Le père Ludovic Frère, Recteur du sanctuaire de Notre Dame du Laus dans le diocèse de Gap, a publié un texte hallucinant sur la communion et les règles sanitaires. L’auteur se fait à la fois théologien et médecin et, conclusion, il se plante sur toute la ligne… Je passe sur le fait que la santé de l’âme est certainement plus importante que celle du corps, pour me pencher sur les fameuses nouvelles règles de communion, alors qu’il n’est pas prouvé que la communion sur la langue seraits plus risquée que la communion dans la main. En revanche, la communion dans la main est certainement plus risquée en terme de perte de foi en la présence réelle…
Mais dans le contexte actuel de crise sanitaire, il est compréhensible que la communion à la bouche fasse prendre un risque aux prêtres et aux fidèles. La proximité de la main du prêtre avec la bouche du communiant est potentiellement vectrice de plus grande transmission de virus que la communion dans la main, le prêtre veillant à ne pas toucher la main du communiant.
La main aussi est vectrice de la transmission de virus et je ne crois pas que les fidèles, à qui on propose de se laver les mains lors de l’entrée dans l’église, se lavent avant la communion alors qu’ils ont certainement touché bancs, chaises, leurs vêtements, leur portefeuille, monnaie…
L’administration de la sainte communion sur la langue, qui reste en principe la règle depuis l’instruction Memoriale Domini du 29 mai 1969, n’est pas plus dangereuse au niveau sanitaire. Pour les évêques des États-Unis, dès lors que les consignes sanitaires sont respectées dans les églises,“il est possible de la distribuer sur la langue sans risque excessif”. C’est en effet le constat qu’ils ont émis dans leurs lignes directrices datées du 28 avril 2020.
We have carefully considered the question of Communion on the tongue vs. Communion in the hand. Given the Church’s existing guidance on this point (see Redemptionis Sacramentum, no. 92), and recognizing the differing judgments and sensibilities that are involved, we believe that, with the precautions listed here, it is possible to distribute on the tongue without unreasonable risk.
Le document, qui comporte 23 pages, a été élaboré par des évêques, mais aussi par des professeurs de médecine. Comme l’on invoque beaucoup l’autorité des scientifiques dans le débat sur les mesures de protection sanitaire, on ne saurait affirmer que le texte épiscopal a été rédigé à la légère. Les Américains ont-ils des avis moins légitimes que les Français ?
Rappelons enfin que l’autorité ecclésiastique n’a pas le pouvoir de refuser à un fidèle de communier sur la langue, sauf si ce dernier est un pécheur public, mais c’est un autre sujet.