Message du Prieur général des Frères de Saint-Jean :
Avec toute l’Église, nous avons reçu le 5 octobre, le rapport de la CIASE. L’ampleur, la gravité des constats posés par le rapport nous laissent comme tous dans une sorte de sidération consternée. Bien que l’histoire de notre communauté nous ait déjà confrontés avec la désolante réalité des abus chez nous, nous devons à présent prendre conscience des proportions de ce phénomène à l’échelle de l’ensemble de l’Église en France. Cela est source d’effroi et de honte pour nous qui sommes membres de l’Église catholique.
En tant qu’ancien secrétaire de la commission SOS abus de notre congrégation et actuel prieur général, j’ai entendu des victimes et découvert grâce à elles les conséquences dramatiques des abus sexuels. Je continue à ressentir la honte face au constat de nos défaillances passées dans la gestion de ces situations. Et je tiens à redemander pardon à toutes les victimes de membres de notre congrégation et pour les insuffisances de nos réactions et décisions dans le passé.
Depuis plusieurs années, nous sommes engagés dans un travail de fond pour assainir ce qui doit l’être dans notre congrégation. J’ai conscience que malgré notre engagement, nous ne sommes toujours pas à un point d’arrivée dans le traitement de ces situations, et que notre politique de prévention de ces situations, ainsi que notre manière d’accompagner les auteurs est à réinterroger sans cesse pour l’améliorer. Dans cet esprit, j’encourage tous mes frères à prendre le temps de lire ce rapport.
Celui-ci apporte en effet une connaissance quantitative mais aussi qualitative du phénomène des abus dans l’Église en faisant largement entendre la parole des victimes qui ont pris la peine de s’adresser à elle, et en croisant le regard de spécialistes de différentes disciplines. Nous avions été associés au travail de la CIASE par la réponse au questionnaire envoyé à toutes les congrégations religieuses et par la visite de nos archives. La part principale des abus commis dans la Communauté (les abus de personnes majeures dans le cadre de l’accompagnement spirituel – cf. Rapport de la commission SOS abus de 2019) relevait en effet de l’objet du travail d’enquête de la CIASE selon le sens donné à l’expression « personnes vulnérables » dans le préambule méthodologique du rapport (Rapport p. 80, §0121). Trois des membres et personnes associées à cette commission étaient donc venus à Rimont, dont M. Jean-Marc Sauvé, pour me rencontrer ainsi qu’un membre de la commission SOS abus. Nous avions pu apprécier le sérieux du travail entrepris ainsi que le tact avec lequel il était mené. Qu’ils soient remerciés de cela et de la somme considérable de travail qu’ils ont fourni.
Passé le choc des chiffres, le rapport lui-même est une lecture riche qui donne à méditer, et conduit à une conversion du cœur et de l’intelligence. En Église, nous devons en tirer tous les enseignements et agir, notamment en travaillant les 45 recommandations, et en recevant au niveau de la Congrégation en France le travail que fait la CORREF et les résolutions qui seront prises par la conférence des évêques de France.
Frère François-Xavier Cazali