À l’issue de l’assemblée plénière de la CEF, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, décrypte différents chantiers et défis abordés.
À l’issue de leur assemblée plénière, les évêques ont pris acte de la décision du Conseil d’État qui maintient, à ce jour, l’interdiction de célébrer des messes publiques. Un certain nombre de catholiques font part de leur incompréhension. Que répondez-vous ?
Le manque vital et charnel induit par l’interdiction des assemblées liturgiques est évident. Tout comme le sont la déception et la tristesse de nombreux fidèles, qui sont aussi celles des prêtres et des évêques, devant la décision du juge des référés. Ce dernier a néanmoins réaffirmé la liberté de culte comme liberté fondamentale, dans son exercice collectif, autant qu’individuel. Le juge a rendu clair qu’il était possible d’aller prier dans une église proche de son domicile, même à plus d’un kilomètre, ce qui est important pour les ruraux. Tout l’enjeu est de pouvoir concilier la nécessaire affirmation de notre liberté de culte, avec la protection de la santé de tous, et le soutien au système hospitalier. Le rejet de notre recours a été uniquement motivé par des raisons sanitaires, dans un contexte d’aggravation de la situation. Nous devons consentir un effort supplémentaire, en espérant retrouver des célébrations communes dans les semaines à venir. Il nous faut faire preuve de responsabilité et d’exemplarité dans le respect des règles fixées par les pouvoirs publics. Je sais que prêtres et paroissiens s’organisent pour que chaque fidèle puisse s’unir malgré tout au sacrifice eucharistique, qui est offert en chaque messe, toujours en union avec le peuple de Dieu tout entier. L’enjeu de notre vie est là : unir nos vies au sacrifice du Christ, le Fils bien aimé, pour qu’elles deviennent un sacrifice spirituel. Comment vivre de manière encore plus intense la fraternité chrétienne, en famille, entre paroissiens, nourris par l’adoration eucharistique, l’oraison, mais aussi le partage de la Parole de Dieu ? Ce dimanche, la première lecture nous a invités à nous nourrir de la sagesse de Dieu. Celle-ci ne se traduit pas par une inconsistance ni par la recherche d’un consensus mou, mais par une invitation à creuser la largeur de notre foi. Si la colère ou la peur sont des sentiments bien naturels, un chrétien ne peut se laisser dominer par eux.