Les thèmes qui parcourent le rapport McCafferty à l’occasion du 15e anniversaire de la Conférence sur la Population et le développement du Caire sont très révélateurs de l’état d’esprit qui anime majoritairement l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE). Les partisans de la contraception universelle, quoi qu’ils en disent, acceptent l’idée du contrôle de la population, pourvu qu’il s’exerce selon la dynamique des groupes, en donnant aux intéressés et surtout aux intéressées l’impression qu’ils agissent par libre choix en adhérant au programme défini par « la majorité » (ou, plutôt, Big Brother).
La résolution adoptée par l’APCE vise à rendre le planning familial mieux accessible aux 137 millions de femmes qui n’en bénéficient pas, étant entendu qu’il s’agit de contraception chimique ou de moyens contraceptifs mécaniques (pilules, « vaccins », dispositifs intra-utérins, etc.) et que l’accès à l’avortement « sûr » et légal n’est pas exclu. (Voir l’article 3 évoqué dans le post précédent.)
Ces visées s’inscrivent dans un tout qui n’est certes pas systématiquement critiquable : il s’agit par exemple d’éviter les 500.000 morts consécutives aux complications de la grossesse et de l’accouchement que l’on enregistre chaque année à 99 % dans les pays pauvres, de venir en aide aux victimes des MST, particulièrement les femmes exposées au risque de contamination par leur partenaire volage, de mettre fin à l’excision ou encore de mettre en place davantage de programmes pour soigner les femmes victimes de fistules qui sont souvent rejetées des communautés pauvres si elles souffrent de cette affection humiliante.
On passe donc pour un sans cœur si l’on ose rejeter un texte aux objectifs aussi louables : c’est l’une des habiletés des promoteurs de programmes contraires à la loi naturelle que de les truffer d’excellentes intentions…
Contre-vérités
Parmi les contre-vérités qui sont revenues aussi bien dans le rapport qu’au fil des débats de vendredi matin il en est deux qu’il faut toujours avoir à l’esprit :
1. Les pays où l’avortement est interdit sont ceux où la mortalité maternelle est la plus forte en raison du recours aux avortements illégaux pratiqués dans des conditions déplorables ;
2. Si l’on veut faire diminuer le nombre d’avortements, objectif affiché du rapport Mc Cafferty, il faut rendre la contraception mieux accessible et même s’il le faut gratuite, tout en multipliant les efforts « d’éducation » des femmes dès l’école primaire.
Les opposants au rapport ont clairement rejeté ces fausses assertions en rappelant que l’Irlande est le pays au monde qui connaît le moins de morts maternelles alors que l’avortement n’y est pas légal. Ils auraient pu ajouter que la France est l’un des pays où le recours effectif à la contraception est quasiment au plus haut et où « l’éducation sexuelle », notamment au collège, est des plus explicites. Et pourtant le nombre des avortements demeure lui aussi très haut, à plus de 220.000 « IVG » par an.
Sans compter, bien sûr, les innombrables avortements très précoces provoqués par les diverses « contraceptions d’urgence », la pilule contraceptive surtout lorsqu’elle est microdosée, le stérilet… Cette question n’a pas été soulevée au fil des amendements de Luca Volonté, Ronan Mullen et d’autres mais elle est réelle.
Mais ceux-ci ont fait leur maximum pour que la résolution ne se focalise plus sur la « santé et les droits reproductifs » mais affirme la nécessité de promouvoir l’accès aux soins de base qui font si souvent défaut, notamment aux mères et à leurs jeunes enfants. En mettent l’accent sur cela, et sur la nécessité de tenir compte d’abord des familles, c’est en effet toute l’économie du texte qui aurait été corrigée et pour cette raison, ses promoteurs n’ont pas voulu de ces amendements. Le but est bien de subordonner toute aide internationale à la mise en place de programmes de « santé sexuelle et reproductive » et de les affirmer comme des droits, surtout dans les pays dont la culture et les traditions sont favorables avant tout à la famille et à ses droits en matière d’éducation.
L’idée d’insister sur l’ensemble des besoins sanitaires des populations européennes et des pays aidés par l’Europe a donc été rejetée – alors qu’en même temps on adoptait une mesure aussi générale que la recommandation de « garantir l’intégration réussie des migrants et de leurs familles et de développer des politiques d’intégration afin de donner aux migrants toute possibilité de participer et de contribuer à la vie de leur pays d’accueil ».
Quel rapport avec le but affiché de la résolution – parvenir à ce que l’accès aux services de santé reproductives soient assuré de manière universelle d’ici à 2015, comme le veut l’Objectif du millénaire numéro 5 qui vient d’être fixé par l’ONU ? Je vous le demande. Preuve que le but poursuivi n’est pas tellement le bien des femmes et des familles mais le contrôle de la population et les substitutions de population.