Pour ceux qui en doutaient encore, non la charpente de Notre-Dame de Paris ne sera pas en béton – et la flèche ne sera pas en verre non plus. Elle sera en bon bois d’arbre, et les premiers des 1000 arbres qui la composeront ont été sélectionnés ce 3 février 2021 dans l’Eure, dans le massif de Conches-Breteuil.
Rémi Fromont, architecte en chef des Monuments Historiques (ACMH) a marqué symboliquement le premier arbre normand qui servira à la flèche – une vingtaine d’arbres doivent être sélectionnées dans ce massif de 16.000 hectares ; plusieurs seront donnés par Groupama, propriétaire forestier du massif, le reste coûtera environ 30.000 euros au chantier, ce sont des pièces rares.
Les chênes retenus donneront des « débits », des poutres de 40 cm de côté sur 8 mètres de long. Issus d’un massif reconnu dans la région pour leur rectitude, leur grain mi-fin qui leur donne une structure solide et leur pousse plus en hauteur qu’en circonférence, ils font partie des « grands crus » des forêts françaises.
Le premier chêne marqué ce 3 février a près de 180 ans : « Je ne crois pas trop à la prédestination, mais il y a des signes qui s’alignent », a déclaré Rémi Fromont. « C’est la cerise sur le gateau de penser que le gland qui a été semé au moment de la construction de la flèche va servir à la remplacer. Je suis très ému parce qu’on arrive à un moment extraordinaire. On avance dans le projet […] mais là il se concrétise. Avec cet arbre […] on s’est dit ça y est c’est parti ». On appelle cet alignement de signes la Providence…
« Il faut couper dès cet hiver pour clore le chantier de la charpente en 2024 », a précisé encore l’ACMH. Les arbres sélectionnés devront sécher pendant 12 à 18 mois – contrairement à la charpente médiévale de la nef et du choeur façonnée à la main avec des chênes de taille ordinaire, la flèche de Viollet le Duc a été réalisée avec des bois sciés, y compris des pièces de très grande taille.
D’ici fin mars, le choix de la technique utilisée pour la charpente de la cathédrale sera fait. En attendant, toute la filière bois se mobilise pour Notre-Dame : « tout le monde voudra mettre un point d’honneur à donner le meilleur et Notre-Dame aura donc le meilleur du meilleur », résume François Calame, normand aussi – de Rouen – et fondateur de Charpentiers sans frontières, une association qui a dressé en septembre dernier sur le parvis la ferme n°7 de la charpente de Notre-Dame sur son parvis, en utilisant les techniques du XIIIe.
Source : Paris-Normandie
ouf! on échappé au “geste architectural” ,mais l’alerte a été chaude !
Rémi Fromont. « C’est la cerise sur le gateau de penser que le gland qui a été semé au moment de la construction de la flèche va servir à la remplacer. ” Excellent symbole de continuité !
Et il ne faut pas compter sur le bon goût du clergé pour nous protéger de la laideur contemporaine !