Située à Saint-André-lez-Lille et fermée depuis 2005 pour péril, l’ancienne église Saint-Camille a été désaffectée et vendue par le diocèse de Lille à un promoteur privé qui va la conserver, mais convertir cet ancien bâtiment industriel donné en 1901 au diocèse par une famille du quartier et resté dans le patrimoine du diocèse, comme 69 autres églises, en activités tertiaires et commerciales.
Reste à savoir si quelqu’un a pensé à regarder les conditions de la donation… et à consulter les descendants desdits donateurs, ou leurs ayant-droits.
La Voix du Nord indique que cette église est “un ancien atelier de battage de lin, construit en 1870 par l’entreprise Féron-Vrau devient église après le don par cette famille au diocèse en 1901. L’église Saint-Camille, inaugurée en 1908, est une des 70 églises qui appartiennent au diocèse de Lille, contrairement à la plupart des autres qui sont propriétés des communes (loi de 1905). L’entretien de Saint-Camille est donc du ressort de l’Église et non pas du budget communal. Elle est agrandie et réaménagée en 1929. En 2005, son état ne lui permet plus d’accueillir du public. Un arrêté de péril est pris. Saint-Camille est fermée.
À l’époque, la municipalité d’Olivier Henno (maire jusque fin 2017) mène des négociations avec le diocèse de Lille pour un éventuel rachat par la ville du bâtiment, partie de l’histoire industriel de Saint-André, en imaginant un avenir de salle des fêtes ou culturelle. « Le prix demandé par le diocèse était beaucoup trop élevé, résume M. Henno. À l’époque, il voulait reconstruire une autre église à Saint-Hélène et voulait faire une opération blanche. Et puis Saint-Camille était mal isolée, cela aurait compliqué pour faire une salle des fêtes… » se souvient-il. Plus récemment, la maire, Élisabeth Masse a regardé pour préempter le bâtiment « pour maîtriser l’espace et élargir la rue Vrau », mais le plan local d’urbanisme ne le permet pas“.
La Voix du Nord donne aussi l’avis du curé : “Pour Dominique Lemahieu, le curé de la paroisse Saint-André hors les murs (Saint-André, Wambrechies, Marquette), cette vente est évidemment « un crève-cœur. C’est toujours la mort dans l’âme que l’on se sépare d’un lieu de culte. » Le quartier Sainte-Hélène reste orphelin d’église, « mais il fallait être raisonnable. On a cherché longtemps comment on aurait pu maintenir cette église, mais elle est vraiment en mauvais état et il y a beaucoup d’amiante. » La facture pour une réhabilitation complète aurait sans doute voisiné les 250 000 euros. La décision a donc été prise de vendre ce lieu dont la paroisse se passait de toute façon depuis plus de 15 ans, d’autant que Saint-André compte deux autres églises complétées par celle du monastère de la Plaine. Une centaine de fidèles participent à la messe du samedi à Saint-Paul et autour de deux cents pour Saint-André (centre) le dimanche. Deux églises, cela suffit donc, d’autant que la période n’est pas à une explosion de la ferveur“.
Deux tiers de la vente reviennent à la paroisse, pour laquelle cela représente “peut-être pas dix [ans de budget], mais sans doute pas loin”; cette dernière prévoit, non de thésauriser le montant, mais de le dépenser dans un “projet dynamique“. Le curé, qui est prêtre depuis vingt ans, est un ancien expert-comptable, issu d’une vocation tardive, et d’une famille de bouchers-charcutiers croyants. Fidèle à ses racines, il débite le patrimoine religieux en tranches, ça peut rapporter, mais combien de temps ?