Voici une analyse de Marion Duvauchel sur la nocivité de la CEF :
« Je connais tes œuvres Je sais que tu n’es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche ».
La rédaction de Boulevard Voltaire ouvre rarement sa tribune à des chrétiens qui ne sont pas de son obédience politique. Mais une fois n’est pas coutume. On peut aujourd’hui lire un texte édifiant intitulé Catholiques : la fracture par le président de Renaissance catholique. Il y relève le tweet désabusé du directeur de la rédaction de La Vie, (ce journal catholique d’une fadeur de porridge anglais), lequel regrette que l’action contre l’interdit de célébrer ait été menée par des organisations peu représentatives du catholicisme de ce pays. Rien ne lui interdisait de mener lui aussi une action contre l’attitude du gouvernement, qualifiée par l’Évêque de Rouen d’ « inattention envers les catholiques ». C’en est presque réjouissant.
L’analyse de M. Maugendre n’est pas dénuée de bon sens. La CEF, la conférence des Évêques de France est, dit-il, l’organe officiel du catholicisme Or, cette conférence est de moins en moins représentative du catholicisme « contemporain » où pèse de plus en plus les mouvances qu’on appelle, non sans une pointe de dédain « traditionnalistes ».
Ce sont eux qui ont engagé le combat contre César. La théorie du genre ? Ce sont eux qui ont organisé la protestation ; les prétentions et l’arrogance de l’islam ? Ce sont eux encore. Toutes ces mouvances défendent la vie, autrement dit condamnent la légalisation massive de l’avortement, voire l’acte lui-même, qui consiste à supprimer une petite vie sans défense sous le voile de la chair maternelle. Sur ces questions l’Église n’a, jusqu’à ce jour, jamais changé de cap. Et toutes ces mouvances dénoncent les crimes et exactions contre les chrétiens dans le monde (en particulier l’observatoire de la christianophobie). Toutes sont conscientes des deux monstres qui se sont ligués pour détruire l’Église : l’islam et l’État.
Faut-il le répéter ? Je le répète donc : la CEF n’a aucune légitimité à représenter le catholicisme. Le sacrement de l’ordre et la consécration font de tout évêque un successeur des Apôtres habilité à ordonner à son tour des prêtres pour l’exercice du sacerdoce, à célébrer la messe et les sacrements, à enseigner la foi chrétienne.
Les Conférences épiscopales sont surtout des structures de pouvoir et des rouages qui contribuent à transformer les successeurs des Apôtres en de vulgaires fonctionnaires de l’État ou du Pape. Elles ne relèvent que d’une organisation ecclésiale temporaire du Droit Canon. La CEF s’est auto-désignée comme l’organe qui décide de ce qui doit être examiné, réfléchi, et de la pensée ecclésiale nationale, gardant un reste de communion avec l’Église universelle dans sa relation ad limina avec Rome. Sa légitimité est d’autant plus douteuse que cet organe ne produit qu’un bavardage mondain en vue d’une unité dérisoire et mensongère, reflet précisément d’un « catholicisme contemporain ».
Et c’est bien embêtant, car la visibilité du catholicisme contemporain, ce ne sont pas les tièdes de toute obédience, mais toutes ces « mouvances » qui se disent enracinées dans la tradition, à commencer par l’attachement à une célébration particulière du culte. Le catholicisme contemporain est traversé de sillons profonds dont les sensibilités liturgiques traduisent la diversité. On célèbre en latin et en tagalog dans le catholicisme contemporain, mais on célèbre le même Dieu, le même Christ, le même Esprit saint.
La CEF s’est bien gardée de toute intervention dans la lutte qui a opposé ceux qui ont défendu la liberté de culte et un gouvernement bien décidé à en priver les catholiques aussi longtemps que cela lui aurait été possible. Faut-il souligner le sobre tweet émis par le porte-parole de la CEF pour prendre acte de la décision du conseil d’État ? Pas un mot pour s’en réjouir ou pour féliciter ceux qui ont été à la manœuvre.
Si nous pourrons fêter la Pentecôte, c’est grâce en particulier à l’initiative du PCD qui a porté la décision en appel en référé, à celle de Civitas, ainsi que qu’à d’autres instituts pour qui la messe a encore une signification profonde, et pas seulement la défense des libertés.
Que M. Maugendre se rassure, les paroissiens se remettront de cet « abandon » de leurs évêques. Nos évêques se sont tus quand, dans les écoles, on a mis en place l’enseignement mortifère de la théorie du genre ; ils se sont tus quand, sous l’enveloppe de l’œcuménisme (cette vaste blague d’une ignorance crasse de l’histoire des religions et de l’histoire de la longue durée) on a vanté les mérites de l’islam dans les instituts de théologie; ils se sont tus sur l’islamisme, relayant les mensonges et l’ignorance des médias; et ils se taisent aussi sur l’essentiel : une saine et droite pastorale, entée sur une droite théologie, ce qu’on appelle l’orthodoxie. Qu’on se rassure… Nous avons l’habitude du silence de nos évêques, enveloppé dans une raison prudentielle dévoyée, et on s’en remettra sans peine.
A présent, jetons un œil sur la manchette du journal La Croix :
Reprise des cultes, les paroisses seront-elles prêtes ?
C’est presque encore plus confondant… Tout l’article est écrit en vue d’une seule fin : mettre en doute la capacité des paroisses à accueillir les fidèles dans les conditions « drastiques » qui s’imposent. On croit rêver…
Oserais-je suggérer aux deux rédactrices, Clémence Houdaille et Anne-Laure Juif, d’aller plutôt enquêter sur les conditions observées par nos amis musulmans pendant le Ramadan. Cela les engagerait peut-être à écrire à des fins intelligentes et fécondes : et ça nous changerait. Et cela demandera aussi un petit peu plus de courage : ça aussi, ça nous changerait !
Dés les premiers siècles, le catholicisme a été divers, coloré, tiraillé de tendances diverses, jusqu’à l’éclatement qu’on appelle « schisme ». Mais puisque le pape François ne redoute pas le schisme, je ne vois pas pourquoi nous autres, laïcs, on s’en inquiéterait.
L’unité de l’Église est dans la communion à sa tête et à son grand-prêtre : Jésus-Christ. Le reste n’est que bavardage d’ecclésiastiques et de laïcs pompeux, qui se targuent d’un discours sociologique sur le catholicisme contemporain et sa représentation.
Nous ne représenterons que nous-mêmes devant le Créateur et son Verbe, qui vomira tous les tièdes de sa bouche…
La tiédeur. C’est bien ce qui caractérise notre épiscopat, non ?