Suite au motu proprio Traditionis Custodes, un fidèle catholique de province a écrit à son évêque pour lui témoigner de ce que lui avait apporté la pratique de la messe traditionnelle. Il nous a autorisé à publier son courrier :
[…] Je me sens le devoir de vous apporter mon humble témoignage sur ma manière de vivre ma foi catholique en fréquentant régulièrement le trésor de la liturgie traditionnelle grâce à la Fraternité Saint Pierre et aux autres communautés existantes.
Comme vous le devinez sûrement, le récent motu proprio Traditionis Custodes a pour moi était un choc. Tant par sa sévérité que par l’approximation des propos désignant les communautés de catholiques visées.
Je suis personnellement issu d’une famille que l’on peut qualifier de moderne. Parents divorcés, remariés, une seule sœur qui a abandonné la foi, etc. Malgré une éducation catholique reçue de ma mère, j’ai, sur la fin de mon adolescence et lors de mes études, progressivement abandonné ma pratique religieuse. Les raisons étaient nombreuses. Tout d’abord, je ne sentais pas de présence particulière de Dieu lorsque j’assistais à la Messe. Il faut dire qu’en campagne corrézienne où j’habitais, le dimanche matin était souvent un moment triste à mourir. Les chants ne m’aidaient pas à prier mais plutôt à rire, les sermons m’étaient incompréhensibles et la jeunesse absente. J’ai pourtant persévéré en devenant servant de messe pendant quelques années. En arrivant à Paris pour mes études, j’ai alors cherché une paroisse dans la mouvance du “renouveau charismatique. Malgré un dynamisme certain, la grande mondanité qui y régnait me gênait quelque peu et l’abondance de guitares et de tambour pour ajouter du peps à la liturgie n’ont pas suffit à me maintenir dans la pratique. Issu du catéchisme de l’enseignement catholique des années 90, je n’avais pour ainsi dire aucune formation. J’ai donc progressivement adopté l’esprit du monde et abandonné Dieu.
Tout cela a changé lorsque j’ai découvert la liturgie traditionnelle à Saint Eugène à Paris. Emmené par un ami, j’y ai trouvé ce que je cherchais sans le savoir. Pour la première fois, je ressortais de la Messe avec le cœur qui allait exploser. La beauté des chants, les nombreux gestes de piété du prêtre et des fidèles, la clarté du sermon…etc, tout cela était nouveau pour moi. J’ai eu l’impression que l’on m’avait caché un trésor pendant des années. Je n’avais qu’une envie, c’était de retourner à la Messe. Je redécouvrais également le sacrement de confession que je n’avais pas pratiqué depuis des années car souvent proposé sur rendez-vous uniquement dans la plupart des paroisses. Je me nourrissais du catéchisme enseigné de manière traditionnelle (question, réponse) pour réapprendre les fondamentaux de ma foi (devrait-je dire apprendre). J’expérimentais également pour la première fois la communion des saints en imaginant Sainte Thérèse, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, Saint Maximilien Kolbe et tant d’autres assister à cette même liturgie. Liturgie qui a fait d’eux des saints. Je comprenais enfin l’architecture des belles églises qui parsèment notre pays. Je rencontrais des prêtres jeunes, extrêmement bien formés et exposant clairement le contenu de la foi en Jésus Christ sans détours et sans compromis.
Suite à cela, j’eu envie de partager ce trésor autour de moi et j’emmena beaucoup de personnes non croyantes ou non pratiquantes à la messe en forme extraordinaire. J’éprouvais une certaine fierté de montrer cela à mes amis. Je n’avais rien ressenti de tel auparavant. Deux de ces personnes que j’ai emmené à la Messe se sont convertis et pratiquent encore aujourd’hui. L’un d’eux est d’ailleurs séminariste dans un institut vivant au rythme de la liturgie traditionnelle. Durant la Messe de mon mariage, elle aussi en forme extraordinaire, un ami athée m’a dit avoir senti quelque chose de mystique (!) Je suis convaincu de la capacité missionnaire de cette liturgie qui a sanctifié tant d’âmes durant tant de siècles.
Aujourd’hui, je fais 50km tous les dimanches matin pour assister à la Messe en forme extraordinaire car je juge un arbre à ses fruits et je vois bien que, quand beaucoup de paroisses se vident, celles où cette forme du rit romain est proposée sont pleines à craquer (littéralement). Les jeunes personnes y sont nombreuses. Le taux de transmission de la foi y est très important. Le nombre de baptêmes y est bien plus grand que le nombre d’enterrements. Ces communautés, comme toute communauté humaine, ne sont pas parfaites et remplies de pécheurs. Mais comme, aujourd’hui, ma mission de père est de conduire mes enfants à la sainteté, j’ai choisi d’aller là où ils ont le plus de chances de garder la foi.
Sachez, Monseigneur, que ma démarche n’a jamais été vécue en rupture avec l’autorité de notre sainte mère l’Eglise. Mon propos n’est pas non plus de remettre en cause la validité de tel sacrement ou de tel rite. L’Eglise catholique est riche de nombreux rites, adaptés aux populations et aux sensibilités de chacun. J’aime à penser que nous vivons l‘unité de notre Eglise et de notre foi dans la diversité de ses expressions.
Comprenez en revanche que si je suis, bien que toujours pécheur, encore catholique aujourd’hui, c’est grâce au trésor de la liturgie tridentine et aux communautés de prêtres et religieux qui la font vivre. Et comme je souhaiterai qu’un maximum de catholiques puissent accéder à ce trésor !!
L’objet de ma lettre n’est pas de vous demander quoi que ce soit de particulier. J’espère seulement que mon témoignage vous aidera à nourrir votre réflexion et à agir pour ce qui vous semble juste, pour le bien de notre sainte mère l’Eglise et pour le règne de Notre Seigneur.