Six prêtres appartenant à la Congrégation des chanoines réguliers de Saint-Victor étaient réunis dimanche, autour de leur prieur le père Sébastien Revirand, pour voir la nouvelle maison bénie et inaugurée par l’évêque Mgr Philippe Mousset. L’ancien évêque, Mgr Michel Mouïsse, à l’origine de la réalisation de la maison, le sénateur Claude Bérit-Debat, l’adjoint au maire Dominique Bourgoin et le maire de Saint-Astier Élisabeth Marty, étaient également présents, aux côtés des deux architectes et de plus de 200 personnes.
Les religieux, qui ont bâti l’abbaye au XIIe siècle, suivaient la règle de Saint-Augustin. Ils ont formé la Congrégation des chanoines réguliers de Chancelade qui a duré jusqu’à la Révolution. Alain de Solminihac fut pour eux un abbé éminent. Il a été béatifié par le pape Jean-Paul II en 1981 et c’est à partir de ce moment que Mgr Patria, évêque de Périgueux, a invité les chanoines à s’installer définitivement en Périgord. Aujourd’hui, la communauté sert deux paroisses centrées à Saint-Astier et Chancelade, couvre 29 communes pour environ 40 000 habitants.
Dès le XIIIe siècle, l’ordre de St Victor compte une quarantaine de maisons (France, Angleterre, Italie, Danemark) se réunissant chaque année en chapitre général. La tourmente révolutionnaire dispersera ses membres. Le charisme victorin devait demeurer vivant jusqu’à nous grâce aux chanoinesses régulières de Saint-Victor, qui le perpétuent depuis le XIIIe siècle. Conscients qu’il y avait chez les victorins une intuition fondamentale qui pouvait répondre aux besoins de l’Eglise de notre temps, trois chanoines de l’abbaye Saint-Maurice d’Agaune (Suisse) viennent en France en 1968 afin de redonner vie, au sein de la confédération canoniale, à l’héritage spirituel de Saint-Victor. Cela se fait d’abord dans une agrégation de la branche restituée des chanoines réguliers de Windesheim, puis, à partir de 1992, de façon autonome.
Accueillis par l’évêque de Viviers, les fondateurs s’installent auprès de l’église Saint-Pierre, à Champagne -sur –Rhône, au nord de l’Ardèche, dans ce couloir rhodanien, entre Vienne et Valence, qui a été lié au long des temps à l’histoire des chanoines réguliers. Les évêques des églises locales confient à la jeune communauté des ministères d’enseignement, de prédication et de prises en charge de paroisses autour du monastère. Il faut répondre aussi aux demandes de jeunes gens désireux de se joindre au premier groupe. Pour cela les chanoines se faisant bâtisseurs, la communauté assure, dans la pauvreté, en partie de ses mains, la construction des bâtiments nécessaires à l’accueil des nouveaux arrivants et des groupes cherchant son hospitalité spirituelle.
En 1976 le prieuré est élevé au rang d’abbaye et son premier prieur désigné en la personne du P. Maurice Bitz, qui devient aussi l’abbé général de la congrégation. Le nombre de confrères croissant (près de 70 en 1997) l’abbaye peut répondre aux appels d’évêques soucieux d’établir dans leurs diocèses des centres vivants de vie fraternelle proche des fidèles, rayonnants dans la liturgie, l’accueil, l’enseignement et le ministère sacerdotal. Tandis que la maison-mère de Champagne assure la formation des jeunes, plusieurs fondations émanent de l’abbaye. En 2006 les Chanoines sont présents au Prieuré Saint-Augustin à Bourg-lès-Valence, au Prieuré Saint-Astier Chancelade, au Prieuré Marie-Médiatrice à Montbron.
En 1988, la congrégation a la joie de voir l’un des siens, Mgr Henri Brincard, choisi pour la charge épiscopale. Le 29 novembre 2009, Mgr Luc Ravel est consacré évêque.