L’abbé Georges Francès est décédé à l’âge de 93 ans, dans la 68e année de son ordination sacerdotale. Ses funérailles ont été célébrées le samedi 12 septembre. Il était curé de Capdenac-le-Haut depuis 1956. En 2016, il déclarait dans la presse :
À cette terre, à la limite du Quercy et du Rouergue, que je quadrille depuis 60 ans, j’y suis attaché. Et je m’efforce d’être proche des gens. A l’arrivée d’un nouvel habitant de la commune qu’on me signalait, je m’efforçais de frapper à sa porte pour faire sa connaissance, qu’il soit catholique ou non. L’accueil, c’est important, surtout pour une communauté chrétienne ! Mais depuis quelques temps, les populations augmentent et les mentalités évoluent, les forces me manquent et je ne fais plus comme je le voudrais. En tout cas, ma participation à la création de l’Office du Tourisme et à son fonctionnement pendant plus de 30 ans m’ont permis d’être plus proche des habitants de tout ce secteur Figeacois et de mieux les connaître.
En tant que curé, vous faites tout pour faire vivre le lien social au sein de la commune ?
Un curé doit se donner en totalité à sa paroisse, même s’il passe par des moments difficiles. Et aller vers les périphéries, comme le souhaite maintenant le pape François, m’a toujours semblé important. Voilà pourquoi, dès les années 60, j’ai tenu à sortir du presbytère en œuvrant, auprès des responsables départementaux, pour la remise en état des six églises dont j’avais la charge. Lesquelles étaient, alors, en piteux état ! Aujourd’hui, je suis heureux des résultats obtenus. Et lors des rencontres régionales des Offices de Tourisme (je me souviens bien de celle de Limoges), un curé en soutane dans une grande assemblée de responsables laïcs, ne passait pas inaperçu !
Le port de la soutane est à nouveau souhaité par des jeunes prêtres…
La soutane, si elle ne m’a pas ouvert plus de portes que si je ne la portais pas, a sans doute été un témoignage. En 1960, l’Église programme le port de la soutane, comme un vêtement de pauvreté et de miséricorde. Après le Concile, il est souhaité de l’enlever. Quand on a donné un sens à quelque chose depuis quelques temps, il ne faut pas le supprimer, sinon on choque les gens. J’ai institué les processions aux flambeaux en 1957 (qui perdurent) avec un tour de ville. Elles redeviennent maintenant plus nombreuses. J’ai gardé les professions de foi des enfants à la fin du catéchisme. Elles reviennent à l’honneur. Je souhaiterai au sein de l’Église, davantage de prudence dans certaines initiatives.
La vie de Georges Francés, ça ressemble à quoi ?
À celle de Monsieur tout le monde. À celle de tout prêtre. Je suis né à Boucot, près de Payrac et c’est le curé du village d’alors, qui m’a tourné vers le Seigneur. Je lui dois beaucoup. De l’enfant de chœur que j’étais, il m’a accompagné jusqu’au séminaire. Je suis devenu prêtre, ordonné en 1952 par Mgr Chevrier. Maître des Études au petit séminaire de Gourdon, j’ai eu rapidement un emploi du temps chargé devant, à côté des jeunes, aider la paroisse surtout en période d’été. Dès ma jeunesse, j’ai donc, appris à ne pas partir vacances. J’ai toujours essayé d’accomplir mon ministère le mieux possible.
Comment concevez vous le rôle du prêtre ?
Le premier rôle du prêtre est spirituel : annoncer la Bonne Nouvelle, sauver des âmes au nom de Jésus Christ, donner aux hommes une raison de vivre. Au lieu d’être envahi de paperasseries qui nous détournent de l’essentiel. Comme le paysan n’a jamais fini dans sa grange, le curé n’a jamais fini dans son ministère. Voilà pourquoi je n’ai jamais pris de vacances. Il y avait toujours un empêchement.
Votre détente, vous la trouvez dans l’histoire qui est même devenue une passion. Et l’histoire régionale vous sensibilise. Est-ce dû à vos racines quercynoises ?
Je suis un fils de paysans présents en Bouriane depuis 1610. C’est l’ancrage dans ce pays qui m’a donné cet intérêt vers les hommes qui ont fait le terroir. Et chez les Fénelon, j’y ressens des attaches. Le village des Contie est posé sur les terres des Fénelon. Et les Contie font partie de ma famille. L’un d’entre eux a été cocher, un autre précepteur au service de cette seigneurie. Ce lien m’a donc, rapproché du précepteur du petit-fils de Louis XIV. Il m’a permis aussi, d’approfondir le siècle de l’ami de Saint Vincent de Paul, Mgr de Solminihac, évêque de Cahors, responsable, alors, de l’un des plus grands diocèses du Royaume, avec ses 800 paroisses.
Votre idéal de bonheur terrestre ?
Savoir où l’on va, savoir pourquoi on vit. Connaître nos raisons de vivre selon le souci de Pascal, et pas celui des philosophes du siècle des Lumières. C’est Jésus Christ qui nous en donne les réponses et nous trace la voie.
Pour quelles fautes vous avez le plus d’indulgence ?
Pour celles qui ont été commises dans la faiblesse. Dieu a créé le monde pour qu’il s’épanouisse en restant près de lui. Quand le désordre s’empare du monde, c’est le péché.
Votre saint préféré ?
J’aime tous les saints. Mais mon arrière-grand-mère, originaire de Manobre, s’appelait Auriel. Ma famille a donc un lien de parenté avec un saint du Quercy, Antoine Auriel-Constant, béatifié par Jean Paul II en 1995. Ce prêtre du Lot, né près de Fajoles, n’a pas voulu renier sa foi sous la Révolution française et a connu le martyr sous la Terreur en 1794, déporté près de Rochefort où il est mort.
Le siècle où vous auriez aimé vivre ?
Le mien. Chacun est appelé à vivre avec les avantages et les inconvénients, les grâces et les difficultés de son époque pour savoir se battre avec le secours de Dieu dans les circonstances du moment. Chaque siècle a eu des luttes à mener et l’homme a dû s’attacher à dominer ses problèmes.
Ce dont vous êtes le plus fier ?
D’avoir été choisi par Dieu en tant que prêtre. Alors vous comprendrez que les vocations de prêtres que j’ai entourés pendant mon ministère, sur mon secteur paroissial ne peuvent que me réjouir : je pense à Jean-Pierre Rigal (de Lunan), Gaël Millet (de Ournes), Philippe Olivier (de Capdenac), Florent Millet (de Ournes), Jean-Paul Treziéres et François Servera, (actuellement séminaristes). Je suis très heureux d’avoir pu accueillir à Notre Dame du Mas du Noyer, le père Laurent Camiade alors vicaire à la paroisse de Villeneuve-sur-Lot, venu en prédicateur pour le pèlerinage des fêtes du15 août 1995.