De Mgr Thierry Brac de la Perrière, évêque de Nevers
« Quel monde voulons-nous pour demain ? » C’est le titre donné à la consultation citoyenne en vue de la révision de la loi de bioéthique. Oui, quel monde ? Un monde dans lequel on fait tout ce que la science permet ? Un monde dans lequel on coupe le lien entre la mère et son enfant (gestation pour autrui) ? Dans lequel on prive délibérément un enfant d’un père (procréation médicalement assistée pour des couples d’homosexuelles) ? Dans lequel on cherche l’enfant sans défaut (diagnostic périmplantatoire) ? Dans lequel on considère l’embryon humain comme un amas de cellules et non comme un être humain (destruction d’embryons, production d’embryons pour la recherche) ? Dans lequel on peut provoquer délibérément la mort de quelqu’un (suicide assisté) ? Dans lequel l’homme est robotisé (recherches sur le transhumanisme) ? Ce n’est pas le monde de demain, mais déjà celui d’aujourd’hui, même si tout n’est pas encore autorisé en France. Mais le « progrès » est en marche. Un progrès non pas pour l’homme mais contre l’homme.
La question qui se pose est radicale et il est essentiel d’y répondre : qu’est-ce qu’un être humain ? Le récit biblique de la création a beau faire l’objet de commentaires ironiques de la part d’esprits qui se disent scientifiques, il comporte un enseignement et une sagesse que l’on ferait bien de méditer. Que dit-il ? Que l’être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est un être essentiellement en relation : avec son créateur, avec le monde, et tout spécialement avec ses semblables. En particulier ce semblable qui lui est différent et complémentaire : la femme pour l’homme et l’homme pour la femme. Il y a dans l’amour humain et spécialement dans la relation homme-femme le plus grand défi humain. Ce qui nous est dit, c’est que dans l’acte créateur, Dieu a mis dans le cœur de l’homme et de la femme une capacité d’union de tout l’être, qui englobe mais dépasse infiniment la rencontre des corps. Or le péché transforme la relation d’amour, de reconnaissance mutuelle, en rapports de force. On le voit bien à travers le combat d’aujourd’hui pour la reconnaissance des violences faites aux femmes et de l’égalité fondamentale entre les hommes et les femmes. Alors quel monde voulons-nous pour demain : un monde où l’on rivalise sans cesse les uns vis-à-vis des autres, où l’on se méfie toujours les uns des autres, où l’on souffre sans cesse d’un manque de reconnaissance de la part des autres, ou bien un monde où l’on apprend sans cesse à se rencontrer, se reconnaître et s’aimer dans les différences, où l’on s’efforce de bâtir une société où les plus faibles soient protégés et prennent leur place ?
Ce temps du carême nous apprend le chemin de notre réhumanisation : nous dépouiller de notre moi pour laisser la place à l’autre, notre semblable, et à Dieu, le Tout-Autre, dont nous portons l’image.
Texte magnifique, rigoureux, lucide, plein de foi, tout y est dit : merci Monseigneur. Prions pour que tous les évêques de France, sans exception, souscrivent publiquement à ce texte.
beau texte à publier dans les églises et les rassemblements avec des jeunes, Merci Monseigneur …
Dixit : Mais le « progrès » est en marche. Un progrès non pas pour l’homme mais contre l’homme.
La vérité est en marche + + +