Sur le Forum catholique, l’abbé Jacques Olivier, qui a soutenu en septembre 2020 une thèse doctorale en théologie intitulée “Pouvoir royal et pouvoir ecclésial, le prophétisme de Sainte Jeanne d’Arc au service de la chrétienté“, revient sur la solennité célébrée ce dimanche.
La fête liturgique de Jeanne d’Arc a lieu, en France, le jour de sa mort – c’est-à-dire de sa naissance au Ciel – le 30 mai. Toutefois, une ‘solennité extérieure’, à savoir un transfert de la messe au dimanche est possible dans certains cas, afin d’y faire participer davantage de fidèles.
En France, cette solennité a été fixée en 1909, au moment de la béatification, au VIe dimanche après Pâques (aujourd’hui appelé dimanche après l’Ascension). Dès 1921, après l’instauration de la fête de Jeanne d’Arc comme fête ‘du patriotisme’, dans le contexte de pacification de l’après-guerre, cette solennité liturgique a été transférée au deuxième dimanche de mai, jour de la libération d’Orléans (le dimanche 8 mai 1429) afin de faire coïncider la fête religieuse de la patronne secondaire de la France avec la nouvelle fête républicaine instaurée par la loi du 10 juillet 1920 et publiée symboliquement au Journal Officiel le 14 juillet.
La réforme liturgique de 1969 a, par la suite, supprimé cette solennité extérieure, comme toutes les autres, sauf dans le cadre de la forme extraordinaire du rite romain. En ce dimanche 9 mai 2021, nous fêtons donc le centenaire de cette solennité qui s’est tenue pour la première fois le dimanche 8 mai 1921 !
C’est l’occasion de relire un extrait de l’homélie prononcée par le pape Benoît XV en cette circonstance :
« Choisie providentiellement, Jeanne, par les miracles que le ciel lui a donné d’accomplir, est une attestation de l’existence de Dieu. En effet, si les voix secrètes qu’elle a entendues ont transformé une pauvre petite jeune fille ignorante en une héroïne accomplissant les plus durs sacrifices, connaissant la science militaire, remportant des victoires impossibles aux hommes, pénétrant les secrets des cœurs et prophétisant l’avenir, cela prouve que le doigt de Dieu était là. Tous ceux qui ont tenté d’expliquer Jeanne sans Dieu se sont perdus dans un labyrinthe aux dédales inextricables.
Avec raison la France se glorifie de Jeanne, mais la sainte Église aussi triomphe en elle. Dieu fit naître cette enfant pour sauver sa patrie, mais en même temps l’héroïne fit tout pour établir le règne de Jésus Christ. Avant de rien entreprendre, elle invoquait ardemment l’aide du ciel ; victorieuse, elle attribuait le succès non à elle même, mais au Maître de toutes choses […] Sa mort manifeste davantage encore cette vérité. Pour prouver son mandat céleste, elle accepte le plus dur supplice et, au milieu des flammes crépitant déjà autour de son corps virginal, elle embrasse avec amour l’image du divin Crucifié, recommandant son âme à Celui pour lequel seul elle avait toujours vécu… »