prélevée sur le « patrimoine immobilier » et les « placements » de l’Eglise et non sur le denier de l’Eglise. Mais comment nous fera-t-on croire que ce que l’Eglise donne d’un côté, elle ne le prendra pas de l’autre ? Il faudra bien boucher les trous.
Sur le principe même, ce sont les auteurs de ces crimes abominables qui doivent payer, et ceux qui les ont couverts. Ce sont les coupables et les responsables qui doivent réparer et non les fidèles horrifiés qui n’ont rien à voir avec cela. Pourquoi ces derniers, innocents de ces crimes, seraient-ils réputés solidaires, pour réparer un préjudice dont ils ne sont pas les auteurs ? Car les biens de l’Eglise appartiennent, moralement, à la communauté des fidèles présents et futurs, et ce n’est pas, me semble-t-il, à la hiérarchie (par définition liée à un court moment historique) d’en décider arbitrairement.
De plus, il nous paraît anormal, et ce dans une démarche matérialiste, d’acheter une bonne conscience par une réparation financière de ce qui est irréparable.
Enfin, comment seront sélectionnés les bénéficiaires de cette manne tombée du Ciel ? On nous annonce une procédure très lourde avec commission et experts, choisis selon quels critères ? Quelles seront « ces procédures spécifiques respectueuses du droit français » ? En dehors de tout procès ? Il est manifeste qu’on est en face de démarches opaques et exorbitantes du droit.
En dernier lieu, quelle est la signification de la décision de l’évêque de Créteil qui a vendu son évêché ? Au moins moralement on peut considérer que ce bien ne lui appartenait pas. Il n’est qu’un maillon d’une chaîne. Si de tels procédés avaient été employés au cours des siècles, il y aurait beau temps que l’Eglise ne possèderait plus rien ! Il ne reste plus qu’à souhaiter bon courage aux successeurs qui coucheront sur la paille ! Les ordres mendiants recrutent, personne n’est obligé d’être évêque, et enfin, si Monseigneur Blanchet n’aimait pas le style bourgeois, il pouvait louer sa maison et aller s’installer ailleurs. L’avenir n’aurait pas été engagé.
Vous comprenez, Monseigneur, que nous hésitons fortement à continuer à verser notre denier du culte dans le tonneau des danaïdes. Nous restons, cependant, vos dévoués fidèles, comme nous l’avons été de vos prédécesseurs.