Extrait d’un article de Jeanne Smits, paru dans L’Homme nouveau, sur la dernière assemblée plénière des évêques de France à Lourdes :
[…] En s’adressant à la presse le 7 novembre à ce propos, Mgr Georges Pontier, Président de la Conférence des évêques de France (CEF), s’est contenté d’un discours technocratique tout en annonçant une collaboration avec les victimes pour mieux comprendre les raisons des agressions sexuelles au sein de l’Église depuis 1950. Mais pas un mot sur le fait qu’il ne s’agit pas principalement d’actes de « pé- dophilie » mais d’agressions homosexuelles sur de jeunes hommes pubères.
Or ce scandale qui souille l’Église mérite d’être qualifié avec précision et en vérité. Mgr Pontier l’avait longuement évoqué lors de l’ouverture de l’assemblée le 3 novembre sous l’angle du « cléricalisme », qui en soi n’explique rien. De la même manière que tout homosexuel n’est pas un prédateur, tout prêtre ayant une distance et un ascendant sur les fidèles n’est pas un agresseur sexuel, même si cette situation peut favoriser des passages à l’acte.
Commissions et conseils…
Plusieurs séances de travail ont été consacrées à « la réforme des structures », avec l’objectif de « simplifier » les choses au sommet et de « restaurer l’échelon de la province », puisque les évêques ont constaté que« le travail au sein des commissions et des conseils épiscopaux fonctionne mal alors qu’il est chronophage ». Les évêques de France veulent revenir au moins partiellement sur l’organisation actuelle (qui a instauré une sorte de commissariat politique parallèle). Mais il ne faut pas croire trop vite à la restauration du rôle de l’évêque. L’idée est certes d’élaguer au sommet, tout en maintenant des structures de soutien aux provinces et aux diocèses les plus démunis, mais tout en aidant mieux le Conseil permanent de la CEF à porter la voix de l’Église dans le débat public. On rappellera à cette occasion l’Entretien sur la foi où le futur Benoît XVI exprimait ses réserves quant au détournement de pouvoir opéré par des conférences épiscopales :« Il s’agit de sauvegarder la nature même de l’Église catholique, qui est fondée sur une structure épiscopale et non pas sur une espèce de fédération d’Églises nationales. Le niveau national n’est pas une dimension ecclésiale. Il doit redevenir très clair que dans chaque diocèse, il y a un seul pasteur et maître de la foi en communion avec les autres pasteurs et maîtres et avec le Vicaire du Christ. » C’était aussi tout le sens d’Apostolos suos, la Lettre apostolique de Jean-Paul II. On a parlé à Lourdes, c’était inévitable par les temps qui courent, d’immigration et de climat, des jeunes qui « nous interpellent », de bioéthique.
Futures canonisations ?
Il est aussi des décisions plus proprement catholiques : l’ou- verture de la cause en vue d’une éventuelle canonisation des bienheureuses martyres d’Orange, celle de la béatification de Jeanne Garnier, la nomination de saint Césaire d’Arles comme docteur de l’Église, la traduction du missel romain en langue corse. L’Assemblée plénière a également approuvé la traduction en langue française du missel romain, faisant notamment remplacer le catastrophique « de même nature que le Père » du Credo par le mot théologiquement exact de « consubstantiel ». Alléluia ! Cela dit, tout n’est pas gagné. Mgr de Kerimel, président de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle, a déclaré : « La liturgie doit être un lieu d’évangélisation. Une liturgie bien vécue, bien préparée, intériorisée, joyeuse mais de manière intérieure doit être une vraie rencontre du Christ dans son Église. On le perçoit à certaines messes où nous sentons que nous nous recevons de plus haut que nous, que Celui qui nous a convoqués est là. C’est cela la liturgie. » Si ce sentiment n’est présent que lors de « certaines messes », c’est vraiment qu’il y a du pain sur la planche. Ce devrait même être la priorité des priorités.