Pour revoir la messe célébrée par Mgr Aveline, archevêque de Marseille, et en présence de Mgr de Germay, évêque émérite d’Ajaccio et actuel archevêque de Lyon :
Homélie de Mgr Jean-Marc Aveline :
« Sur ces mots, Jésus dit à Pierre : “suis-moi” ! »
Avant de faire à Pierre cette demande décisive, Jésus avait préparé sur le rivage un petit feu de braises, désigné dans l’Évangile de Jean par le même mot (anthrakia) que celui devant lequel Pierre se chauffait, perdu et déçu, au moment de son reniement. Mais maintenant, ce petit feu de braises a pris une signification inversée : symbole de complicité dans la traitrise, il devient le point de départ d’une nouvelle confiance. Nous le savons tous : c’est le chemin de notre conversion. « Miserando atque eligendo », selon la forte devise du Pape François. Et Pierre, enfin libéré de son triple reniement par la triple question d’amour de Jésus, va pouvoir, maintenant qu’il se sait aimé malgré sa faiblesse, maintenant qu’il se sait choisi en dépit de son péché, Pierre va pouvoir humblement mettre ses pas dans ceux de son Maître et Jésus va pouvoir, sur l’humanité pardonnée de Pierre, bâtir son Église. « Pais mes brebis », lui a demandé le Seigneur ! Et saint Augustin commente : « Si tu m’aimes, ne pense pas que c’est toi le pasteur ; mais pais mes brebis comme les miennes, non comme les tiennes ; cherche en elles ma gloire, non la tienne, mon bien, non le tien, mon profit et non le tien ! »
Déjà, dans le livre d’Ézéchiel, nous avons entendu que Dieu, après avoir exprimé sa colère contre ceux qui prétendent être des pasteurs en Israël et qui ne s’occupent que d’eux-mêmes et de leurs propres intérêts, délaissant les brebis qui leur ont été confiées, Dieu donc, décide de leur reprendre leurs brebis et de s’en occuper lui-même, avec autant de tendresse que de vigilance : « Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis et je veillerai sur elles. […] J’irai les délivrer de tous les endroits où elles ont été dispersées. […] Je les ferai paître sur les montagnes d’Israël, dans les vallées, dans les endroits les meilleurs. »
Ton nouveau ministère d’évêque, cher François, procède tout entier de cet amour de Dieu pour son peuple. Il l’aime le premier et jalousement. S’il te le confie, c’est qu’il compte sur toi, malgré tes faiblesses et ton péché, pour aimer son peuple autant qu’il l’aime. Saint Athanase disait que « l’évêque, avant d’être ordonné, peut vivre pour lui-même, mais qu’à partir de son ordination, il est obligé de vivre pour ses brebis, du salut desquelles il doit certainement rendre compte. » Voilà pourquoi il nous faut bien réfléchir avant de dire « oui » ! Et puisque tu as déjà dit « oui » et que tu le rediras liturgiquement tout à l’heure, devant ce peuple de Corse qui t’est confié aujourd’hui, laisse Dieu lui-même, par sa grâce, élargir ton cœur d’évêque aux dimensions de son amour. Nous savons tous d’expérience qu’il faut du temps pour apprendre à compter moins sur nos propres forces que sur le Seigneur ! L’acte de suivre Jésus et l’acte d’accepter d’être dépossédé de notre prétendue maîtrise sont les deux faces d’un même engagement. Ta vie, cher François, nul ne te la prendra puisque tu l’as déjà donnée. Mais faire le choix de laisser vraiment Dieu faire ce qu’il veut de ce qu’on lui a donné est un combat de chaque jour et un témoignage dont la force est susceptible d’édifier le peuple chrétien et de rejoindre la soif spirituelle de l’humanité.
Permets-moi de te donner fraternellement deux conseils pour cela : d’abord, accorde plus d’importance au tabernacle qu’à ton bureau et laisse le soleil de la Présence buriner lentement ton âme de pasteur ! Mon prédécesseur, Mgr Pontier, m’avait lui-même formulé ainsi ce précieux conseil : « chaque fois que l’on augmente le poids de ta charge, toi, allonge le temps de ta prière » ! Ensuite, c’est mon deuxième conseil : sois un évêque de terrain, et même un évêque « tout terrain ». Pas besoin de t’acheter un coûteux 4/4 pour cela. Il te suffit d’accompagner humblement et sans relâche le pèlerinage de Dieu vers chacune de ses brebis, pour parler comme Benoît XVI. C’est là ton autre tabernacle. « La brebis perdue, je la chercherai, dit Dieu ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit. »
Ainsi étiré entre le tabernacle et le peuple, saisi d’effroi devant Dieu et de compassion au chevet de ses enfants, ton cœur s’élargira peu à peu aux dimensions du mystère que saint Paul essayait d’exprimer dans sa lettre aux Éphésiens. « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » Tel est le projet éternel de Dieu qui s’est réalisé dans le Christ Jésus notre Seigneur. La mission de l’Église, c’est de coopérer à ce projet qui est l’œuvre du salut. Non pas d’être une religion qui réussit selon les critères mondains de la croissance et de l’efficacité, mais plutôt de coopérer avec l’Esprit Saint pour être au service de la relation d’amour de Dieu pour le monde. C’est parce que Dieu aime le monde que l’Église est missionnaire et non pour se glorifier elle-même. Et c’est aussi parce que le monde rejette souvent cet amour de Dieu que l’Église est semée dans le sang des martyrs, comme disait Tertullien.
Voilà pourquoi, cher François, toi qui vas devenir, par la grâce de Dieu, l’un des successeurs des Apôtres, tu reçois la charge de veiller par-dessus tout à ce que l’Évangile soit annoncé. Tout à l’heure, quand tu auras déclaré que tu acceptes la charge épiscopale au service du peuple de Dieu et que tu t’engages à la remplir jusqu’à la mort, avec la grâce de l’Esprit Saint, je te demanderai : « voulez-vous annoncer l’Évangile du Christ, avec fidélité et sans relâche ? » Et dans ton « oui », c’est toute ta vie qui sera désormais consacrée, en communion avec le successeur de Pierre et tout le collège épiscopal, au service de cette annonce.
Tu le sais bien : annoncer l’Évangile, ce n’est pas répéter des slogans. Éloi Leclerc, franciscain comme toi, l’avait exprimé en quelques lignes lumineuses : « Évangéliser un homme, c’est lui dire : toi aussi, tu es aimé dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C’est cela, annoncer la Bonne Nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profondes. » Cher François, j’ai encore un petit conseil : commence par accueillir le peuple de Corse qui t’offre son amitié ! Prends le temps de l’accepter de tout ton cœur. Un peu comme saint Jean-Paul II commençait par embrasser, en signe de profond respect, la terre des pays où il arrivait. Et plus encore comme le Seigneur Jésus lui-même, se laissant laver les pieds à Béthanie avant de refaire ce geste pour ses Apôtres au soir du Jeudi Saint. Accepte donc l’amitié que t’offre ton peuple, ce peuple qui est à Dieu, ce peuple qu’il te confie et auquel il te confie. Écoute ce peuple te raconter les merveilles que la grâce de Dieu a déjà opérées sur cette terre bénie de la Corse !
D’autant plus que cette île, tu le découvriras par toi-même, a une âme toute franciscaine ! Ne dit-on pas ici que saint François lui-même, navigant en Méditerranée entre l’Espagne et l’Italie, aurait été contraint de faire escale à Bunifaziu ? Il serait allé demander l’hospitalité au couvent de Saint-Julien, alors desservi par des religieux hospitaliers qui le prirent pour un vagabond et refusèrent de le recevoir. Le saint se retira alors dans une grotte voisine, et à l’aube, les moines furent tout étonnés de voir la grotte illuminée par une radieuse clarté. Tu découvriras également la suggestive superposition de la carte des implantations franciscaines avec celle des confréries, si importantes encore aujourd’hui pour saisir le fond de l’âme corse.
Certes, tu n’es pas le premier franciscain à devenir évêque de Corse. Le premier le fut en 1312, et c’était aussi un 13 juin ! Ainsi, il semble avoir été préparé depuis longtemps, ce jour où un franciscain prénommé François serait nommé par le pape François comme évêque d’une Corse profondément marquée par saint François ! Permettez donc à l’archevêque métropolitain de vous dire : ne manquez pas ce rendez-vous ! Ça fait beaucoup de planètes alignées ! Toi, Église de Corse, plonge dans tes racines spirituelles pour fortifier ton ardeur missionnaire. N’aie pas peur de prendre ta part dans la mission de l’Église universelle. Tu es au cœur de la Méditerranée, cette mer qui conjugue tant de défis aujourd’hui : défi migratoire, défi écologique, défi de la disparité économique, de la pluralité religieuse, de la tension belliqueuse entre les peuples. Et tous ces défis te bousculent toi aussi. Alors, ne te replie pas sur toi-même. Sois fière de ta culture et de ton héritage, mais surtout, vis l’Évangile et mets-toi humblement au service de l’amour dont Dieu aime le monde.
Et toi François, devenu le pasteur de ce peuple, fais-lui le cadeau de l’amitié du Christ à travers l’amitié que tu porteras à chacune des personnes de ce peuple, spécialement aux prêtres et aux diacres, et aussi aux pauvres, aux exclus, aux isolés, aux malades, aux migrants et à tous ceux qui ont le plus besoin de sentir qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus-Christ. Sois l’évêque de tous les Corses, les catholiques et les autres, précisément parce que l’Église est « catholique » par vocation, c’est-à-dire tendue vers la réalisation de la promesse faite jadis à Abraham, selon laquelle toutes les nations trouveront en lui leur bénédiction, lorsque Dieu aura tout récapitulé sous un seul chef, le Christ.
Sois sûr, cher François, que Dieu te donnera chaque jour la grâce dont tu auras besoin pour accomplir ta mission. Ton voisin du pays basque, le cardinal Etchegaray, racontait qu’il avait trouvé un jour, sur le bureau d’un vicaire de Bayonne, un petit billet où étaient recopiées ces quelques lignes : « Pense à ceux qui te sont confiés. Si tu ralentis, ils s’arrêtent ; si tu faiblis, ils flanchent ; si tu t’assieds, ils se couchent ; si tu critiques, ils démolissent. Mais, si tu marches devant, ils te dépasseront ; si tu donnes ta main, ils donneront leur peau ; et si tu pries, ils seront des saints ! » Prie, François, avec tout ton peuple ! Et conduis-le, humblement mais résolument, sur le chemin de la sainteté.
Amen !
Présentation du diocèse par le père Jean-Yves Coeroli
Au nom de l’Église de Corse, je voudrais souhaiter la bienvenue à Monseigneur le nonce apostolique, à notre archevêque métropolitain, aux archevêques, évêques, prêtres et diacres, religieux et laïcs, qui ont traversé la mer pour nous rejoindre, ainsi qu’aux autorités civiles et militaires présentes. Mais avant tout, nous sommes très heureux d’accueillir Mgr François Bustillo, que le Seigneur nous donne comme pasteur de notre Église : Père évêque, soyez le bienvenu dans notre diocèse, qui est maintenant le vôtre.
Notre diocèse s’inscrit d’abord dans cette terre de Corse dont nous sommes fiers, notre île montagneuse qui nous invite à rendre grâce chaque jour pour la beauté de la création.
Notre diocèse hérite ensuite d’une histoire multiséculaire, profane et religieuse, longtemps en lien avec la péninsule italienne. Notre île a été évangélisée très tôt et fécondée par le sang des martyrs : sainte Dévote, sainte Julie, sainte Restitude et bien d’autres.
Au début du Moyen Âge, la Corse a fait partie du patrimoine de saint Pierre ; plus tard elle est devenue possession de la république de Pise, puis de Gênes. Divers ordres religieux s’y sont établis, notamment les frères mineurs. Le concile de Trente y a porté ses fruits, en particulier grâce à saint Alexandre Sauli, évêque d’Aleria à la fin du XVIe siècle.
Le XVIIIe siècle fut marqué par le franciscain saint Théophile de Corte mais aussi par quarante années de lutte armée des Corses, menée d’abord contre le pouvoir génois. Dans ce contexte, en 1735, la Corse a été placée sous la protection de la Vierge Marie, invoquée comme Immaculée Conception ; nous en faisons toujours mémoire. En 2014, Mgr de Germay, notre évêque, a renouvelé la consécration de notre île et de notre Église à la sainte Vierge Marie, reine de la Corse.
Puis sous Louis XV, la Corse a été conquise par la France. Ensuite, après le concordat de 1801, le pape Pie VII a supprimé nos 6 diocèses et a érigé pour toute notre île le diocèse actuel d’Ajaccio, dont vous êtes maintenant le titulaire. Le XIXe siècle est aussi celui de l’apostolat du Padre Albini, oblat de Marie Immaculée, dont la béatification est envisagée.
En même temps la Corse, qui se trouvait dans l’orbite de la péninsule italienne, est entrée, avec des hauts et des bas, dans le cadre français. Peu à peu s’est aussi forgée une identité corse originale, avec la transformation de nos parlers locaux en une véritable langue régionale, dotée d’une écriture et d’une littérature spécifiques. La fin du XXe siècle a vu émerger le renouveau culturel dit du Riacquistu, qui a marqué notre Église par la renaissance des confréries qui sont maintenant près d’une centaine.
Aujourd’hui, notre île compte environ 340 000 habitants. La majorité des habitants est baptisée catholique, mais la pratique religieuse régulière est très faible, comparable à la réalité continentale. Nous saluons aussi la présence de nos frères chrétiens d’autres confessions, qui sont en petit nombre : Église protestante unie de France, orthodoxes roumains, évangéliques, adventistes. Vivent aussi deux petites communautés israélites, et environ 40 000 musulmans.
Père évêque, que dire de notre Église ? Le catholicisme corse est en lien intime avec nos traditions culturelles ; il s’est établi sur un substrat païen qui n’a pas complètement disparu. En exagérant un peu, la pratique religieuse a longtemps été vécue, peut-être davantage comme une religion de préceptes, de lien social aussi, que comme un attachement à la personne du Christ. C’est pourquoi notre diocèse est éminemment concerné par la « nouvelle évangélisation ». En particulier, l’annonce de la foi aux jeunes générations devient problématique.
Dans notre île méditerranéenne, les relations interpersonnelles comptent énormément, spécialement entre évêque, prêtres, diacres et fidèles : écoute, rencontres informelles, accueil et soutien mutuels. Notre île étant marquée par la pauvreté, les traditions d’hospitalité et de solidarité, l’attachement à la famille aussi, restent vivants, en dépit de l’individualisme croissant des sociétés occidentales auquel la Corse n’échappe pas.
Depuis 2015, les 434 paroisses canoniques ont été regroupées en 83 unités paroissiales avec un curé pour une ou plusieurs unités. Les fidèles de chaque unité sont appelés à « faire communauté », notamment lors du rassemblement dominical. Mais l’esprit de clocher a la vie dure… Depuis 2017, le diocèse compte 10 doyennés. Dans chacun d’eux, les réunions mensuelles entre prêtres et diacres, avec quelquefois des laïcs engagés, resserrent la fraternité entre participants et favorisent la réflexion pastorale.
38 prêtres exercent une charge curiale, dont seulement la moitié est incardinée dans le diocèse. On compte 66 prêtres en activité, 18 prêtres religieux et 7 prêtres retirés. On remercie les prêtres diocésains venant de l’extérieur, en majorité polonais ou africains. On compte aussi 13 diacres permanents. Deux séminaristes sont en formation, Pierre sera ordonné prêtre ici dans deux semaines ; Joseph finit sa 1re année de 1er cycle.
Les communautés religieuses sont très estimées dans notre île : communautés masculines et féminines, apostoliques et contemplatives. Notons que presque tous les religieux viennent de l’extérieur de la Corse.
Le diocèse compte deux collèges-lycées et cinq écoles primaires d’enseignement catholique sous contrat avec l’État et sous tutelle diocésaine, représentant environ 5 % des élèves scolarisés. Ces établissements travaillent avec sérieux au service d’une éducation de qualité dans le respect du caractère propre.
Le Secours catholique et bien d’autres associations, même non confessionnelles, sont animées par de nombreux chrétiens qui portent un vrai souci d’accompagnement des personnes en difficulté, la précarité étant hélas bien présente dans notre île. Saluons aussi tous les bénévoles engagés dans la pastorale de la santé.
En comparaison du continent, nous avons peu de mouvements de laïcs. Par contre, nos nombreuses confréries, très diverses, ont à cœur de faire vivre les traditions caritatives et liturgiques locales. Stimulées par l’autorité diocésaine, elles cherchent de plus en plus à s’intégrer de façon efficace dans le tissu paroissial et à approfondir leur relation au Christ et à l’Église. Elles jouent un rôle croissant dans la pastorale du deuil. Elles sont une expression et un moteur de la piété populaire corse. Cette piété populaire, avec ses fêtes patronales et ses processions, n’est pas figée. Quelques belles initiatives innovantes ont permis de mettre cette réalité de notre Église au service de l’évangélisation.
Dans ce cadre, Père évêque, vous serez invité à présider des rassemblements de dimension diocésaine, tournés vers la Vierge Marie, le 5 août à Bavella, les 7 et 8 septembre à Lavasina, Casamaccioli, Pancheraccia ou Alesani, sans oublier le pèlerinage du Rosaire à Lourdes qui est très suivi.
Enfin, permettez-moi la liberté de reprendre deux appels d’Evangelii gaudium qui me semblent importants pour notre Église de Corse.
Le pape François nous a dit : « La Parole de Dieu est la source de l’évangélisation ; l’évangélisation demande la familiarité avec la Parole de Dieu ». Père évêque, merci d’encourager le clergé de Corse à se laisser enseigner et à enseigner le peuple chrétien à partir de la Parole, à accompagner des personnes peu familières de l’Église avec la Parole, Parole accueillie, priée, célébrée, mise en pratique, qui prépare la réception des sacrements et déploie leur efficacité. Nous avons des progrès à faire à cet égard.
Notre pape nous dit aussi : « Il n’y a pas de plus grande liberté que de se laisser conduire par l’Esprit, en renonçant à vouloir calculer et contrôler tout. » Père évêque, nous prions pour que, sous votre conduite, nous puissions discerner ensemble les œuvres et les appels de l’Esprit, afin qu’en les accueillant, notre Église de Corse témoigne joyeusement du salut qu’elle reçoit du Christ et qu’elle propose à tous les hommes.
Pour finir, nous rêvons d’une Église priante, humble, fraternelle, généreuse, en dialogue avec la société, prête à accompagner avec patience les chercheurs de Dieu. Merci de nous aider à concrétiser ce rêve, toujours davantage, dans le souffle missionnaire de l’Esprit Saint.
REMERCIEMENTS
Cher Mgr Jean-Marc Aveline, cher Mgr Celestino Migliore, Nonce Apostolique en France, chers confrères évêques, chers vicaires généraux, merci beaucoup de m’accompagner en ce moment génétique de ma vie épiscopale. Votre présence me rassure et m’encourage pour me mettre, comme je l’ai dit dans le rite d’ordination, au service du Peuple de Dieu, avec l’aide de l’Esprit Saint et jusqu’à la mort. Merci à Mgr Aveline pour ses conseils, j’ajoute les conseils d’un évêque émérite… il m’a dit, François, les 3 qualités de l’évêque ce sont la patience, la patience et la patience, mais sans passivité ! Aimer, c’est tout donner.
Chers prêtres, cher p. Coeroli, vous êtes les premiers collaborateurs de l’évêque. Je vous dis mon désir de bâtir une vie ecclésiale simple et fraternelle avec vous au service des personnes qui nous sont confiées. Les corses méritent des pasteurs prêts à tous donner pour que notre église soit un signe d’espérance dans le monde. L’action du don est toujours libératrice. Là où beaucoup de personnes veulent prendre et posséder, nous sommes appelés à offrir. Le pape François disait aux prêtres français la semaine dernière : les prêtres “superman” finissent mal, tous. Le prêtre fragile, qui connait ses faiblesses et en parle avec le Seigneur, celui-là ira bien. Avec Joseph, nous sommes appelés à revenir à l’expérience des actes simples de l’accueil, de la tendresse, du don de soi.
Chers diacres, chers religieux et religieuses, ensemble, dans les différences charismatiques, vous apportez des belles couleurs à l’église locale. Je serai à côté de vous pour avancer dans la confiance, la diversité et la communion. Je viens d’une communauté religieuse franciscaine où j’ai eu la joie de tout recevoir : la formation, la confiance dans les missions et les responsabilités et je salue notre custode provincial, le fr Jean-François-Marie… je sais ce que nos anciens frères disaient lors de la nomination d’un frère à l’épiscopat : pour la gloire de Dieu, pour le bien de l’Eglise mais des soucis pour son provincial. Merci pour ta présence fraternelle et pour les talents que tu mets au service de notre vie franciscaine et merci aux frères de Narbonne qui sont venus au nom de nos communautés.
Aux Autorités civiles et militaires, je vous dis combien je suis honoré de votre présence. Dans le respect de la laïcité, je crois qu’il y a des domaines où nous pourrons échanger et travailler pour que notre société corse soit meilleure. Le devoir de l’autorité, vous le savez très bien, exige parfois des vertus musclées comme la force et la décision et d’autres fois, des vertus douces, comme la bienveillance et la conciliation. J’admire votre engagement et vous pourrez compter sur moi pour avancer dans le mouvement du bien commun de tous les citoyens.
Aux amis venus du continent, je vous dis un grand merci pour votre présence. Vous venez du diocèse de Carcassonne et Narbonne et du diocèse de Tarbes et Lourdes, merci d’être présents ici cet après-midi. Vous m’avez connu tout jeune frère et vous m’avez accompagné pendant ma formation et ma mission avec votre amitié et votre soutien missionnaire, les amis de Corse pourront vérifier si vous avez bien formé leur évêque…
Amis corses, je m’adresse à vous qui êtes ici, à ceux qui suivent la célébration à l’extérieur, à ceux qui nous suivent par les réseaux sociaux, sachez que je sens la joie et la responsabilité de donner le meilleur de moi-même à cette église et à cette terre bénie. Je suis conscient de mes capacités limitées et j’aurais besoin de tous pour croître comme pasteur. L’Eglise grandie d’une manière non pas mécanique mais organique, nous sommes un corps. Alors, ensemble, avec l’esprit de cette culture unique et de cette foi puissante, dans ces racines qui nous rassurent et qui nous portent, nous serons un signe pour tous ceux qui sont à la périphérie, tous les chercheurs de Dieu, tous les déçus, tous les révoltés, les jeunes… Avec tous les fidèles du diocèse, avec les confréries ici présentes et celles qui n’ont pas pu venir, nous bâtirons des ponts pour une église plus authentique et directe dans sa manière d’annoncer la Bonne Nouvelle. La société occidentale crispée dans laquelle nous vivons attend des témoins pacifiés et pacifiques pour l’encourager sur le chemin de la vie. Soyons créatifs et libres pour faire goûter l’Evangile ! Nous travaillerons pour être non pas spectateurs mais acteurs de l’histoire.
Je voudrais également dire un grand merci à l’équipe de l’évêché et de la cathédrale qui ont préparé depuis ma nomination cette célébration et l’accueil des invités. Merci pour votre compétence et votre dévouement. Merci aux partenaires et sponsors qui ont facilité la transmission de la célébration.
Permettez-moi de changer de langue. Je vais m’adresser aux amis italiens.
Cari amici e confratelli venuti da Roma, da Trento. Grazie per la vostra presenza fraterna. Con voi abbiamo vissuto e cresciuto insieme per rispondere al Vangelo secondo lo spirito di san Francesco. Grazie al nostro vicario generale di essere qui per testimoniare del legame con l’Ordine. Grazie a voi e pregate per me.
Deux mots aux amis venus d’Espagne.
A mi madre y mi familia, a los hermanos venidos de Madrid, gracias por vuestra presencia. Soy lo que soy porque he recibido un patrimonio afectivo y espiritual en una familia basada en la discrecion, el trabajo y la honradez. Gracias por lo que me habeis transmitido. A los hermanos de Madrid, vosotros sois los 2 testigos del primer contacto con la familia franciscane en 1979. Y desde entonces hay amistad, continuidad y apoyo en la oracion. Gracias.
Et je veux finir, en gloire comme le psaumes, en risquant un message en corse :
« I mio amichi, vi ringraziu à tutti. A vostra amicizia è a vostra preghera feranu di mè un bon pastore. Contu nantu à voi !».