Etonnant numéro que Golias a consacré aux Petites Sœurs, étonnant en raison de la ligne de la revue (mais la revue veut la tête de l’évêque de Laval), et aussi de la précision des informations, notamment en ce qui concerne les questions financières.
Editorial :
Disons-le d’emblée : la Congrégation des Petites sœurs de Marie, Mère du Rédempteur (PsM) dont la maison-mère est située à saint-Aignan-sur-Roë (Mayenne), n’est pas proche de Golias, loin de là ! Association de fidèles reconnue par le cardinal-archevêque de Toulouse (1928-1956), Mgr Saliège, en 1954, érigée en institut de vie consacrée de droit diocésain en 1989 par l’évêque de Laval (1984-1995), Mgr Billé, les PsM – si elles ne portent plus de cornettes – n’en demeurent pas moins de facture traditionnelle (avec port de guimpe, comme au temps jadis). Et pourtant, les témoignages (nombreux) que nous avons recueillis vont tous dans le même sens : tous affirment la présence, l’attention évangélique de ces religieuses auprès de la population, des résidents et de leurs familles. Car les PsM sont présentes dans quatre établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD), dont trois qu’elles ont elles- mêmes fondés.
Nous connaissions leur situation délicate (que nous décrivons ci-dessous). Lors de notre enquête à l’été 2017 sur le diocèse de Laval (cf. Golias Hebdo n° 494), nombreux furent celles et ceux qui nous parlèrent de ces religieuses malmenées à l’évêché par l’actuel évêque de Laval, Mgr Scherrer, et feue sa mère (disparue trois jours avant notre bouclage et qui n’avait pas la réputation d’être une femme douce). A l’époque, il était difficile de comprendre ce qui se passait. Quelque temps après la publication de notre enquête, nous étions saisis par un salarié de l’association Myriam–saint- Fraimbault, laquelle gère pour les PsM les quatre EHPAD (deux en Mayenne et deux en Haute-Garonne). Mais nos quelques recherches n’aboutirent pas… Jusqu’à aujourd’hui où les choses tourneraient presque au drame.
Rome menace désormais de faire plier l’échine à ces femmes (moyenne d’âge : 67 ans), leur côté tradi ne serait guère inspirant (faut-il donc s’attendre alors à ce que la Communauté saint-Martin, pour ne citer qu’elle, soit reprise en main énergiquement par la Congrégation pour les instituts de vie consacrée ?). Bizarrement, les PsM ne seraient pas assez attentives aux inspirations de Vatican II… Il est vrai qu’on fait dire à ce Concile un peu tout et son contraire depuis la restauration wojtylo-ratzingerienne, concile qui sert d’alibi pour faire avaler les pires sornettes… Toujours est-il que l’on veut l’habit de la supérieure générale et de la maîtresse des deux novices (exilées, toutes deux, loin de la maison- mère) ainsi que le reniement de ces deux dernières par la congrégation… Ce que refuse la très grande majorité des PsM qui n’ont signé – selon nos informations – aucune lettre de renonciation. En tout cas, l’affaire est grave : on menace de mort des religieuses, des employés et leurs enfants de l’association Myriam–saint-Fraimbault, l’évêque de Laval ne veut parler à personne (ni aux PsM, ni aux dirigeants de l’association, ni aux médias)… Espérerait-il tirer les marrons du feu, en faisant main basse sur le bien de ces religieuses ? Il aurait besoin d’argent, un besoin urgent : la maison diocésaine qui a coûté les yeux de la tête et maintenant un nouvel évêché pour abriter l’auguste Monseigneur de Mayenne, l’actuel étant prétendument trop coûteux… On nous aura tout fait à Laval. Mais que l’on se rassure : les PsM – quoi qu’il arrive, car on menace de les ramener à l’état laïc – seront bien traitées : notre correspondance avec un employé de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et sr Geneviève Médevielle, commissaire apostolique mandatée par Rome à la tête des PsM, en ferait presque foi (cf. encadré p. 5), cette dernière invoquant le canon 7022. Mais – devant l’exposition médiatique –, le dicastère romain a décidé de repousser sa décision… Au Vatican, enquêterait-on désormais sur le diocèse de Laval ?
Et dans l’enquête, ces révélations sur l’état de faillite du diocèse :
C’est que ces religieuses, au-delà de leur charisme propre, ont une spécialité : les PsM, en effet, ont « investi », si l’on peut dire, dans trois Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) où – selon nos sources – elles font un remarquable travail, accueillant toutes et tous, accompagnant les résidents et leur famille jusqu’au bout. Des établissements bien tenus, d’une certaine valeur… et gérés non plus par les PsM mais par l’association (de loi de 1901) Myriam, à qui elles ont – il y a de nombreuses années – confié leurs établissements.
En 2016, l’association Myriam est contactée et invitée à reprendre l’EHPAD saint-Fraimbault à Lassay-les-Châteaux (Mayenne) appartenant aux sœurs de l’Immaculée-Conception. Selon les documents que nous avons pu consulter, cet établissement nécessite plus de 6 millions d’euros d’investissement (3,5 M€ pour la mise aux normes ; 1,6 M€ relatif à la perte d’exploitation sur cinq ans à la suite de la mise aux normes ; 0,9 M€ correspondant à la perte d’exploitation pendant les travaux). L’association Myriam devient alors Association Myriam–saint-Fraimbault mais la direction de l’association découvre la gestion peu orthodoxe de l’EHPAD saint- Fraimbault et met les pieds dans le plat. C’est alors qu’entre dans le jeu Mgr Scherrer, membre de droit du conseil d’administration de Myriam–saint-Fraimbault avec voix majorées (en certains cas, établis par des clauses léonines). Ce dernier, influencé par la directrice de l’EHPAD saint-Fraimbault, demande six mois après la fusion une… scission pure et simple ! Et pour ce faire, enjoint les deux religieuses (l’une PsM, l’autre de l’Immaculée-Conception) à voter comme lui. Mieux ! Les PsM relevant du droit diocésain (donc de son autorité), il invoque le droit canonique (obéissance, etc.) dans une affaire où seul entre en ligne de compte le droit civil. Les PsM refusent. Pas de discussion possible avec Mgr Scherrer, du reste, tant avec les religieuses qu’avec les membres de l’association (qui attendent toujours une réponse à leurs courriers, qui attendent toujours de régler cette histoire autour d’une table, ce que refuse l’évêque de Laval qui ne parle pas aux gueux). Il a beau – avec son économe diocésain d’alors, M. Jean-François Delaby – menacer, vitupérer, ester en justice (et perdre), les PsM refusent de voir leurs œuvres démolies par l’Ordinaire pour de fallacieux motifs, la scission évoquée étant évaluée à plus de 600.000 € et menaçant la gestion des trois autres EHPAD. Débute alors le second volet de cette affaire. […]
Les PsM sont invitées à se soumettre et même à se dissoudre. Car les statuts de cette congrégation sont clairs : en cas de dissolution, l’administrateur des biens devrait se mettre en quête d’une congrégation similaire. Or celle-ci n’existe pas. Il y a donc fort à parier, les PsM relevant du droit diocésain, qu’il ferait le choix de réaffecter ces biens… au diocèse de Laval, qui crie famine, comme nous le savons (cf. Golias Hebdo n° 538), et qui n’en finit pas d’en appeler aux dons : selon une source diocésaine, Mgr Scherrer aurait mis en vente l’évêché (réparations trop coûteuses, paraît-il ?) et serait en quête d’un terrain à Laval afin d’en faire construire un nouveau. Pas question pour lui de vivre à la Maison diocésaine Cardinal-Billé, avec le risque d’y rencontrer trop de laïcs, ou de loger à cent mètres de la cathédrale de la sainte-Trinité avec d’autres prêtres… Ce serait une situation indigne de son rang. Thierry Scherrer avouait, sur Radio Fidélité Mayenne, ne pas bien comprendre la Lettre au Peuple de Dieu du pape François. Rien de plus normal, venant de quelqu’un qui incarne, à la perfection, le cléricalisme que condamne le pape jésuite. Rome se trompe : ce ne sont pas les PsM qui ont besoin d’une visite canonique mais bien le diocèse de Laval !