Mgr Pierre-Antoine Bozo quitte le diocèse de Séez. Le 3 septembre, il sera ordonné évêque de Limoges. Il répond à L’Orne Hebdo :
Être nommé évêque : une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
« C’est un Normand qui est nommé évêque, sa réponse est normande. La bonne nouvelle, c’est la confiance que l’Église me fait, la joie d’entrer dans la succession des apôtres, de découvrir une nouvelle Église diocésaine, c’est enthousiasmant ! La moins bonne, c’est de quitter cette belle région où j’ai mes racines et le diocèse de Séez au sein duquel j’ai été ordonné prêtre voici 22 ans et où j’ai tant reçu, tant vécu de belles choses… Mais c’est assez biblique, finalement, à la suite d’Abraham, de quitter son pays pour aller vers un autre que le Seigneur nous indique ».
Quel regard portez-vous sur les années passées depuis votre ordination comme prêtre ?
« Un regard de profonde reconnaissance envers Dieu qui m’a appelé et envers l’Église qui m’a fait confiance. J’ai eu la chance d’avoir un ministère très varié, surtout en direction des jeunes durant les… 20 premières années (à Alençon comme vicaire chargé des jeunes et à Caen, comme aumônier des étudiants et formateur au séminaire), mais aussi dans la vie paroissiale que j’aime beaucoup et, plus récemment, au service de la dimension plus institutionnelle, comme vicaire général, aux côtés de Mgr Habert. Tout cela a été très riche, très varié, très formateur ».
Un souvenir particulier de ces années ?
« Mon premier « changement d’évêque » au moment du départ de Mgr Dubigeon, qui était comme un père pour moi : il m’a fallu m’habituer à un autre père… Mais aussi dans l’exercice de ma mission, entre mille autres souvenirs merveilleux, la joie d’avoir célébré le mariage si touchant de deux jeunes porteurs d’un handicap mental ».
Parmi les 10 Commandements, celui que vous préférez ?
« Le premier : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces, parce qu’il est un commandement positif. Et, comme dit Jésus, le deuxième, qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Sainte Thérèse : que représente-t-elle pour vous ?
« Une amie que je n’ai jamais rencontrée, mais que j’ai l’impression de connaître et dont je sais qu’elle s’occupe de moi, là-haut (elle a promis de prier pour les prêtres, du Ciel. Ça inclut les évêques, j’en suis certain, même si elle ne l’a pas précisé) ».
Si vous croisiez le PAB qui avait 18 ans, que lui diriez-vous ?
« Le PAB qui avait 18 ans, n’avait pas encore découvert l’immensité de l’amour de Jésus-Christ et combien il transforme la vie. Je lui dirais donc : cherche le Christ, tu trouveras tout ! ».
Prêtre, évêque… demain cardinal ?
« La seule chose que j’ai choisie, c’est d’entrer au séminaire et de demander à devenir prêtre. Pour tout le reste, je n’ai rien demandé, j’ai essayé d’être disponible à ce que demandait l’Église par la voix de mon évêque, et cette fois, du Pape. C’est très libérant de ne pas choisir sa mission et en tout cas, ça dissuade de tout plan de carrière ! De toute façon, la vraie hiérarchie dans l’Église est celle de la sainteté, de la charité, tout le reste est de l’ordre des moyens, qui passent… ».
Vous changez donc de vie…
« Le changement consistera en un déménagement au plan pratique et donc à quitter ce diocèse, cette région où j’ai mes racines. Mais plus profondément, en devenant évêque, on devient successeur des Apôtres, associé à la mission confiée par Jésus aux Douze. Ça « configure » plus étroitement à Jésus-Christ. Je le reçois comme un appel plus radical, plus urgent à devenir, à la suite du Christ, pauvre, chaste et obéissant. L’avantage, c’est que c’est plus exigeant. L’inconvénient, c’est que… c’est plus exigeant ».