Depuis la prise de l’Afghanistan par les Talibans – au cours d’une quasi-sublimation du régime pro-occidental et de son armée, dissouts, fuyards ou retournés en deux semaines – le monde s’inquiète du sort des chrétiens dans le pays.
En ce qui concerne les catholiques, il n’y en a presque pas. Le pays ne compte officiellement qu’un seul prêtre basé à Kaboul, le missionnaire barnabite italien Giovanni Scalese, et une seule chapelle, au sein de l’ambassade italienne.
“Si l’Afghanistan n’a jamais été un pays chrétien, historiquement, la présence chrétienne dans le pays remonterait au IIIe siècle. Mais elle est aujourd’hui extrêmement réduite : le pays compterait à peine quelques centaines de chrétiens. La seule église catholique sur le sol afghan est une chapelle située dans l’ambassade italienne à Kaboul. C’est le père Giovanni Scalese, missionnaire barnabite, qui l’animait jusqu’à présent. Son ordre, officiellement appelé les Clercs réguliers de Saint Paul, s’est installé dans le pays au début du XXe siècle“, expose Aleteia.
“Aujourd’hui, il n’y a plus, du moins officiellement, d’Afghans chrétiens (…) », témoignait le prêtre en 2018 auprès du média catholique chinois O Clarim. « Depuis son institution, la mission catholique n’a jamais baptisé aucun citoyen afghan. Le faire signifierait risquer leur vie ». L’article 3 de la Constitution afghane prévoit en effet qu’ « aucune loi ne peut être contraire aux croyances et aux dispositions de la religion sacrée de l’islam ».
La chapelle de l’ambassade italienne est un privilège accordé à l’Italie par l’Afghanistan en 1919, ce pays européen étant le premier à reconnaître l’Afghanistan. La chapelle a ouvert en 1933. En 2015, trois communautés religieuses étaient aussi présentes : “les Petites sœurs du P. Charles de Foucauld (présentes dans le pays depuis 1955), les Missionnaires de la Charité de Mère Teresa et une communauté constituée de trois sœurs de trois instituts différentes, appelée « Pro bambeni di Kabul » (Pour les enfants de Kaboul)“, expliquait il dans une interview accordée au site catalan Flama.info.
Il complétait au sujet des autres minorités chrétiennes : “L’Afghanistan n’est pas comme les autres pays du Moyen Orient (Égypte, Liban, Syrie, Irak, Iran) où existent de nombreuses communautés vivantes, aujourd’hui en danger d’extinction. En Afghanistan il n’y a jamais eu de « minorités chrétiennes ». Pour être plus précis, les Nestoriens ont aussi apporté le christianisme dans ces régions mais avec l’arrivée de l’Islam il a complètement disparu. La présence catholique est limitée aux Occidentaux qui résident temporairement en Afghanistan“. Or, “les occidentaux, en plus d’être les « occupants » aux yeux des Afghans, ne donnent pas le moindre témoignage du christianisme. Ici aussi l’on peut voir les effets de la sécularisation. Et c’est précisément ce qui gêne les musulmans“.
En mars 2020 cette chapelle avait été fermée au public à cause du Covid – le religieux expliquait que l’assistance des fidèles s’était déjà réduite auparavant car beaucoup étaient retournés dans leur pays. Ce qui permet aussi de comprendre que ces fidèles n’étaient, pour l’essentiel, pas afghans.
En revanche il y a des missions humanitaires catholiques, et à ce titre, deux prêtres jésuites et quatre religieuses de la Charité d’origine indienne sont actuellement bloqués à Kaboul, en attente d’être évacués. Caritas international a pu poursuivre ses missions dans les provinces occupées par les talibans, et espérait pouvoir continuer après le basculement prévisible du pays – les talibans, qui ont annoncé une amnistie générale et appelé les investisseurs étrangers à venir exploiter les ressources minière (lithium notamment) et reconstruire l’Afghanistan ravagé par des décennies de conflits, soignent leur image et pourraient maintenir sur place les organisations caritatives internationales.