Les Dubia parues samedi concernant l’usage de l’usus antiquor n’ont pas fini de créer des remous. Et pas seulement chez les prêtres ou encore au sein des instituts traditionalistes, lesquels voient leur existence menacée. Les évêques qui von devoir affronter la colère des fidèles ont bien du souci à se faire. Alors qu’ils ont bien d’autres chats à fouetter entre désertification des paroisses, crise financière et autres abus sexuels… Car, comme on le voir déjà à Nantes et à Paris, où des fidèles manifestent désormais chaque semaine en public, les fidèles catholiques n’ont pas l’intention de se laisser faire. A l’heure où l’on parle de cléricalisme et de synodalité, il apparaît certain que la réaction des catholiques du bout du banc promet de donner des nervous break-down à certains épiscopes…
Le caractère humiliant et extrêmement rigide des mesures prises par Rome ne servent qu’à masquer l’absence d’autorité aujourd’hui dans l’Eglise. Il serait permis de se comporter comme un pêcheur public (entre le lobby LGBT accueilli au synode et les divorcés remariés…) mais pas d’assister à la liturgie traditionnelle. Le pontificat de la miséricorde sombre dans le ridicule.
Interrogé dans Présent, l’abbé de Tanoüarn (IBP), souligne la faiblesse de l’autorité :
Elle vérifie le vieil adage de l’encyclopédie italienne : « Tout pour l’Institution. Tout par l’Institution. Rien en dehors de l’Institution. » C’était naguère la définition que Mussolini donnait du fascisme. Si l’on ajoute à cela le mépris des humbles fidèles, qui ne sont même pas considérés (hormis des recommandations pédagogiques dont on sait trop ce qu’elles veulent dire d’entêtement du côté des prétendus sachants), il ne reste plus beaucoup de cartes à celui que les gazettes argentines au moment de son sacre appelaient le premier pape péroniste du monde. Ajoutons à ces observations le discrédit dans lequel est tombée une hiérarchie qui a trop longtemps couvert des actes pédophiles et qui vient aujourd’hui demander aux fidèles de payer pour eux, tout en leur interdisant l’usage de la liturgie qui les fait vivre… Comme l’avait pressenti le pape Benoît théorisant le droit des fidèles dans des groupes stables, contre toute attente c’est la question liturgique qui repose, de façon urgente, la question du droit spirituel de chaque fidèle dans l’Eglise de Dieu, colonisée par un hypercléricalisme qui a pris comme étendard la liturgie rénovée.
L’argument de l’unité liturgique, avancé par Rome, est également contestable. De quelle unité liturgique s’agit-il ? Autrefois, un catholique pouvait aller dans n’importe quelle paroisse de son rite, dans le monde entier, et suivre sans difficulté la messe qui s’y célébrait. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. D’abord à cause de la langue : le latin a été abandonné qui donnait une merveilleuse unité. Ensuite à cause des variantes innombrables qui se sont développées dans le rite. Tant par la multiplication des parties laissées au choix du célébrant, que par la profusion de textes nouveaux, comme les canons dont il difficile de connaître le nombre exact (13 ? 14 ?). Enfin, à cause de la « créativité » du célébrant, plus ou moins encouragée dans le but de faciliter une participation « active ». En vérité, la liturgie n’a jamais été aussi disparate dans les divers lieux, même sur un territoire national donné. Il y a plus d’unité au sein du milieu traditionnel qu’au sein des participants à la forme réformée du missel.
Les évêques n’ont pas fini d’entendre parler des fidèles. A bon entendeur…