Jean-Pierre Maugendre soulève le sujet complexe de l’obéissance dans l’Eglise… L’histoire récente de l’Eglise nous montre qu’il faut la considérer sous plusieurs angles et qu’il ne peut y avoir une réponse unique. Nous vous invitons à lire l’ensemble de cette riche réflexion sur le site de Renaissance Catholique, sujet qui nous semble toujours intéressant à aborder.
De légitimes résistances à l’autorité défaillante
La résistance aux directives des autorités légitimes, qui ne servent pas la transmission ou la sauvegarde du dépôt de la foi, n’est jamais une révolte inspirée du libre examen protestant. Elle est une soumission réfléchie, intelligente et ferme au donné révélé dont l’autorité légitime est la gardienne et la servante, non la maîtresse. Le Christ lui-même le proclame : « La parole que vous entendez n’est pas de moi mais du Père qui m’a envoyé » (Jn XIV, 24).Dans les années 1970, c’est à une véritable révolution doctrinale, liturgique et disciplinaire qu’assistèrent, incrédules, les laïcs du bout du banc, avant de massivement le déserter. Par voie d’autorité, les catéchismes traditionnels furent interdits au profit de parcours catéchétiques souvent hétérodoxes, toujours indigents. En 1983, le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans deux conférences prononcées l’une à Lyon, l’autre à Paris, dénonça « la tendance actuelle de subordonner la vérité à la praxis » qui aboutit à « un anthropocentrisme radical ». Il rappela « les quatre composantes classiques » de tout catéchisme : « Ce que le chrétien doit croire (Symbole), espérer (Notre Père), faire (Décalogue) et dans quel espace vital il doit l’accomplir (Sacrements et Église) ». Cela, alors que se multipliaient les parcours catéchétiques niant la Résurrection du Christ, son Ascension corporelle dans les cieux, la virginité perpétuelle de Marie, la réalité sacrificielle de la messe, etc. Ainsi, pendant des années, il fut enseigné comme définition de la messe dans le Nouveau missel des dimanches (bénéficiant du Nihil obstat et de l’Imprimatur épiscopal) : « Il s’agit simplement de faire mémoire de l’unique sacrifice déjà accompli ». Il ne s’agit plus là de la définition d’une messe catholique mais de celle d’une cène protestante. Il est un fait que la réforme liturgique a été imposée de manière particulièrement brutale. En quelques mois, l’usage du Nouvel Ordo devient obligatoire, prêtres et laïcs durent renoncer à ce qui était la trame de leur vie depuis des décennies. Des prêtres en moururent de chagrin, déchirés entre les exigences de la foi et celles de l’obéissance. Les plus chanceux obtinrent de leur curé ou de leur supérieur l’autorisation de célébrer la messe de leur ordination, sine populo, à 5 h du matin dans des cryptes glaciales. L’usage du latin fut supprimé, les autels retournés, la communion distribuée dans la main, la présence réelle reléguée, au mieux, dans une chapelle latérale, les absolutions collectives remplacèrent la confession auriculaire, etc. Les changements liturgiques apparurent à beaucoup comme la manifestation la plus visible d’un changement de religion. Les témoignages, sur ce sujet, des convertis du protestantisme sont implacables : « Je suis bien placé pour flairer la chose, le tour de passe-passe qui s’opère pour faire glisser la messe romaine sur le plan luthérien de manière que le fidèle peu éclairé et peu averti ne s’aperçoive pas de la subtilité. Mais vous savez que la caque sent toujours le hareng et, quand je vois à la télévision une église où se dit ce genre de messe, le hareng reconnaît la caque ». (Julien Green, Lettre au Père Dodin, 31 mars 1974).
Les résultats sont là, observables par tous après un demi siècle d’obéissance aux directives épiscopales : un effondrement brutal de la pratique religieuse, une ignorance abyssale générale des vérités de la foi, une banalisation des relations sexuelles hors mariage même parmi les élèves des « meilleurs » lycées dits catholiques. Là contre, quelques familles, quelques prêtres ont posé un acte héroïque de résistance apparente qui était en réalité un acte d’obéissance à l’enseignement de l’Église, à sa doctrine et à sa liturgie. Ils ont conservé l’usage du catéchisme traditionnel et de la messe codifiée par saint Pie V. Mgr Lefebvre a été le point de cristallisation de ce malaise. Qui niera cependant la fécondité de cette résistance auxquelles les communautés Ecclesia Dei doivent leur reconnaissance canonique, l’Église la libération de la célébration de la messe selon la forme extraordinaire du rite romain, sans oublier le labeur apostolique, mené depuis cinquante années, par les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X, plus de 600 à ce jour. Notons enfin, que les réformes conciliaires se heurtèrent au « sensus fidei » du peuple chrétien dont un document de la Commission théologique internationale de juin 2014 vient de rappeler qu’il est l’instinct surnaturel que les fidèles ont pour la vérité de l’Évangile. Guillaume Cuchet, dans son ouvrage Comment notre monde a cessé d’être chrétien, observe que « les milieux progressistes au sein du catholicisme ont souvent eu des taux de transmission de la foi plus faibles que leurs homologues conservateurs ». Ces familles constituent le cœur de ce qu’un récent numéro de Famille Chrétienne appelait « la famille tridentine », observant à la fois leur vitalité missionnaire, dont témoigne le pèlerinage de Pentecôte, et leur fécondité en terme de vocations sacerdotales et religieuses.
Ce texte va sans doute faire couler beaucoup d’encre…
Mauvais raisonnement(s) et conclusion inepte: on nous dit que c’est affaire de salut – ‘salus animarum…’ contre le titre de l’article qui parle d’obéissance – et qui plus est dans l’Eglise… Alors, ne devrait-il pas être question de la vertu de religion ?
Sur ce sujet central et largement débattu depuis des dizaines d’années, le texte est très faible de nous dire: ne nous changez rien, laissez-nous faire l’expérience de la Tradition.
ce texte me parait un résumé de ce qui se passe aujourd’hui dans l’église conciliaire, des abus en tout genre avec sacrilèges à la clé: et voici quelques exemple dans notre diocèse grand fournisseur de prêtres et de missionnaires dans les années 1900 jusqu’à 1970: plus personne au séminaire, l’évêque qui avant d’être évêque professait que la présence réelle n’existait que pendant la messe et qui aujourd’hui se permet de dire qu’une église n’est consacrée que lorsque les fidèles sont à l’intérieur, n’ordonne que des hindous et il faut voir le genre de cérémonies! plus de prêtres pour les enterrements,(sauf pour les politicards qui ne mettent jamais les pieds à l’église ,ou les syndicalistes ou parfois même les FM par contre les personnes pieuses bien pratiquantes n’ont droit à rien) remarquez les laïcs prêchent, bénissent et encensent à qui mieux mieux, et on applaudit même pendant ces enterrements à la marlon-branzo. Lors d’une première communion à des enfants qui ne vont jamais à la messe, mais on leur fait faire la première communion( puis on leur fera faire la communion solennelle , ça fait bien dans les statistiques!) une dame qui va prendre l’hostie dans la main en prend un morceau et dit à son bambin de 5 ans de goûter! ce même jour à cette cérémonie, un pagaïe pas possible et un curé incapable de faire régner l’ordre. et on pourrait continuer la liste, cela fait bien longtemps que je n’accepte plus d’aller à ce genre de simulacres et j’ose espérer que dans d’autres diocèses ils sont plus vernis de ce côté-là . En tout cas la suppression de la confession personnelle, la communion sur la main et de dire en permanence que tout le monde ira au ciel,(une autre hérésie contre l’enseignement de l’Evangile + toutes les autres) a vidé les églises et les prêtres au lieu de passer le plus beau de leur temps en réunion ferait mieux de s’occuper de leur fidèles et montrer qu’ils sont prêtres: au minimum le clergyman!
Le sujet reste à aborder car nous ne sommes plus dans un pontificat reçu du Christ et des Apôtres mais dans un pontificat selon la théologie du peuple. Le pape est un chef d’orchestre qui laisse chacun jouer sa partition au propre et au figuré …au nom d’une unité multifacettes.
On ne peut, me semble-t-il, omettre cette situation qui culmine dans la théologie de la rencontre.
Pour être franc :
– je préfère ce que dit R. de Mattei à propos de l’obéissance des fidèles, face à des “gens d’Eglise” défaillants, surtout s’il y a parmi eux le pape et les cardinaux. L’éminent professeur – et personnalité politique aussi – a fait plusieurs conférences sur ce thème fin 2015, lors de “l’affaire Laetitia Amoris” et tout dernièrement lors de la “marche pour la vie” organisée à Rome en mai dernier (on pourrait recommander RC d’en faire communication sur son site, après traduction, bien sûr : je peux même la réaliser, gratuitement, avec l’accord de l’auteur si possible).
Roberto de Mattei évoque “le principe de nécessité” qui doit conduire les fidèles étant EUX AUSSI comme on le sait une source du magistère de l’Eglise (au travers du “sensus fidei”), à vivifier ce magistère par des paroles et par des actes surtout à un moment où les pasteurs se montrent défaillants sur ce point ;
– ce n’est pas la peine de chercher midi à quatorze heures : le concile Vatican II a produit de mauvais fruits. La plupart de ses textes, surtout s’ils sont “pastoraux”, doivent être invalidés parce qu’ils sont à la source de toutes les dérives que cite opportunément M. Maugendre.
Il faut reprendre le fil des conciles précédents et ne plus “absolutiser” Vatican II. Car après tout, et sur le fondement de “lex orandi, lex credendi”, si la liturgie a été aussi malmenée, comme jamais peut-être (aux historiens de le vérifier), c’est parce que le concile Vatican II, après tout, par des textes non magistériels (avec infaillibilité à clef, doit-on préciser), et par des omissions VOULUES, l’a voulu ainsi. C’est ce qu’a fini par comprendre Mgr Lefebvre, celui qui eu le plus de courage me semble-t-il, pour ouvrir les yeux sur ce phénomène et pour sauver ce qui pouvait être sauvé de cette source de vérité qu’est la liturgie (M. Mosebach, partie prenante du mouvement “Summorum Pontificum” dit la même chose lorsqu’il évoque le thème de la liturgie dans ses conférences ou ses essais).
Mais, voyez-vous, ce n’est pas Mgr Lefebvre qui sera canonisé très prochainement, mais Paul VI qui l’a persécuté : voilà la perversité de Vatican II. Pourquoi M. Maugendre ne le dit-il pas tout bonnement ?
Je me souviens du titre d’une brochure du P. Vinson qui dit tout ce qu’il faut dire : “Quand l’obéissance est un péché”.
Il faudrait aussi que le “peuple Summorum Pontificum”, en France en particulier (pas chez les Transalpins et les Etats-Uniens : c’est différent) “se bouge un peu” (muoversi) et ait un peu plus le sens de la charité en actes pour faire savoir que, lui aussi, participe à la fonction magistérielle de l’Eglise, notamment au travers de la liturgie. Car comme dirait un auteur dont je tairai le nom : “On ne mendie pas un juste droit, on se bat pour lui”.