L’abbé Guy-Emmanuel Cariot a été nommé par le comité enfance-Jeunesse de conférence des évêques de France, pour trois ans à compter du 1er septembre 2018 pour accompagner l’association des Guides et Scouts d’Europe. Il succède ainsi à l’abbé Cyril Gordien, conseiller religieux national depuis 2012 et Vicaire de la paroisse Notre-Dame de l’Assomption à Paris. Recteur et curé de la Basilique d’Argenteuil depuis septembre 2015, l’abbé Guy-Emmanuel Cariot a organisé en 2016 l’Ostension de la Sainte Tunique du Christ qui a attiré 230 000 pèlerins.
Sur le site de l’AGSE, il est interrogé :
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
Je suis prêtre depuis 1996 au diocèse de Pontoise. J’ai exercé plusieurs missions auprès de jeunes, notamment dans le scoutisme et auprès d’étudiants. Pendant plusieurs années en paroisse à l’Isle Adam-Parmain, j’ai organisé, avec l’aide de paroissiens, différents événements avec un souci constant d’évangélisation : Missions, accueil, service des plus pauvres, grandes veillées, week-end de bénédiction des maisons, des missions d’évangélisation de rue, animations à Noël en particulier avec la création du « Chemin de lumière », des week-ends de forum paroissial… Plus récemment dans ma nouvelle fonction à la Basilique d’Argenteuil, l’organisation de l’Ostention de la Sainte Tunique du Christ à laquelle d’ailleurs de nombreux scouts et guides d’Europe ont participé et servi.
Puisque l’on parle de scoutisme vous ne semblez pas particulièrement déstabilisé par votre nouvelle fonction ?
Non en effet le scoutisme a été une belle école de vie pour moi. J’ai débuté comme louveteau chez les scouts de France, puis scout, second, chef de Patrouille, assistant, chef chez les scouts unitaires de France. J’ai pris mon Départ routier le soir des JMJ en 1989 sur le parvis de la Cathédrale Saint Jacques de Compostelle avant d’entrer au séminaire. Pendant ce temps de discernement j’ai eu l’occasion de participer, avec les scouts d’Europe, au Pèlerinage de Vézelay avec les routiers, puis, par la suite, au rassemblement des guides-aînées à Paray-le-Monial. J’ai aussi été conseiller religieux de district Notre-Dame de France du Val d’Oise avec une grande joie à servir ce district et la pédagogie scoute. J’ai accompagné le feu ND du oui pendant 8 merveilleuses années. C’est une belle aventure que j’ai beaucoup appréciée.
Donc vous n’êtes pas perdu en arrivant au niveau national ?
Non du tout ! J’ai un grand amour pour la pédagogie scoute et guide que j’estime être un joyau éducatif magnifique d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Comment vous avez vécu cette décision d’être nommé cette nouvelle mission ?
Pour moi c’est une mission qui m’est donné. Ce n’est pas moi qui me suis précipité pour être nommé à cette fonction. Le Père Gordien, mon prédécesseur, m’a sollicité et présenté cette mission. De mon côté je suis pas mal occupé par ma charge de recteur de la Basilique d’Argenteuil qui est un lieu dans lequel il y a la Sainte Tunique du Christ. J’ai donc pris le temps de réfléchir avant de m’engager et j’ai attendu la permission de mon évêque. Comme je le disais je n’ai pas besoin d’être convaincu par la pédagogie scoute que j’aime bien. C’est une pédagogie que j’apprécie particulièrement parce qu’elle ne fait pas tout pour le jeune. Elle le pousse dès son plus jeune âge à la responsabilité. C’est ce qui permet de construire des humanités belles, fortes, exigeantes tout en restant humble. Elle a beaucoup compté dans ma marche vers le sacerdoce. J’ai un souvenir assez marquant de ma veillée scoute de promesse à Rocamadour. Plusieurs étapes, week-ends, pèlerinages scouts m’ont aussi beaucoup marqué étant plus jeune, et puis étant prêtre aussi parce qu’une fois que l’on est prêtre nous ne sommes pas un produit fini. Je me souviens particulièrement du Pèlerinage de Vézelay, des moments très forts, d’enthousiasme et de foi. Comme tous le monde j’ai tremblé à l’entrée de la Basilique de Vézelay, le garçon rincé par la marche et le froid qui rentrait là un peu comme on rentre au ciel. Ce sont des choses qui se vivent et qui sont belles évidemment parce qu’elles marquent la sensibilité des jeunes mais c’est beaucoup plus que cela. Ça nous parle aussi de notre avenir radical et définitif en Dieu.
On vous sent proche de la nature à travers votre passé scout ?
Je trouve que l’amour des choses simples de la nature nous pousse à lever le regard à la fois vers ses frères et sœurs et aussi à lever les yeux au-delà encore vers Dieu. Cette pédagogie simple, alors que l’on cherche souvent des choses extrêmement compliquées, me plaît beaucoup parce qu’elle sent l’évangile à plein nez.
Quel message aimeriez faire passer à toutes vos sœurs guides et frères scouts ?
D’abord j’arrive avec beaucoup d’humilité car il y avait sûrement de nombreux prêtres plus qualifiés que moi pour cette mission. Il va me falloir apprendre le « langage de la maison scouts d’Europe » et je vais avoir besoin de votre indulgence. Mon engagement et ma volonté sont d’arriver dans la joie du don de chacun à relever l’appel de Dieu. Je suis quelqu’un d’assez joyeux et j’espère être un bon serviteur de l’évangile. J’aime bien Saint Philippe Néri, dont je suis proche depuis longtemps, qui aimait agir « plus par influence que par autorité ». Je crois aussi à cette influence de l’évangile qui est un donnant-donnant. Comme dans le scoutisme, on récolte aussi ce que l’on sème. On met son honneur à mériter confiance que l’on soit petit louveteau ou grand routier, commissaire de district, commissaire national… on trouve sa joie au don, à se donner et à trouver sa joie. Je crois que s’il y a un message à faire passer c’est un message de joie ! Le monde n’est pas forcément facile, la vie des enfants, des jeunes est marqué par des crises, des déceptions, par des faux prophètes … J’ai plutôt envie d’être un messager de vie, un témoin de Jésus Christ qui lui, à partir d’un grain de moutarde, voyait le royaume de Dieu. Comme Baden-Powell le disait, « dans un jeune il y a toujours au moins 5% de bon et à partir de cela, on peut en faire 95% de bon ». C’est déjà un challenge extraordinaire ! C’est ce défi là que les guides et scouts d’Europe sont prêts à relever, je pense , et que je m’ingénierai à faciliter dans les relations que je pourrai avoir et avec l’équipe nationale pour laquelle je suis envoyé en priorité et à travers les jeunes qui sont confiés au mouvement.