Lors de son déplacement à Strasbourg pour célébrer le Grand Jubilé des 1300 ans de la mort de sainte Odile, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’état du Saint-Siège, s’est exprimé sur le Concordat. Cet exception concerne l’Alsace (le Bas-Rhin, le Haut-Rhin) et la Moselle. Elle est le fruit de l’histoire puisque ces trois départements qui se trouvaient sous autorité allemande en 1905 , ont échappé à la loi de séparation des Églises et de l’État. Le régime du Concordat fut imposé par Napoléon en 1802 et est resté en vigueur jusqu’en 1905 pour le reste du territoire. C’était un moyen de contrôler les cultes catholique, protestant et israélite.
Pour le numéro 2 du Vatican, le Concordat continue d’être
« utile à la relation entre l’Église et l’État (…) c’est un instrument qui est encore valable. Je pense que l’on peut continuer comme ça, malgré le fait que dans le reste du territoire français, il n’y a pas d’accord entre l’Église et l’État ».
« Le système concordataire constitue un cadre privilégié. Il faut reconnaître que là où existe le concordat, des relations positives de collaboration entre l’Église et l’État tendent à se développer ».
C’est dans la grande salle du mess des officiers qu’étaient réunis le préfet, plusieurs maires (dont le maire EELV de Strasbourg Jeanne Barseghian), des députés, les présidents du Département et de la Région, des représentants du monde de l’entreprise mais aussi une quinzaine d’évêques français, allemands et suisses, de prêtre et religieux et religieuses, ainsi que les représentants des cultes protestants, israélite et musulman.
Alors que le concordat a récemment été l’objet d’un sondage Ifop commandé par le Grand Orient de France selon lequel 52 % des habitants seraient favorables à son abrogation, le cardinal Parolin a vigoureusement défendu son maintien.
« Si le concordat fonctionne bien, et j’ai l’impression que c’est le cas ici, cela vaut la peine de continuer ».
Pour lui, il n’est pas problématique que l’Alsace et la Moselle ne relèvent pas du même régime de financement des cultes (mais aussi de tenue de cours d’enseignement religieux à l’école) que le reste de la France. Il a également affirmé que la reconnaissance de l’islam parmi les cultes concordataires butait sur l’obstacle de l’absence d’autorité unique comme interlocuteur de l’État pour cette religion. Le cardinal Parolin a défendu la modernité de tels accords, rappelant que le Saint-Siège continue d’en signer, y compris dans des pays où la population n’est pas majoritairement catholique.
Alors que le Concile a rappelé que les États n’ont pas à nommer les évêques, le cardinal Parolin a reconnu qu’une exception existait toujours en Alsace-Moselle, du fait de l’imbrication avec les autres cultes, mais aussi en Chine… Mais ce n’est pas tout à fait pareil : en France l’Eglise nomme les évêques, et leur nomination doit être ratifiée par l’Etat. En Chine, le régime sélectionne les évêques et il n’est pas certain que l’Eglise ait le choix de refuser…