Suite à sa participation à la manifestation de dimanche contre la loi de bioéthique, Mgr Lebrun, archevêque de Rouen est interrogé dans Paris Normandie :
« Pour moi, c’est d’abord un acte de dialogue dans un débat qui est en train de mal se diriger. J’ai le sentiment que les interrogations que porte la communauté catholique par rapport à ce projet de loi, ont été écoutées poliment mais qu’il n’en a absolument pas été tenu compte. Je pense donc qu’il est nécessaire que, par le biais de cette manifestation qui a surpris par son ampleur, le gouvernement et les parlementaires soient amenés à réfléchir sur ces interrogations. Ma deuxième intention est d’encourager les membres de la communauté catholique qui se sont mobilisés. De les accompagner, de les entendre et de les inviter à témoigner que derrière les paroles, il y a des enfants et le sujet de la filiation ».
Comment avez-vous vécu le débat parlementaire autour de la PMA ?
« Il y a eu, dans les premiers temps, de bonnes intentions. Je pense que les états généraux étaient une bonne idée, que les auditions de personnalités très variées qui ont été faites et le travail de la commission préparatoire à l’Assemblée nationale ont été bénéfiques. Ensuite, on a l’impression que tout cela n’a plus compté, a été oublié et qu’on a finalement décidé qu’on peut fabriquer l’enfant. C’est tout à fait désastreux et contraire à ce qu’est l’amour. Je suis très surpris de la tournure que les choses ont prise ».
Quel regard portez-vous sur la mobilisation, dimanche ?
« Elle a été nettement supérieure à ce qui était attendu, et même les organisateurs ont été surpris par son ampleur. À tel point qu’il a fallu dessiner un parcours bis pour permettre à tout le monde de défiler dans de bonnes conditions de sécurité. Il n’y a pas eu de comptage mais cette mobilisation est la manifestation d’un sursaut de la population contre la PMA pour toutes les femmes ».
Quelle suite attendre de ce mouvement ?
« Je pense que le gouvernement et les parlementaires doivent à nouveau prendre le temps de la réflexion. Dans les conversations privées que je peux avoir avec des responsables politiques, du corps médical ou de l’enseignement, à tous les niveaux, la plupart me disent qu’ils pensent qu’il est tout de même préférable d’avoir un père et une mère. Mais ils se demandent aussi de quel droit ils empêcheraient ceux qui ont un autre projet de faire autrement. Je leur demande alors de l’exprimer tout haut, et de voter en leur âme et conscience. Je crois qu’aujourd’hui, on est au bout du bout du libéralisme et je compte les interpeller à nouveau, pour continuer le dialogue mais aussi l’engagement de témoigner de recevoir l’enfant comme un don, comme un cadeau et pas comme un droit ».
Donc d’autres manifestations, d’autres débats, prises de position ?
« Oui, je crois qu’il faut continuer à travailler la question, à débattre, à donner des informations. Il y a un verrou qui doit sauter ».