Ecrivain et éditeur éclectique, notamment d’Alain Benoist, Robert Ménard, Benoit Rayski ou encore Charles Beigbeder, Pierre Guillaume de Roux est décédé ce 11 février à 58 ans des suites d’une longue maladie.
Fils de l’auteur-éditeur Dominique de Roux, Pierre-Guillaume de Roux avait commencé sa carrière chez Christian Bourgois éditeur en 1982 avant de devenir producteur à France Culture tant en écrivant dans diverses publications (Arthus, Contrepoint, la Revue des deux mondes, Latitudes, Le Quotidien de Paris, L’Appel, Magazine hebdo, etc.).
En 1999 il signe la pétition Les européens veulent la paix contre la guerre en Serbie. Il est fait chevalier de l’ordre des Arts et des lettres en 2007.
Il a continué sa carrière en 1984 éditions de la Table ronde, participe à la création des éditions Critérion en 1990, passe en 1992 chez Julliard et aux éditions Bartillat dont il devient directeur général en 1995. Nommé directeur littéraire des éditions du Rocher de 2001 à 2006, puis directeur éditorial jusqu’en octobre 2008. Il quitte cette maison en désaccord avec sa politique éditoriale et se met à son compte en 2010, tout en restant jusqu’en 2014 membre du comité éditorial de la collection Bouquins chez Robert Laffont.
Tout au long de sa carrière, il aura édité, entre autres, Pierre Boutang, Christopher Gérard, Gilles Lapouge, Philippe Le Guillou, Richard Millet, Charles Beigbeder, Robert Redecker, Boris Pahor, Alain de Benoist, Dominique Venner, Ivan Rioufol, Paul-François Paoli, Robert Ménard, ainsi que Benoît Rayski, contributeur régulier d’Atlantico.
Catholique converti à l’orthodoxie par son ami Vladimir Dimitrjevic, fondateur des éditions l’Age d’homme en Suisse romande décédé en 2011, il revendiquait être « un éditeur de droite » dans un portrait du Monde qui en faisait « l’éditeur des proscrits ». A la revue du Crieur, il expliquait « Dès lors qu’il y a du talent, je serais prêt à publier mon pire ennemi ». Il a notamment publié Le christianisme n’est pas un humanisme, de Laurent Fourquet (2018) ou en 2017 la toute première traduction en français des textes du jésuite argentin proscrit Leonardo Castellani, rebelle qui brocardait la lâcheté du clergé, érudit appelé « curé fou » par ses ennemis.
Dans les colonnes de Causeur, un des auteurs qu’il éditait, Pierre Mari, lui rend un vibrant hommage : « Mon cher Pierre-Guillaume, tu n’étais pas seulement mon éditeur : tu étais un ami au cœur pur, et l’un des alliés les plus fervents qu’il m’ait été donné de rencontrer. Depuis quelque temps, je ne pouvais plus me défendre contre l’idée insistante que nous ne nous reverrions plus. Et voilà que d’une seconde à l’autre, en début d’après-midi, cette intuition tourmenteuse est devenue couperet. Ma tristesse est immense. Nous ne perdons pas seulement un homme de conviction et de culture : c’est aussi une fenêtre ouverte sur le large qui se referme, et donc un surcroît de désespérance et de pestilence dans l’air ambiant ».
Citons encore un hommage, par un de ses auteurs, Christopher Gérard, sur son blog : « Je souhaite qu’il soit Attila », écrivait un jeune père – et quel père, le comte Dominique de Roux, un vrai corsaire ! – le jour de la naissance de Pierre-Guillaume, son premier fils. Un demi-siècle et des poussières plus tard, Attila était désigné, si l’on en croit des gazettes, comme « l’éditeur des proscrits », voire comme « celui du Diable ». A l’heure des gestionnaires et des curateurs, Pierre-Guillaume de Roux, actif dans l’édition depuis presque quarante ans […] continuait d’incarner la figure solitaire du passeur, totalement dévoué à cet art austère, souvent délicat, dangereux parfois, de l’édition vécue comme un sacerdoce.
Il l’a payé cher : sa collaboratrice, une consoeur, me rappelait hier à quel point, pour avoir osé publier un auteur considéré comme maléfique, il fut agoni d’injures et même menacé de mort, jour après jour. L’envie, la méchanceté, la rage idéologique ont sapé cet homme d’une folle intégrité qui n’aimait que la littérature en tant qu’expérience spirituelle et initiatique. […] Il y a vingt ans, lors de son départ des éditions des Syrtes, qu’il avait fondées et dont il fut exclu (un peu comme son père le fut de L’Herne), il expliquait à un confrère que son objectif était de « maintenir très haut la barre » et d’assurer le renouvellement et de « nouvelles échappées du génie français, issues des marges, des parages incontrôlables ». Tout Pierre-Guillaume, que j’appelais parfois Louis-Ferdinand, son autre prénom, est là, dans cette inflexible volonté de résister au fatal renoncement »
Mes chers Amis,
Requiscat in Pace sempiternam! Le Saint Rosaire!