C’est un séisme, et il semble que La Croix en soit désespéré :
“après le séisme du Brexit, l’élection de Donald Trump aux États-Unis et les attentats qui se succèdent aux quatre coins du monde, « les gens sont à cran, déboussolés, voire tétanisés dans la société, relève un autre évêque. Ils le sont aussi dans l’Église, il n’y a pas de raison qu’on y échappe ». « La société a manifesté son unité après les attentats, mais on sent aussi que cette unité est fragile », complète Mgr de Moulins-Beaufort. L’enlisement de la campagne électorale dans les sables des « affaires » a achevé de déboussoler les électeurs. En particulier, souligne un autre évêque, ceux qui soutenaient François Fillon, « surtout compte tenu des positions que le candidat LR avait prises, se présentant explicitement comme chrétien et s’appuyant sur les réseaux de Sens commun… »« Pour en avoir parlé avec les évêques de ma province, la campagne prend un tel tour que nous sommes, nous aussi, un peu perdus », reconnaît un évêque qui voit surtout autour de lui « beaucoup d’indécis » et redoute, en prenant la parole, « d’ajouter à la cacophonie généralisée ».
Entre évêques, même de bords opposés, le sujet n’est plus tabou, jurent plusieurs d’entre eux, en citant l’invitation de Marion Maréchal-Le Pen, il y a deux ans, à l’université d’été du diocèse de Fréjus-Toulon et dont ils ont pu discuter lors de l’assemblée suivante. « Le mot “débat” est un peu fort, je parlerais plutôt de “juxtaposition d’avis différents”, souligne l’un d’eux en forme de litote. Mais au moins, tout le monde s’exprime ». Aussitôt, un de ses confrères nuance, qualifiant les échanges de « pudiques ».
Une question grave pourrait troubler cette ambiance policée : que faire si Marine Le Pen est au deuxième tour ? Une question piège, parce qu’ils divergent entre eux – « Certains d’entre nous pourraient voter pour elle », convient un des participants – et parce que la réponse n’a rien d’évident. « Je me rends bien compte que si je dis quelque chose trop nettement à mes fidèles, en pensant apaiser les choses, en réalité je les ravive », avoue un évêque de l’ancienne génération.
En 2002, la Conférence des évêques n’avait pas pris position en tant que telle, parce que « nous étions sûrs qu’elle ne serait pas élue », rappelle ce dernier. « Mais ce n’est plus impossible cette fois. Qu’est-ce qu’on fait ? » La question est sur toutes les lèvres.”
Peut-etre faudrait-il faire l’effort de la rencontrer, selon la culture du dialogue souvent mise en avant par ce même épiscopat ?