Un lecteur donne ces quelques conseils à nos prêtres en ces temps obscurs de coronavirus…
- Supprimer les occasions de contamination que sont la quête, les chants d’assemblée, l’usage d’un même micro par une foule de lecteurs et animateurs, la concélébration.
- Remplacer la “feuille de messe” par un livre personnel et réutilisable.
- Pour éviter l’échange de miasmes, tourner le célébrant dos à l’assemblée.
Un autre écrit aux évêques :
Vos Excellences,
Avec tout le respect filial que je vous dois en tant que successeur des apôtres et princes de l’église, je vous écris cette lettre, en exerçant mes droits selon le canon 212 du code du droit canonique.
Depuis quelques semaines, le coronavirus (Covid-19) se trouve sur le territoire national, ainsi les évêques de nombreux diocèses ont pris des précautions afin de limiter la transmission du virus parmi les fidèles rassemblés pour les offices, surtout la messe, ce qui pose un défi particulier en raison de la distribution de la communion.
Je copie ci-dessous les instructions du communiqué de votre frère l’archevêque de Paris :
- proposer la communion uniquement dans les mains des fidèles et refuser de la donner dans la bouche
- ne pas proposer de communion au calice pour les fidèles
- demander aux concélébrants de communier par intinction
- demander aux fidèles de ne pas échanger de poignée de main en signe de paix pendant les messes
- vider les bénitiers présents dans l’église
D’une part, les fidèles doivent comprendre les raisons pour lesquelles Son Excellence Mgr Aupetit a agi pour protéger ceux qui assistent dans les églises parisiennes, puisque un prêtre a déjà circulé parmi les clercs du diocèse, après avoir attrapé le virus en Italie. Evidemment, personne ne veut que les fidèles deviennent malades à cause du contact auprès leurs prêtres durant une liturgie.
D’autre part, en interdisant la réception de la communion sur la langue, les évêques ont posé des problèmes aux consciences des fidèles qui ne reçoivent le Saint Sacrement que dans cette façon.
Permettez-moi de raconter l’histoire de ma vie spirituelle depuis mon adolescence, ce qui me conduit à écrire cette lettre à vous, Messeigneurs les évêques de France.
Quand j’avais sept ans, j’ai fait ma première communion dans un esprit pieux, portant une jolie chemise blanche et une cravate un beau dimanche d’avril. Nous avons appris à présenter nos mains, la droite dessus la gauche, dans la manière d’un petit trône afin de recevoir Notre Seigneur dans une manière révérante. Puis, nous avons pris la main gauche pour lever l’hostie blanche à nos bouches, faisant ensuite le signe de la croix avec la main droite comme d’habitude, dans un acte d’amour et de reconnaissance au Seigneur. Telle est la manière dans laquelle j’ai reçu la communion jusqu’à l’âge de douze ans, lorsque j’ai découvert le christianisme dans sa plénitude, selon sa tradition, c’est-à-dire, dans la liturgie traditionnelle célébrée en latin selon les livres liturgiques d’avant le Second Concile du Vatican.
Afin de profiter du sacrement de confession, étant un garçon adolescent comme tous les autres, où les changements du corps et de l’esprit rendent plus difficile la tâche de contrôler les passions. (je parle non seulement de la luxure, mais de toutes les passions : les adolescents changent beaucoup dans tous les domaines de vie et posent un défi à l’école, chez eux, etc.), ma famille a cherché une solution spirituelle au combat entre l’esprit et la chair qui se trouve chez moi (encore, mais certainement à l’époque de mes douze ans).
Puisque la paroisse territoriale n’offrait la confession qu’une petite demi-heure le samedi après-midi, ce qui ne suffisait pas, on est arrivé chez les prêtres de la Fraternité St-Pierre, où, au-delà des horaires généreux de confession (tous les jours, avant toutes les messes publiques), j’ai trouvé très agréable la messe en latin. Elle étaient, sinon plus révérencieuses a priori, célébrées d’une manière où on peut trouver le silence et la paix intérieur, quelque chose très profond, très beau, que je n’ai jamais vu auparavant.
J’ai aussi découvert la théologie du pape Benoît XVI, ce qui a laissé une marque profonde dans mon âme grâce à son amour pour Jésus Christ, rédempteur de tous, et pour la sainte liturgie qui le manifeste sur chaque autel, dans chaque tabernacle, aux quatre coins du monde, jusqu’à la fin du temps.
Enfin, bref, après quelques années de service fidèle à l’autel en forme ordinaire, où on pouvait recevoir sur la langue mais non sur les genoux, pour assurer l’unité de l’assemblée (un euphémisme, peut-être, pour éviter un conflit avec l’archevêque) je suis passé à la messe traditionnelle, où il n’y a pas de choix : la communion est distribuée seulement sur la langue de chacun qui se met à genoux. Ici on est tous d’accord : selon l’enseignement de l’Eglise, les espèces du pain ou du vin (pour quelqu’un atteint de la maladie) suffisent, chacune contenant le Corps et le Sang du Seigneur, son âme et sa divinité, quel que soit l’argument pour la distribution habituelle ou occasionnelle des deux espèces au sacrifice de la messe. (Si vous me permettez une digression, je dois noter qu’il a fallu aux prêtres durant les premières concélébrations dans les années 60 leurs propres patènes et calices ainsi qu’une hostie et du vin. Autrement dit, seulement ceux qui étaient directement autour de l’autel ont concélébré la messe au début : vous pouvez même voir les images prises dedans la basilique St-Pierre qui montrent ceci.)
J’aurai vingt-cinq ans cet été, ce qui veut dire que je n’ai pas touché le Corps du Christ avec mes mains depuis treize ans, car j’avais douze ans au moment où j’ai pris la décision de ne plus recevoir l’eucharistie dans la main. Ce n’est plus seulement une question de choix, mais d’habitude et de pensée, c’est-à-dire, je n’imagine pas la possibilité de toucher l’hostie, même en cas d’urgence. Je préférais lâcher le sol que prendre l’eucharistie dans les mains si je trouvais une hostie tombée, comme en Chine communiste pendant la révolution maoïste ou même dans nos églises françaises d’aujourd’hui. Il est tout à fait impensable que je fasse autrement, au moins si mes mains ne sont pas ointes par l’évêque selon la tradition de l’Eglise romaine durant la cérémonie d’ordination sacerdotale.
Nous venons d’entrer au désert pour passer quarante jours de jeûne et de prière comme Notre Seigneur et déjà nous sommes avec lui afin de passer les heures de sa Passion. Il ne m’échappe pas qu’il n’y a plus d’eau bénite, comme après la messe de la cène, et pour ceux qui célèbrent selon le rite traditionnel, ni de Saint-Sacrement, comme le vendredi saint. Mais nous ne sommes pas prêts ! C’est pourquoi il faut le Carême, pour nous aider d’entrer dans la Passion. Je dirais qu’il vaut mieux un monde sans les messes publics suivant les ordres d’un gouvernement, hostile ou non, que celui où nos évêques eux-mêmes nous privent de sacramentaux et même le Corps du Seigneur lui-même sans provocations.
Oui, vous me répondriez, mais qu’en est-il du saint pape Pie X et la réforme de l’âge de raison et la fréquence de réception ? Vous auriez raison, à mon avis, si vous me posiez cette question. Notre situation n’est guère très traditionnelle, mais l’on ne doit pas prendre ce précieux don des fidèles, certainement sans leur laisser la possibilité de discerner leur propre fréquence de reception, en tenant compte de toutes les risques à leur santé, après avoir confessé et fait pénitence.
Je ne me traîne pas trop sur le droit canonique, mais vous avez créé un conflit, parce qu’il y a un droit de non seulement recevoir le Saint-Sacrement si vous vous présentez au prêtre (cf. le canon 912) mais de se mettre aux genoux et recevoir sur la langue. En fait, l’indult Memoriale Domini, qui permet la réception du sacrement dans la main, prévoit que la réception sur la langue soit toujours préservée. Rien n’a abrogé ce document du pape saint Paul VI. Chez les Américains, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a même corrigé la Présentation Générale du Missel Romain pour préserver ces deux droits et éviter une correction des fidèles par le prêtre en faveur de la réception debout et dans les mains, ce qui est explicitement condamné par la même congrégation romaine.
Voici, tout ce que je dois vous dire, Vos Excellences.
Seigneur, ayez pitié de nous. Jésus-Christ, ayez pitié de nous. Seigneur, ayez pitié de nous.
Rassurez-vous de mes prières. Je baise vos saints anneaux.
Un jeune catholique