Homélie de Mgr Michel Aupetit le jour de Pâques à Notre-Dame de Paris :
Pouvez-vous me dire quand la peine de mort a t-elle été abolie ? Eh bien, c’est le Jour de Pâques ! Je ne parle pas de la condamnation à mort d’un criminel. Non, je parle de ma mort, de votre mort à vous, cette « maudite question éternelle » comme l’écrivait Dostoïevski, cette mort qui traverse l’histoire et la conscience des hommes depuis la préhistoire où l’on enterrait les morts avec des aliments jusqu’aux inhumations contemporaines en passant par les pyramides qui ne sont que d’immenses tombeaux.
Cette nuit de Pâques, la mort a été abolie. Le Christ est ressuscité ! C’est cette Bonne Nouvelle qui a été confiée aux apôtres et dont nous sommes dépositaires. Au fond, peu nous importe que Jésus ait vécu il y a 2000 ans. Ce n’est pas cela qui fait de nous des chrétiens. Si nous sommes chrétiens, c’est parce que nous croyons que Jésus est vivant. C’est d’ailleurs ainsi que le gouverneur Festus explique au roi Agrippa le litige entre saint Paul et les juifs du sanhédrin : « Ils avaient seulement avec lui je ne sais quelles contestations sur leur religion touchant un certain Jésus, qui est mort et que Paul affirme être en vie ».
Cette résurrection est marquée par trois étapes :
Le tombeau vide : c’est l’évidence : s’il n’était pas vide le Christ ne serait pas ressuscité. Si le corps avait été enlevé, les linges ne seraient plus là (ou en désordre).
Jésus apparaît : il se laisse toucher, ce n’est donc pas un fantôme. Il mange et boit avec ses disciples.
C’est bien lui mais il est différent : il appartient, bien que corporel à un autre ordre de réalité. Il y a à la fois identité et altérité. Son corps n’est plus lié aux lois de l’espace et du temps. Il est le même et il est nouveau.
Avec son corps, son propre corps, l’homme Jésus appartient totalement à la sphère du divin et de l’éternel. Cette re-connaissance est une façon de connaître de manière nouvelle. Le Christ ressuscité nous rejoint dans ce que nous sommes profondément. Marie Madeleine le reconnaît quand il prononce son nom. Les apôtres, quand il les rejoint au Cénacle. Thomas, quand il le touche. Les disciples d’Emmaüs, quand il leur explique l’Ecriture et rompt le pain. Paul, dans un jaillissement de lumière nécessaire à cet homme aveuglé. Et le disciple bien-aimé se contentera des éléments de la foi : « il vit et il crut ».
Et pour vous ? Où le Christ Ressuscité peut-il vous rejoindre ?